Cette semaine a été marquée par un fait qui en principe devait être banal. Car aussitôt construit, les services de la mairie auraient dû procéder à sa démolition afin que force reste à la loi et à l’autorité.
Aucun ivoirien ne s’en serait aperçu et l’évènement tomberait insidieusement du nombre des faits divers. Les Ivoiriens auraient vaqué tranquillement à leurs nombreuses occupations. Une autorité qui érige une clôture sur une voie publique procède ainsi abusivement à sa privatisation. Il lui enlève son caractère sacré de service public qui vise la réalisation, la poursuite d’une mission d’intérêt général.
C’est un abus d’autorité et de pouvoir qui ne se justifie pas et qu’il convient de dénoncer. La mairie qui n’a pas procédé aussitôt au rétablissement de l’ordre, à la démolition de cette clôture ou grille, a failli et a fait peser un préjudice sur les usagers du service public. Le premier a troublé l’ordre public et le second a failli à sa mission de maintien de cet ordre public. Ces faits sont malheureusement légion dans notre société.
Nous écrivions, il y a quelques années un article dans les colonnes d’un journal intitulé « tu sais qui je suis ? » suite à une gifle reçue d’un député par une policière dans l’exercice de ses fonctions, pour montrer à quel point l’abus de pouvoir et le trafic d’influence ont gangrené notre cité. Ces tares sont si encrées dans les mœurs au point que les fondements de notre société sont fragilisés laissant la corruption et le laxisme gagner du terrain au grand dam des autorités publiques.
On peut pousser l’analyse aussi bien dans les différents services publics où les usagers sont confrontés aux dysfonctionnements des services publics, soit par le zèle ou le caprice d’un administrateur constamment absent de son poste de travail, soit par la négligence ou le mépris d’un agent fainéant et paresseux, s’il n’est pas désagréable ou irascible à l’égard des contribuables : l’inefficacité administrative est désormais la règle !
Ceux qui doivent être tenus responsables de tels délits sont les acteurs, les autorités en charge de contrôler l’action administrative. Les autorités sensées exercer le contrôle sont quasi absentes ou inefficaces. Il en est de même des entreprises, des sociétés d’Etat où l’arrogance et les manquements graves des administrateurs ne se comptent plus.
Les Conseils d’Administration, les comités d’audits sont devenus des boites de résonnance et quasi inexistants car incapables d’impulser les grandes réformes ou simplement d’assumer leurs prérogatives. Ajoutons à cela les commissaires aux comptes perdus dans des compromissions flagrantes.
Dans tous les cas de figure, la culture de la citoyenneté et le respect de la chose publique doivent être au cœur de toutes nos agissements quelle que soit la position que l’on occupe dans la société. C’est aussi cela l’esprit de « l’Ivoirien nouveau » que le président de la République s’attèle à construire. Pour l’y aider, nous devons laisser éclore l’état de droit au nom de l’intérêt général. Nisi populo Dei.
L’Avenir