Suite aux contre-vérités du RHDP, aux arrestations perpétrées dans les rangs de l’opposition, Pr Guikahué, secrétaire exécutif en chef du PDCI-RDA, a réagi, hier dans cet entretien.
Monsieur le secrétaire exécutif en chef, dimanche dernier, toute l’opposition s’est réunie autour du président Henri Konan Bédié, à la Maison du PDCI à Cocody. Le mot d’ordre a été la désobéissance civile. Où en êtes-vous aujourd’hui avec ce mot d’ordre?
Le mot d’ordre qui a été lancé consiste à mener des activités constitutionnelles pacifiques pour faire aboutir nos revendications. Donc, la désobéissance civile, c’est des actions multiples et ensuite, le calendrier, nous appartient. Nous sommes en train de regarder. D’ailleurs, ce week-end, nous commençons par des meetings à Abidjan, dans trois zones. Nous avons des meetings éclatés à Port-Bouet pour le sud d’Abidjan, à Cocody, précisément à Anono pour le Nord Est et puis à Abobodoumé dans la commune d’Attécoubé pour le nord-ouest. Ce sont des meetings où nous allons mieux expliquer à nos militants le concept de désobéissance civile parce que ça semble être nouveau pour certains. Donc, les choses se passent très bien.
Contrairement au dire de certaines personnes qui estiment que ça fait long feu, les choses se préparent, donc ?
On a donné le mot d’ordre, on est préparé, nous sommes en train de regarder. Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas la peine d’être pressé, les uns et les autres. Le calendrier nous appartient. C’est nous qui avons dit qu’on va faire la désobéissance civile. Donc nous avons notre calendrier. On la fera quand on va sentir que c’est nécessaire.
Espérez-vous encore un retour en arrière du pouvoir ?
Dans tous les cas, nous, nous sommes ouverts pour le dialogue. Il reste 40 jours pour aller aux élections. Il y a encore du temps pour régler les problèmes. Nos problèmes sont simples. La Cour africaine des droits de l’homme a donné deux ordonnances à exécuter. Elles sont simples. Intégrer les nouvelles personnes choisies par l’opposition elle-même dans la commission centrale de la Cei et puis les intégrer dans les commissions locales pour faire les élections, c’est tout. C’est quelque chose qui se fait en moins d’une semaine. Ce n’est pas la mer à boire. Maintenant, le vrai problème qui est posé, c’est le 3ème mandat qui est anticonstitutionnel, ça, c’est un problème de tous les citoyens. Il faut que le président Alassane Ouattara retire sa candidature.
Il y a aussi le cas du Conseil constitutionnel et la Cei ?
Oui, mais c’est facile à faire. Les gens ont tendance à dire que cette institution a pris une décision, elle ne la change plus. Mais Yao N’dré a pris une décision en 2010, ça a été changé. Donc, on peut changer. Quand le président du Conseil constitutionnel commence son arrêt, il dit : au nom du peuple. Mais si le peuple n’est pas d’accord, le peuple est au-dessus du Conseil constitutionnel. Donc, le peuple peut dire non au Conseil constitutionnel comme on a dit non en 2010. On peut dire non au Conseil constitutionnel en 2020. C’est du déjà vu, on ne peut pas dire qu’on n’a jamais fait ça.
Toute l’opposition fait bloc, sauf KKB qui reste en marge du groupe. Au cours d’une émission télévisée, il a déclaré ne pas être approché par le groupe de l’opposition. Est-ce qu’il y a des contacts avec KKB ?
Ça, je ne saurai vous le dire.
Le RHDP se plait à dire que le candidat du PDCI n’a pas de programme, qu’est-ce que vous lui répondez ?
J’ai lu de la part du Premier ministre qu’il attendait le programme du président Bédié. En tant que Premier ministre, il a des services de renseignements, il a un directeur de Communication. Il sait que le 12 septembre, le président, pendant 35 minutes, a décliné les grands axes de son programme. D’ailleurs, le président Ouattara a plagié son programme au dernier conseil des ministres en érigeant Ouéllé en département. Parce que le président Bédié a dit que dès qu’il est élu, Ouragahio, Guibéroua et Ouéllé seront érigées en départements. Donc, c’est du plagiat. On voit que le Rhdp n’a pas de programme, le RHDP est en train de plagier le programme de Bédié.
C’est un peu la rengaine… ?
Le président Bédié a présenté son programme à l’investiture, pendant 35 minutes, il a dit les grands axes de son programme. Et dedans, il a dit que dès qu’il est élu, Ouragahio, Guibéroua et Ouéllé seront érigées en départements. A notre surprise, deux semaines après cette annonce, le président Ouattara dit qu’il y a un décret pour transformer en chef-lieu de département. Ça veut dire qu’il a plagié le président Bédié. Sinon, le président Bédié a un programme de gouvernement, un programme de société. Si la campagne s’ouvre, ils verront le programme du président Bédié. Et d’ailleurs, le programme qu’ils exécutent en ce moment, ce sont les ” 12 chantiers de l’éléphant d’Afrique”. C’est le président Bédié qui a fait ce programme. Donc, on ne peut pas dire qu’il n’a pas de programme.
Dans la même veine, le candidat du RHDP a traité le président Bédié d’être à la base de tous les problèmes que vivent les Ivoiriens ?
Moi, cela m’amuse parce que c’est le président de la République, avec tout le respect que je lui dois, il ne faut pas qu’il ait des jugements à géométrie variable. C’est le même président qui, en septembre 2014, lors de sa visite à Daoukro, louait le président Bédié en disant que c’est un grand homme, généreux. Il disait aussi que le président l’a élevé et quand il était étudiant aux Etats-Unis, Bédié était son tuteur. C’est le même président, rien n’a changé. C’est un peu dommage, je crois que les conseillers doivent agir pour ne pas que le président dise quelque chose aujourd’hui parce qu’il est content et demain parce qu’il n’est pas content, il dise autre chose. Ça pose problème, alors que le président doit être crédible.
Une grande militante de Gagnoa est portée disparue. Elle a été enlevée, est-ce que vous avez des nouvelles d’elle ?
C’est une responsable politique, membre du Bureau politique du PDCI-RDA, inspectrice du parti. Elle a un domicile bien connu à Gagnoa. Donc, si le Procureur lui reproche quelque chose, il savait où la trouver. Mais ne pas respecter cette règle et aller l’enlever, c’est du terrorisme politique. Elle a été enlevée pour une destination inconnue. Le PDCI s’insurge contre cela. Nous avons touché tous ceux qu’on doit toucher pour que si on lui reproche quelque chose, qu’on le dise. Je pense que nous sommes dans un Etat de droit, si d’aventure elle a fait quelque chose, le Procureur de Gagnoa peut lui envoyer une convocation. Maintenant si elle ne veut pas déférer à la convocation, on va la chercher. Mais rien de tout ça. On ne lui a rien signifié. C’est du terrorisme.
Avez-vous le sentiment que de plus en plus ce genre d’actes sont légion ?
Oui, on nous dit qu’ils ont enlevé quelqu’un à Dimbokro. Ce que nous pouvons dire à nos militants, c’est d’être vigilants et dire au Gouvernement que ce sont des pratiques qui ne portent pas. En tout cas dans l’histoire des peuples, ces genres de choses n’ont jamais rien donné.
Quel message avez-vous à l’endroit des militants de l’opposition ?
Je demande aux militants de l’opposition de rester mobilisés. Ils avaient demandé un mot d’ordre au président du parti, qui a lancé le mot d’ordre de désobéissance civile. Dans les jours qui viennent, on va mettre ce mot d’ordre en application. Donc, qu’ils soient à l’écoute, qu’ils se préparent.
Entretien réalisé par PAUL KOFFI et DIARRASSOUBA SORY
In Le Nouveau Réveil
samedi 26 & dimanche 27 septembre 2020 – N°5573 // www.lereveil.net
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