L’élection présidentielle du 31 octobre 2020 en Côte d’Ivoire a été telle que prévue par de nombreux observateurs : une farce ! Le bourrage d’urnes, l’utilisation de la violence militaire et paramilitaire envers les opposants qui appelaient à la désobéissance civile, viennent de donner leur triste résultat. Le président sortant Alassane Ouattara a décidé de s’octroyer 94 % comme dans les années 1970, au temps des partis unique !! La Mission internationale d’observation électorale (MIOE) de l’Electoral Institute for sustainable democracy in Africa (EISA) et du Centre Carter a publié au lendemain de l’élection un rapport au titre évocateur : « Un scrutin non inclusif et boycotté qui laisse un pays fracturé ».

Alassane Ouattara s’est présenté à cette élection présidentielle en dépit d’une constitution qu’il avait lui-même imposé en 2016, lui interdisant un troisième mandat. Sourd aux appels au dialogue lancés par l’opposition et la société civile, la répression du régime Ouattara s’abat à nouveau sur ceux qui remettent en cause le scrutin. La répression par les forces de l’ordre, aidées par des miliciens appelés « microbes » et armés de gourdins et de machettes, ainsi que des affrontements entre des opposants et des groupes soutien au pouvoir, ont provoqué la mort de plusieurs dizaines de personnes, des centaines de blessés, des destructions de biens publics et privés.

Cette fausse élection crée un vide démocratique préoccupant et menace la paix civile. La situation n’est pas durable et après une décennie de régressions démocratiques et d’atteintes aux droits humains, le pays est fragilisé. Alassane Ouattara a polarisé la société ivoirienne. Il a transformé les contradictions politiques en enjeux communautaires. Pour son intérêt politique, Il se présente en défenseur des musulmans et de nordistes qui seraient sans sa présence à la tête l’État « discriminés ». Dans les faits la politique ultralibérale qu’il a mené ces dix dernières années n’a pas été à l’avantage des classes populaires. Le nord de la Côte d’ivoire comme le reste du pays, l’immense majorité des musulmans partagent le sort des autres ivoiriens : la pauvreté. Le « forte croissance » ivoirienne tant vantée est extravertie et appauvrissante pour le plus grand nombre. Elle est captée par la clique affairiste et corrompue au pouvoir et les réseaux de la Françafrique et repars de la Côte d’Ivoire vers les paradis fiscaux et l’Europe. Selon la Banque mondiale, qu’on ne peut pas soupçonner d’être hostile à Ouattara, près de la moitié des Ivoiriens (46.1 %) vivent en situation de pauvreté multidimensionnelle et 17.6 % de plus sont vulnérables.

Le soutien sans faille de l’Union européenne au régime ivoirien, jette un discrédit sur sa parole et son action dans toute l’Afrique. Il est encore temps pour l’Union européenne et tous les États qui la compose, en particulier la France, de retenir les leçons de ce qui a amené les déstabilisations dans toute la sous-région, et de changer d’approche vis-à-vis de la Cote d’Ivoire. Cela est l’intérêt de l’Afrique et de l’Europe.

Le PGE soutient toutes celles et ceux qui œuvrent à une perspective de Paix et à la reconstruction de la démocratie en Côte d’Ivoire et exige de l’Union européenne de cesser d’être complice du régime dictatorial qui sévit en Côte d’Ivoire.

Groupe de Travail du PGE sur l’Afrique
Le 4 novembre 2020

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