Ce lundi 23 mai 2022 marquait le 29e mois de détention de la majorité des partisans de Guillaume Soro, lui-même contraint à l’exil depuis décembre 2019, avec plusieurs de ses compagnons.

Pour leurs plus grands détracteurs, ils n’ont eu que ce qu’ils méritent, pour avoir osé défier le chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Mais, pour les concernés et leurs familles, les voir ainsi privés de libertés ou contraints à l’exil depuis maintenant 29 mois, est devenu insupportable. « Ce n’est pas facile », lâche un proche d’un des partisans de l’ancien président de l’Assemblée nationale, détenu depuis plus de deux, notamment pour tentative d’atteinte à la sûreté.

Tout comme la plupart des proches de Guillaume Soro encore dans les liens de la détention, le frère de notre interlocuteur a été arrêté le 23 décembre 2019, dans la foulée du retour manqué à Abidjan de l’ex-Premier ministre de Laurent Gbagbo puis d’Alassane Ouattara. « Mais, si tel est le destin de mon frère, que la volonté de Dieu soit faite », relativise notre interlocuteur qui, malgré tout, a du mal à cacher son amertume. « Il a souffert pour l’arrivée au pouvoir du Président Alassane Ouattara.

Et, comble de l’ironie, c’est sous le Président Ouattara qu’il est privé de liberté depuis plus de deux », regrette un autre, non sans mettre le sort de son parent sur le compte de la politique. « Tel que je le connais, il n’aurait jamais trempé dans un complot quelconque contre le chef de l’Etat… Tout ce qu’il nous reste à faire, c’est de prier pour que Dieu le sorte de là, sain et sauf », ajoute notre interlocuteur.

UNE PRIVATION DE LIBERTE PAS FACILE A SUPPORTER…

« Dieu saura vous répondre, tenez très bon. Toute chose a une fin. Dieu de justice, de vérité qu’il veille et vous protège tous », renchérit l’imam Coulibaly, un guide religieux très proche du camp Soro. Tout aussi victime de l’appareil répressif du régime Ouattara dont il a pourtant contribué à l’avènement au pouvoir, le président de Générations et peuples solidaires (GPS), contraint à l’exil depuis le 23 décembre 2019, ne pense pas moins à ses proches et anciens collaborateurs détenus au pays.

« De tout cœur avec vous. Nous, militants, sympathisants et adhérents de GPS ainsi que vos familles ne vous abandonnerons jamais. Force et courage à vous », a posté sur les réseaux sociaux, l’ancien député de Ferké, en guise de soutien à ses partisans incarcérés depuis 29 mois. Interrogé sur le sort qui est fait aussi bien à l’ancien président de l’Assemblée nationale, qu’à ses proches, Hadja Thiero Touré, trouve cela regrettable.

SOUTIENS ET RESILIENCE

« C’est vraiment dommage qu’on en arrive là. Soro mérite un meilleur traitement. Mais, que ces personnes sachent que le temps est l’autre nom de Dieu (…) Nous sommes déçus de cette animosité envers notre leader mais, nous ne sommes pas désespérés », a rassuré le président du mouvement ’’Maman GSK’’, qui réfute les accusations de tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat portées à l’encontre de l’ancien chef de gouvernement ivoirien.

« L’actuel tenant du pouvoir a crié sur tous les toits du monde, qu’il a été exclu du fait qu’il était musulman et qu’on lui dénie sa nationalité. Notre leader, par sa rébellion armée, l’a rétabli dans sa dignité et lui a permis d’être au pouvoir aujourd’hui. S’il voulait le pouvoir par coup d’Etat, il se serait emparé du pouvoir depuis longtemps. Guillaume Kigbafori Soro est un homme de devoir et de parole », a-t-elle assuré, se félicitant de la résilience dont fait preuve son leader.

« Il est un homme qui est solide et fort dans sa tête », se convainc-t-elle, avant de promettre : « nous allons soutenir Soro jusqu’à ce qu’il accède à la Présidence de la République car, nous croyons en sa capacité de diriger ce pays et surtout de réconcilier le Nord et le Sud, de faire cohabiter les différentes religions dans le vrai vivre ensemble. Il est le symbole de la paix et de la réconciliation. Guillaume Soro est un enfant béni ».

LE CRIME DE LESE-MAJESTE

Pour rappel, c’est après avoir dénoncé sa marginalisation au sein du camp présidentiel et suite à son refus d’adhérer au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), le nouveau parti de M. Ouattara, que les ennuis ont commencé pour Guillaume Soro. Contraint à la démission de la présidence de l’Assemblée nationale en février 2019, il est empêché de regagner la Côte d’Ivoire en décembre de la même année, alors qu’il avait déclaré sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2020 et en dépit de son engagement à entamer des discussions avec le chef de l’Etat, pour calmer l’atmosphère.

Dans la foulée, l’ex-Premier ministre, en exil avec plusieurs de ses proches (dont certains ont été condamnés par la justice ivoirienne à de lourdes peines d’emprisonnement), a écopé de 20 ans de d’emprisonnement et à la prison à vie, quand sa résidence principale à Abidjan, a été saisie et ses biens vendus récemment aux enchères. Sur la trentaine de ses partisans arrêtés à l’époque, une quinzaine reste toujours en prison, une partie ayant été libérés et fait allégeance au régime Ouattara.

Nord Sud

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