Le RHDP a déclaré, lundi, qu’il avait demandé au président Alassane Ouattara de se présenter pour un troisième mandat après le rappel à Dieu du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

Alassane. Ouattara, avait, auparavant, déclaré qu’il ne souhaiterait pas briguer la présidence une 3e fois. Mais avec le décès d’Amadou Gon Coulibaly, le 8 juillet dernier, le parti se retrouve sans candidat à l’approche de l’élection prévue le 31 octobre. Prétextant donc de l’absence d’un candidat valable qui remplacerait Amadou Gon Coulibaly, les responsables du Rhdp lancent depuis quelques jours, un ballon d’essai, pour faire accepter une possible candidature d’Alassane Ouattara.

Déjà, le mercredi 15 juillet 2020 au Palais des sports de Treichville, lors de la cérémonie d’hommage que le RHDP a rendu, en présence du chef de l’Etat Alassane Ouattara, à Gon, Kobenan Adjoumani, porte-parole du RHDP, a laissé entendre que la mission du Président n’est pas encore terminée.

« Monsieur le Président, Amadou Gon Coulibaly me charge de vous dire que votre mission n’est pas encore terminée », a-t-il lâché. Et d’ajouter « Il (Amadou Gon ndlr) nous invite à devenir tous des Amadou Gon et à révéler les défis avec le président Alassane Ouattara. Ainsi la symphonie inachevée causée par son départ doit se transformer en un pot de miel après le succès du RHDP », a affirmé Adjoumani.

Le Directeur exécutif  du RHDP, Adama Bictogo, quant à lui, est allé plus loin, lui qui a mis le pied dans le plat. Pour lui, point de choix possible pour la candidature à la présidentielle de 2020 autre que celui du président Alassane Ouattara après le décès de leur candidat désigné, Amadou Gon.

Le dimanche 19 juillet, invité à l’émission « Et si…vous me disiez toute la vérité » de la Chaine Tv5 monde, Adama Bictogo a dit sans ambages « Pour nous, le seul choix qui demeure et qui vaille, c’est que le président Alassane Ouattara reprenne le flambeau RHDP pour que, tous ensemble, à ses côtés, dans une force inébranlable, nous puissions faire triompher la mémoire d’Amadou Gon Coulibaly » avait affirmé le directeur exécutif du RHDP

Alassane Ouattara avait pourtant donné sa parole d’honneur

C’est au Congrès du parlement ivoirien à la Fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro qu’Alassane Ouattara a  annoncé qu’il ne se présenterait pas pour un 3e mandat. Ce jour-là, il a déclaré : « Durant les deux mandats que vous m’avez confiés à la tête de notre beau pays, j’ai toujours accordé une importance toute particulière au respect de mes engagements. Dans le même esprit, j’avais, à plusieurs occasions, indiqué, au moment de l’adoption de la Constitution de la IIIe République, en 2016, que je ne souhaitais pas me représenter à un nouveau mandat présidentiel. En conséquence, je voudrais vous annoncer solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle de 2020. »

Adama Bictogo, quant à lui, est allé plus loin, lui qui a mis le pied dans le plat. Pour lui, point de choix possible pour la candidature à la présidentielle de 2020 autre que celui du président Alassane Ouattara après le décès de leur candidat désigné, Amadou Gon.

Avait-il annoncé, le 05 mars 2020. Il a, à l’occasion, insisté sur la parole donnée qui, pour lui, fonde sa philosophie « Tout au long de ma carrière, j’ai toujours accordé une importance particulière au respect de mes engagements ». Selon lui, il est important qu’il faille « transférer le pouvoir à une jeune génération ». Au total, la décision d’Alassane Ouattara de ne pas briguer un 3e mandat, décision qualifiée d’historique, a été saluée par le monde entier, à commencer par le président français Emmanuel Macron « Je salue la décision historique du président Ouattara, homme de parole et homme d’État, de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ce soir, la Côte d’Ivoire donne l’exemple”, a-t-il réagi dans un tweet.

Candidature Ouattara Constitution

Alassane Ouattara, Anaky Kobenan, Gnamien Konan, Bédié, Soro, Amon-Tanoh, Mabri, Duncan

Des éditorialistes du continent ont vu en cette décision, la semence d’un nouvel esprit des chefs d’Etat africains « La décision du Président ivoirien de se limiter à deux mandats est sage et salutaire. Elle est source d’apaisement et de soulagement pour ceux qui redoutaient le pire, en souvenir indélébile des animosités qui ont gangrené la vie politique ivoirienne au point d’engendrer des atrocités ayant causé des milliers de morts et des blessures profondes de toutes natures. Autant les Ivoiriens sont soulagés, autant leurs frères de la sous-région Ouest africaine et de l’ensemble du continent le sont » écrivait Oumar-Diouf Fall sur le site Seneplus Opinions.

Impossible candidature face au verrou de la Constitution

Après le décès d’Amadou Gon, candidat du Rhdp, à l’horizon, aucun candidat sérieux ne semble pouvoir faire l’affaire du parti présidentiel. Conscient de cela, des murmures se font de plus en plus entendre que le président Alassane Ouattara pourrait revenir sur sa décision de ne pas se représenter. Le président sortant lorgnerait donc un 3e mandat.

Or, le simple fait d’avoir renoncé à un 3e mandat ne lui permet pas de revenir sur sa décision, par simple élégance et par principe. En Afrique, la parole est sacrée. D’ailleurs, on l’a maintes fois répété, la nouvelle Constitution ne lui permet pas un 3e mandat. Le président Alassane Ouattara lui-même affirmait haut et fort qu’il ne ferait pas plus de dix  ans au pouvoir. Interrogé lors d’une conférence de la Fondation Mo Ibrahim sur ses intentions sur une éventuelle candidature à un troisième mandat, le président ivoirien a indiqué que sa « décision était presque prise ».  

Et d’ajouter « Le ‘job’ de président, ça fait huit ans que je le fais. Je n’ai jamais occupé de fonction plus de six ans ». Même à Abidjan, le 4 janvier 2019 à la présentation des vœux aux corps constitués, il a réitéré cette impossibilité d’un 3e mandat  « A l’occasion de mes 75 ans, ceci m’amène à réaffirmer que les institutions de la République qui seront mises en place très prochainement me permettront de prendre congé en 2020 », a-t-il déclaré.

Mieux, sur le plan du droit, des constitutionnalistes dont certains sont ses proches collaborateurs ont affirmé avec moult démonstrations juridiques qu’il est quasiment impossible que le président Ouattara prétende à un 3e mandat. La première personne à s’être prononcée sur la question fut Pr. Ouraga Obou, l’un des rédacteurs de la Constitution ivoirienne.

Au cours d’une conférence de presse le 08 novembre 2016, il a dit exactement ceci « Je puis vous assurer, il (le président Alassane Ouattara NDLR) ne briguera pas un autre mandat. Depuis environ quatre mois, j’échange presque quotidiennement avec le président de la République. Je puis vous assurer qu’il respectera la Constitution et ne briguera pas un autre mandat.

La Constitution est claire sur la question : toutes les dispositions antérieures qui ne sont pas contraires aux nouvelles ne sont pas abrogées. Le président de la République qui est à son deuxième mandat, ne peut pas en briguer un autre. La loi fondamentale le lui interdit » a-t-il insisté, lors de cette conférence. Il a même ajouté à ce propos.

Sansan Kambilé, le garde des Sceaux, magistrat de formation, et ministre du gouvernement Ouattara a, aussi, devant les députés en 2016, affirmé que son président était un homme de parole et qu’il lui viendrait aucunement à l’idée de tordre le cou au droit en se représentant à la présidentielle pour une 3e fois consécutive

« Il y a la continuité législative dont il est question dans l’article 183. Il n’y a donc pas de suspension. Au regard de l’article 183, ce n’est pas parce qu’il y aura la nouvelle Constitution que tout ce qui existait avant sera caduc.» Sansan Kambilé, le garde des Sceaux, magistrat de formation, et ministre du gouvernement Ouattara a, aussi, devant les députés en 2016, affirmé que son président était un homme de parole et qu’il lui viendrait aucunement à l’idée de tordre le cou au droit en se représentant à la présidentielle pour une 3e fois consécutive « Son excellence monsieur le président de la République a toujours dit qu’il ne sera pas candidat en 2020.

C’est un homme de parole et je tiens à vous le rappeler, et je pourrai vous démontrer comment il lui sera impossible d’être candidat en 2020. Et vous savez, tous les exemples que vous avez pris, dans tous les pays dans lesquels les chefs d’Etat ont entendu se maintenir au pouvoir, on fait la réforme constitutionnelle avant les élections, pas après. On fait sauter le verrou avant et on va aux élections. Donc, je peux vous rassurer, monsieur le député, ce n’est pas vrai » a-t-il conclu.

Candidature Ouattara Constitution

Dominique Ouattara, le 27 mai 2020 à Abobo en compagnie d’Hamed Bakayoko

Le ministre Cissé Ibrahim Bacongo, le Conseiller spécial du président de la République chargé des Affaires juridiques, institutionnelles et politiques, dans une interview accordée à Africa24, a aussi affirmé l’impossibilité juridique d’un 3e mandat du président sortant Alassane Ouattara. Ci-dessous la retranscription de l’interview accordée en 2016 par Cissé Bacongo à Africa 24. Le journaliste « Cette constitution-là devrait permettre au Président Alassane Ouattara d’avoir un 3é mandat.

Vrai ou faux ?  M. Bacongo, est-ce que la Constitution, dans cette nouvelle mouture, donne la possibilité au Président Alassane Ouattara d’avoir un troisième mandat ? », interrogea le journaliste. Réponse de Bacongo « Alassane Ouattara a répété qu’il ne serait pas candidat en 2020 » répliqua Cissé Bacongo.

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Et le journaliste de rebondir « M. Bacongo, est-ce que cette Constitution, dans sa nouvelle mouture, donne la possibilité (je dis bien la possibilité) au Président Alassane Ouattara d’avoir un 3è mandat ? ». La réponse de Bacongo a été sans ambages « Non. L’article 183 de la Constitution dit que la législation en vigueur de la nouvelle constitution reste applicable.

La législation en vigueur c’est-à-dire, la Constitution, les textes pris en son application ; que ce soient des lois ; des décrets ou alors des ordonnances et autres qui sont en vigueur au moment de son entrée en vigueur sans jeu de mots reste applicable » a-t-il conclu. Koné Nabagné, alors porte-parole du gouvernement, a renchéri « J’ai moi-même eu l’occasion d’interroger le président sur ce sujet et je n’en ai jamais eu l’impression qu’il souhaitait un 3e mandat). C’est un homme pressé de passer la main » avait-il dit.

Alors question ? Pourquoi le président Alassane Ouattara reviendrait-il sur sa décision en faisant prévaloir sa volonté sur les principes de droit ?  L’équation reste ambiguë et les Ivoiriens attendent de voir.

FRANCOIS KONAN

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