Théophile Kouamouo fait une analyse l’interview de Gbagbo sur TV5MONDE et son rôle dans la formation du CNT en Côte d’Ivoire.
– Réécoutez svp l’interview de Gbagbo sur TV5MONDE. Il avait deux messages.
Un : je suis solidaire de l’opposition.
Deux : MAIS je suis pour une sortie de crise par la négociation.
– Gbagbo est aujourd’hui plus préoccupé par la marque qu’il laissera dans l’Histoire que par l’exercice du pouvoir. Et – sa récente interview en témoigne – il se voit comme le porteur des tables de la loi. Un apôtre du légalisme donc, de la sortie des crises par le moyen du respect des lois. D’ailleurs, c’est un peu sur cette ligne que certains GOR se tenaient quand il s’agissait de justifier leur soutien à « Ali du Haut Ogooué » contre le « CNT » de l’époque incarné par Jean Ping.
Eux, ils disaient ça comme ça mais lui il est dans son sérieux. C’est pour cela qu’il ne s’est pas associé (et qu’il ne s’associera pas) au CNT, qui n’a d’ailleurs pris le nom de l’organe anti-Kadhafi pour rien. – Gbagbo est donc pour la désobéissance civile, mais contre la mise en place d’un organe exécutif parallèle, sans fondement légal.
Si le CNT c’est juste un nom joli pour faire « en RHDP » ou « en G7 », oui. Mais s’il faut constituer un gouvernement comme Ouattara au Golf, non.- Dans ce contexte, la seule solution qui me semble envisageable avec Gbagbo dedans, c’est l’élaboration d’un rapport de force par la rue, puis la mise en place d’un accord international s’appuyant sur les possibilités offertes par la Constitution ivoirienne, en vue de la mise en place d’un exécutif de transition qui remettra à plat les choses en Côte d’Ivoire.
– Du coup, il lui faut des appuis au sein de la communauté internationale. C’est pour cela qu’il a besoin aujourd’hui de Tidjane Thiam, qui a les réseaux nécessaires pour un tel programme.- Relisez bien le communiqué des Etats-Unis et des observateurs internationaux. Ils disent en gros que Ouattara ne sort pas de ce scrutin avec une légitimité complète. Si Africa Intelligence dit vrai, c’est cette solution, ce « Marcoussis à l’envers », que Macron veut imposer à Ouattara.- Ce que j’en pense ? Je pense que pour que Ouattara cède, il faut que le rapport de force soit tel qu’il n’ait plus le choix.
Le meilleur rapport de forces, c’est un rapport de force interne à la Burkina Faso. Le peuple, la classe politique et l’armée envoient le dictateur à la retraite. Ce type de rapport de forces interne permet de maintenir la souveraineté populaire et déplaît à la « communauté internationale ».
Mais je ne sais pas si dans la Côte d’Ivoire de 2020, l’opposition (ou le CNT) peut obtenir ce rapport de force. Dans le cas contraire, une voix médiane permettrait d’éviter plus de pertes en vies humaines.