Le gouvernement Achi a démarré son mandat sur des chapeaux de roue. Mais, le couac de Sidi Tiémoko Touré, ministre des Ressources animales et halieutiques, sonne déjà le tocsin.

En piétinant, avec un portail cadenassé pour obstruer la voie publique, le sens de l’État, la primauté de l’intérêt général, la civilité et la courtoisie notamment dans son quartier, cet ancien porte-parole du gouvernement a réduit la charte d’éthique gouvernementale à une poudre de perlimpinpin, à peine une semaine après sa signature, le 28 avril 2021.

Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement, s’était déjà montré prudent. « C’est tout le comportement que les ministres devraient observer », déclarait-il à l’issue de la cérémonie de signature. Et l’acte du ministre Touré lui donne raison. Le disputant au syndrome d’hubris, ce geste de désobéissance politique indique que le Premier ministre Achi aura du pain sur la planche pour mettre de l’ordre dans la cour du roi Pétaud.

Et pour réussir sa mission, le chef du gouvernement aura besoin d’un allié de taille et de poids: la volonté politique, qui se fait désirer sous nos cieux. Alassane Ouattara a salué l’avènement de la charte d’éthique. Mais, la seule épée de Damoclès qui plane sur la tête des ministres, c’est leur sortie du gouvernement. Sans aucune conséquence.

En effet, aucun organe d’évaluation des activités des membres de l’équipe, avec pouvoir de poursuite devant les tribunaux, n’a été prévu; les ministres refusant naturellement de s’autoflageller ou se faire hara-kiri. De plus, avec le chef de l’État en tête, ils sont protégés par l’impunité. Il n’existe aucun instrument juridique les contraignant à la probité, à l’intégrité et à la primauté de l’intérêt général.

Le titre x de la Constitution de la IIIè République traite de la Haute Cour de Justice. C’est cette juridiction d’exception qui est seule compétente pour juger le président de la République, le vice-président de la République et les membres du gouvernement. Mais, malgré ces dispositions constitutionnelles, la Haute Cour de Justice, créée par la loi fondamentale de la IIè République en 2000, n’a jamais vu le jour.

Président, vice-président et ministres de Côte d’Ivoire n’encourent, par conséquent, aucune sanction. Ceci explique aisément que le président et les ministres bafouent impunément la Haute autorité pour la bonne gouvernance, organe né pour lutter contre la corruption mais impuissante à s’imposer.

L’Exécutif, qui fait la pluie et le beau temps, ne juge nullement utile de déclarer ses biens, à son entrée et à sa sortie du pouvoir, comme prévu et le ciel ne lui tombe sur la tête. De ce fait, la bonne gouvernance, tant clamée à longueur de discours, est comme notre émergence: un miroir aux alouettes. Et la charte d’éthique gouvernementale prend ainsi, à son insu (!?), la route de la farce et de l’enfumage. Car, le ver est déjà dans le fruit. Et tout va trembler, mais rien ne va bouger.

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