Simples militants, cadres, responsables au haut niveau, tout le monde semble devenu suspect

Il règne en ce moment, autour d’Alassane Ouattara, au sein du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix ( Rhdp), un climat malsain de nervosité, soufflé par un sentiment de confusion et de méfiance. Stress, dépression… Les maux qui rongent moralement le Rhdp et son Président sont nombreux. La douleur de la mort du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly fait place aujourd’hui, à 113 jours de la présidentielle, à l’inquiétude et à l’incertitude. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a de l’eau dans le gaz.

Les défections en cascade annoncent un très mauvais présage pour le parti présidentiel. Le départ du vice-président Daniel Kablan Duncan,, dans des conditions que l’on sait, est une grosse fissure dans la structure du Rhdp. Qui va être difficile à colmater. Si ce n’est pas le début de la fin, les récents évènements sonnent, à tout le moins, comme un chant de cygne.

Ce d’autant plus que les démissions de Duncan, Marcel Amon Tanoh, Albert mabri Toikeusse, signent une grande fragilité du pouvoir Alassane Ouattara. Tout semble donc indiquer que le Rhdp approche inexorablement, la fin de son règne. Alassane Ouattara se trouve dans un grand dilemme, lui qui a solennellement renoncé à briguer un troisième mandat.

Selon Rfi qui cite «  un proche des cercles du pouvoir », «  Daniel Kablan Duncan a démissionné par « vengeance » à la suite d’une série de vexations et d’humiliations, notamment après avoir été proposé au poste, jugé secondaire, de président du Conseil économique et sociale (CESEC) au mois de janvier dernier. Qui ajoute que « cette démission survient au pire moment pour la présidence, qui paraît isolée et affaiblie ».

Depuis le depart de Daniel Kablan Duncan, lundi 13 juillet 2020, de ses fonctions de vice-président de la République «  pour convenance personnelle », le Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix ( Rhdp) semble entré dans l’ère de méfiance et de suspicion généralisée. Une zone de turbulence où tout peut arriver…

Simples militants, cadres, responsables au haut niveau, tout le monde semble devenu suspect. Mais, de façon plus particulière, des regards méfiants et suspicieux suivent les faits, paroles et gestes des ministres et cadres issus du Parti démocratique de Côte d’Ivoire ( Pdci), Pdci, qui ont rejoint le Rhdp.

Alors que leur loyauté et leur dévouement à la cause du Rhdp et de son président, Alassane Ouattara étaient sujets à caution, le départ de Duncan, leur chef de file, vient raviver la flamme de la suspicion à leur égard. Il règne aujourd’hui, une atmosphère de soupçon généralisée au sein Rhdp, qui vise ces transfuges du Pdci.

Qui, après Duncan, va claquer la porte ? Une interrogation présente dans quasiment tous les esprits. Au point que certains, comme Kouassi Kobenan Adjoumani, se sont vus dans l’obligation de montrer pattes blanches, suite à de folles rumeurs le donnant sur le départ.

Le départ presqu’en catimini du président du Sénat Jeannot Ahoussou-Kouadio en Allemagne d’où il a informé l’opinion sur son statut «  de positif au Covid-19 », le silence quasi-général observé par des ministres et cadres issus du Pdci sur la démission de Duncan, la coïncidence de la mise en quarantaine du ministre François Amichia avec le départ de Duncan, sont quelques faisceaux d’indices qui font enfler la rumeur sur leur compte.

Daniel Kablan Duncan, ancien Premier ministre Henri Konan Bédié, après le départ d’Adjoumani au Rhdp, s’était engagé a réconcilier Bédié et Ouattara à travers son mouvement «  Pdci-Renaissance ».

Si l’on interroge, dans le fond, la lettre de départ de Duncan, il en ressort, entre autres, son échec à rapprocher les deux hommes. C’est pourquoi, il est revenu sur les motivations de la création de Pdci-Renaissance.

« Je voudrais enfin souligner que la création du mouvement du mouvement Pdci-Renaissance a été faite dans ce but : servir de courroie de transmission, de liant entre tous les citoyens de notre cher pays et notamment entre ceux qui partagent l’idéal et les valeurs de dialogue, d’union, de justice, de paix et de progrès du père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, le président Félix Houphouet-Boigny.

Cette philosophie restera notre boussole et notre ligne de conduite » a-t-il fait valoir. Le 23 décembre 2018, avec, selon lui, « près de 9 000 militants du Pdci-Rda», à la patinoire de l’Hôtel Ivoire Sofitel, Duncan lance son mouvement «  Pdci-Renaissance » pour dire « non à la rupture ».

Il enrôle tous les ministres Pdci. François Amichia, Alain Richard Donwahi, Raymonde Goudou Coffie, Jean-Claude Kouassi et Pascal Abinan Kouakou. « Est-ce que nous voulons à nouveau rentrer en enfer après la grave crise de 2010-2011 ? », lance-t-il à la foule, habillée aux couleurs du Pdci-Rda.

Le vice-président stigmatisait « la recrudescence de violences en lien avec des scrutins électoraux même locaux ». Parce que, selon lui, « voilà de bien nombreuses années que de tels signaux n’étaient pas apparus dans nos consciences et dans nos préoccupations. (…) Il faut régler sans trop tarder toutes les divergences et tous les conflits existants, et renforcer ainsi la cohésion des filles et fils d’Houphouët-Boigny. ».

Pour avoir prêché dans le désert, il a choisi de partir, dans «  ces périodes de turbulences et de doute », selon ses propres termes. Que va maintenant faire sa troupe ? La structure dirigeante du mouvement Pdci-Renaissance a-t-elle été associée à la démission de Duncan ?

Quelle conduite vont adopter les cadres et ministres issus du Pdci qui l’on suivi ? La personne de Daniel Kablan Duncan aux côtés du chef de l’État, dans le Rhdp, constituait, pour ceux qui l’ont suivi était un gage de confiance. Maintenant qu’il a rompu avec Ouattara, vont-ils le suivre ?

Les prochaines semaines nous situeront. Figure emblématique et incontournable du mouvement Pdci-Renaissance qu’il a fondé, sa rupture avec Alassane Ouattara aura un impact sur le reste de la troupe. Il n’est pas à exclure que beaucoup de transfuges du Pdci, qui ne cachent plus leur déception, à l’image… suivent leur mentor. Signalons que la démission de Duncan intervient après celles de Guillaume Soro, Thiery Tanoh, Marcel Amon Tanoh. Albert Mabri Toikeusse, lui, est sur le départ, après avoir été limogé du gouvernement.

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