S’il y a un dossier qui turlupine Alassane Ouattara, c’est bien celui relatif à Guillaume Soro. Le Président ivoirien a réussi à trouver une solution pour tenir en laisse Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, qu’il fait mariner et languir. Guillaume Soro quant à lui, est insaisissable. Il n’a pas encore réussi à résoudre cette équation, qui s’avère un vrai casse-tête chinois pour lui. Depuis longtemps, il a demandé à son cercle restreint de lui proposer des solutions opérationnelles pour neutraliser cet opposant irréductible. Il était établi, selon ses conseillers, que Guillaume Soro était le cerveau de la révolte de toute l’opposition ivoirienne contre le troisième mandat. Ils avaient jugé que c’est le président de Générations et Peuples Solidaires qui galvanisait l’ensemble de l’opposition et lui donnait le courage de faire front. Dans la tête du Président Ouattara donc, si Guillaume Soro était neutralisé, le château de cartes s’écroulerait et les autres leaders de l’opposition se rendraient, les uns après les autres. 

Après de nombreuses réunions, il avait été convenu que les sécurocrates d’Alassane Ouattara devraient tout mettre en œuvre pour neutraliser définitivement et par tous les moyens imaginables, cet empêcheur de tourner en rond. Hamed Bakayoko s’est aussitôt proposé volontairement pour endosser l’habit d’exécuteur en chef, arguant qu’il savait comment s’y prendre et qu’il apporterait sur un plateau d’or, la tête de Guillaume Soro. Téné Birahima Ouattara n’était pas en reste, chacun rivalisant de propositions aussi sinistres les unes que les autres. Face à ces deux zélateurs qui rivalisaient pour lui témoigner leur attachement en liquidant Guillaume Soro, Alassane Ouattara trancha : « mettez-vous ensemble pour le gérer ! Unis, vous arriverez à bout de ce dossier plus facilement ». 

Malgré cette directive présidentielle, chacun sait que dans les entourages des chefs, rien ne peut empêcher les jalousies que les fidèles se vouent ! Alors, Hamed Bakayoko et Téné Birahima Ouattara lancèrent une chasse à l’homme sans précédent, dans une concurrence ou une compétition morbide. Chacun voulant prouver au gourou Ouattara qu’il était le plus efficace dans la traque contre Guillaume Soro. Se détestant les uns les autres, au lieu de conjuguer leurs efforts, chacun gardait jalousement et dans le secret, ses informations. Ce petit manège a duré bien des années, au grand déplaisir de leur mentor Alassane Ouattara. 

En ce mois de janvier 2021, le Président Ouattara s’étant assuré du succès de son braquage électoral, a réuni son cercle restreint pour en dresser le bilan et faire les perspectives. Bien évidemment, le cas Guillaume Soro fut longuement abordé. Alassane Ouattara a fait le constat amer de l’échec de la traque anti-Soro et conclut qu’Hamed Bakayoko et son frère Photocopie avaient fait chou blanc. Il prit donc la décision de les décharger de ce dossier et décida que désormais, il s’en occuperait personnellement. Aux dires de certains membres de l’entourage, le président était fatigué et agacé par les tombereaux de mensonges qu’Hamed Bakayoko et Photocopie lui déversaient tous les jours, au point de le rendre paranoïaque. Face à cette décision d’Alassane Ouattara, de reprendre lui-même la main sur ce dossier, les deux comparses sont restés perplexes. Ce n’est que récemment qu’Hamed Bakayoko a compris sa décision. 

En effet, le Président ivoirien, pressé par certains milieux politiques et certains chefs d’États étrangers, lui ont conseillé de conclure une paix des braves avec Guillaume Soro. Ils estiment qu’Alassane Ouattara a déjà braqué l’élection présidentielle, qu’il avait remporté le butin et qu’il ne servait plus à rien de continuer dans la voix de la confrontation. Ils ajoutèrent que même s’il avait apaisé ses relations avec Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, cela ne suffirait pas à lui garantir la tranquillité et la stabilité. Il fallait qu’il aille plus loin, en tendant la main à Soro. Certains lui ont gentiment expliqué qu’à son âge, mener un combat contre « son fils » ne pourrait à la longue que le desservir. Selon eux, s’il avait pu apaiser ses relations avec Gbagbo et Bédié, ses ennemis mortels d’antan, ce n’est vraiment pas avec Guillaume Soro, qu’il ne pourrait pas trouver un terrain d’entente. 

Mieux, lui ont-ils dit, l’exemple du sage Félix Houphouët-Boigny devrait lui servir de leçon. On se rappelle tous qu’en 1989, le Président Houphouët avait usé de tous les moyens pour faire revenir au pays, son rebelle irréductible Laurent Gbagbo, pour faire la paix après que celui-ci ait été longtemps exilé en France.

Alassane Ouattara sachant que son image a été gravement écornée et qu’il siège désormais au panthéon des dictateurs africains, veut désormais pour les quelques temps qu’il lui reste, polir son image et tenter de s’inscrire dans la postérité de l’histoire contemporaine. Tout ceci aux dires de son entourage, expliquerait son revirement à 180 degrés. N’ayant pas pu liquider Guillaume Soro, il ne lui reste d’autre solution que de l’amadouer. La tâche ne sera semble-t-il pas facile, quand on sait l’homme qu’est Guillaume Soro.

Dès qu’Hamed Bakayoko a appris la nouvelle, il est entré en transe. Pour lui, il n’est pas question qu’Alassane Ouattara mette fin à son conflit avec Guillaume Soro, car ce serait la fin de sa carrière. En effet, ce serait le « worse case scenario », c’est-à-dire le scénario du pire, pour lui. Il est donc décidé à faire capoter une telle perspective. Il a décidé d’agir rapidement, avant que les choses n’entrent dans leur phase opérationnelle. Alors, il consulta ses marabouts. À l’heure où j’écris ces lignes, Hambak est en train de faire le sacrifice de 10 bœufs pour détruire la possibilité d’une entente entre le Président Alassane Ouattara et l’ancien Premier ministre Guillaume Soro. Quant à Téné Birahima Ouattara, lui vise le poste de Vice-président de la République et ses marabouts y travaillent activement. Comme quoi, la cour des rois regorge de secrets et de combats sordides.

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