La Côte d’Ivoire fait l’objet d’attaques terroristes depuis un certain temps. Pour le Journaliste Ferro Bailly, « les terroristes ont manifestement infiltré le pays, qu’il maîtrise, à travers notamment l’orpaillage illégal (…) »
Les forces de défense ont réussi à repousser les assaillants à Tougbo. S’agit-il d’une victoire militaire ou d’un repli tactique des assaillants après avoir fait des victimes? Plusieurs opérations terroristes ont été déjouées, et nos forces de défense et de sécurité, chaque fois surprises, parviennent rapidement à reprendre le dessus dans les attaques en provenance du Mali et du Burkina Faso.
C’est un bon point qui met, pour le moment, le pays à l’abri des drames humains comme au Burkina où l’on vient de dénombrer plus de cent morts au nord du territoire. Mais les 1.116 kilomètres, qui séparent la Côte d’Ivoire de ces deux pays de l’hinterland, restent un véritable danger. Elles sont toujours poreuses et abritent, dans des no man’ lands, des groupes djihadistes qui lancent, dans des opérations coups de poing, des attaques.
Après la cité balnéaire de Grand-Bassam, le 13 mars 2016, où une stèle a été dressée en hommage aux 19 victimes, les assaillants, certainement contrariés, se sont réorganisés avant de relancer la machine destructrice: le camp mixte (gendarmes, policiers, douaniers) de Kafolo (département de Kong dans la région du Tchologo), dans la nuit du 10 au 11 juin 2020 (14 morts) et le 21 mars 2021 (2 morts), le poste de gendarmerie de Kolobougou (département de Téhini dans la région du Bounkani), le 29 mars 2021 (1 mort), et la localité de Tougbo (département de Bouna), dans la nuit du 7 au 8 juin de la même année (1 mort). Du sud au nord et au nord-est, c’est donc le jeu du chat et de la souris dans des zones prétendues sous contrôle. Les militaires ivoiriens et burkinabè ont, en effet, conduit l’opération « Comoé », en mai 2020 pour aseptiser la zone de Kafolo.
De son côté, l’état-major des armées ivoirien, avec un renfort de 300 soldats, a mené l’opération « Frontière étanche » pour protéger la Côte d’Ivoire de la contagion terroriste. Mais le harcèlement des troupes, dans des attaques d’opportunité, continue et se déroule de manière aléatoire.
Car personne ne peut prévoir la prochaine cible des assaillants. Deux significations. D’une part, les terroristes disposent d’un réseau d’informateurs et d’une capacité suffisante pour mener, où ils veulent, des raids. D’autre part, ils ont manifestement infiltré le pays, qu’il maîtrise, à travers notamment l’orpaillage illégal et ses hommes armés que des défenseurs du pouvoir, rejoignant sur le tard Bédié, se surprennent aujourd’hui à dénoncer.
C’est pourquoi si le bilan, bien que lourd, continue d’être revu à la baisse au fil des attaques « côté amis », pour reprendre la terminologie militaire, « côté ennemis », les assaillants ne comptent plus de mort. De plus en plus aguerris, ils profitent de l’effet de surprise et de la guerre asymétrique pour s’évanouir dans la nature et se fondre dans la population. Et le pays est ainsi dans l’œil du cyclone.