Tous, autant qu’ils sont, les militants et militantes rivalisent de fidélité à un idéal politique. A Générations et peuples solidaires (GPS), les femmes continuent de faire montre de constance à faire pâlir plus d’un homme.
Le 23 décembre 2019, alors que ses partisans sont mobilisés pour lui réserver un accueil chaleureux après une longue tournée européenne, Guillaume Soro, est empêché d’atterrir à l’aéroport d’Abidjan. Dans la foulée, un mandat d’arrêt est délivré contre lui par le procureur de la République, Richard Adou. Après une escale au Ghana, le président de Générations et peuples solidaires (GPS), le mouvement citoyen qu’il a créé courant 2019, s’envole pour l’Espagne avant de trouver refuge en France.
L’ancien président de l’Assemblée nationale y séjourne depuis en tant qu’exilé politique avec plusieurs cadres du mouvement. Plusieurs cadres de son mouvement sont emprisonnés ou obligés de se mettre en lieux sûrs, parce que traqués par le régime. Certains accusés d’insurrection, de tentative de déstabilisation et d’atteinte à la sûreté. Des membres de la famille biologique de l’ancien Premier ministre ivoirien n’échappe pas à cette traque. « Nous avons décapité le parti de Soro.
Leur GPS a perdu le réseau », ironise-t-on du côté des partisans du parti au pouvoir. Dès lors, les actes de violences et de brutalités contre tout proche de Guillaume Kigbafori Soro ne font que s’amplifier. L’objectif est clair : réduire à néant GPS.
VIOLENCES CONTRE RESISTANCE
Face à la situation à laquelle fait face son mouvement, Guillaume Soro va alors changer de tactique, en mettant les femmes en première ligne. Ainsi, il procède à la nomination d’une délégation nationale composée de 31 leaders. Uniquement de femmes. Très vite, elles montent au créneau ! La délégation nationale GPS Côte d’Ivoire est dirigée par Anne-Marie Bonifon, en qualité de coordinatrice, quand Koné Minata Zié en assure le porteparolat. Cette équipe « d’amazones » a pour mission de maintenir vive la flamme militante, mener des actions pour la libération des hommes emprisonnés.
DES FEMMES TENACES
Anne-Marie Bonifon et ses camarades multiplieront les actions pour atteindre l’objectif de voir libres les hommes de GPS. Elles organiseront des missions d’explication et d’informations en direction des chancelleries accréditées en Côte d’Ivoire. Les guides religieux, les chefs coutumiers, les partis politiques et les acteurs de la société civile sont visités et sensibilisés. Parallèlement à l’engagement pour la libération des prisonniers du 23 décembre 2019, la délégation GPS Côte d’Ivoire multiplie des tournées sur l’ensemble du territoire national pour la vulgarisation et l’implantation de Générations et peuples solidaires.
Leurs actions vont permettre de booster les adhésions au mouvement. En moins d’une année d’existence, GPS revendiquera plus de 400.000 adhésions. Face à l’offensive de ces amazones, le pouvoir tente de lâcher du lest. Il libère le siège du mouvement, avant de le réinvestir très rapidement. Puis, arrive la période de l’élection présidentielle d’octobre 2020.
BATAILLE CONTRE LA DICTATURE
Guillaume Soro engage GPS dans la lutte contre le troisième mandat présidentiel d’Alassane Ouattara. Avec leur leader et en lien avec l’ensemble de l’opposition, les femmes de GPS s’engagent pleinement dans cette autre bataille. Le 13 août, alors qu’elles participaient à une manifestation de l’opposition contre ledit troisième mandat, la coordinatrice Anne-Marie Bonifon est arrêtée avec trois autres femmes de la délégation. L’on se dit alors que la messe est dite pour les « femmes de Guillaume Soro ».
Que non. L’ancien président de l’Assemblée nationale va réorganiser son équipe tout en gardant le même schéma.
KONE MINATA ZIE AUX COMMANDES
Après un passage à la préfecture de police d’Abidjan, Anne-Marie Bonifon, Guéï Henriette, Irène Todé et Koné Naminata sont emprisonnées à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Guillaume Soro nomme alors Koné Minata épouse Zié, jusque-là porte-parole de la délégation comme coordinatrice par intérim. Aussitôt nommée, qu’elleannonce les couleurs. Elle poursuit le programme et le calendrier d’actions de terrain. Aux côtés d’Henri Konan Bédié, Pascal Affi N’Guessan, Georges Armand Ouégnin, Assoa Adou et bien d’autres leaders de l’opposition, Koné Minata est en première ligne de la contestation du troisième mandat.
ÉGALES A ELLES-MEMES
Après s’être imposé à la tête du pays en usant de la force, Alassane Ouattara, face à la pression nationale et internationale, est contraint de libérer quelques détenus politiques. Ainsi, après six mois de détention, la coordinatrice de la délégation nationale GPS Côte d’Ivoire et ses camarades sont libérées le 27 janvier 2021.
A la différence de quelques prisonniers proches de Guillaume Soro, arrêtés le 23 décembre 2020 et dont la libération est assortie de contrôle judiciaire, les amazones de GPS bénéficient d’une liberté totale. À leur sortie de prison, leur conviction, leur engagement pour Guillaume Soro, GPS et son idéal politique sont intacts. Elles le réaffirment à qui veut l’entendre au seuil de la prison d’Abidjan.
Générations Nouvelles