Gravement malade peu avant sa mort, le Premier Ministre Hamed Bakayoko avait-il senti ses derniers moments proches ? Ce témoignage de l’écrivain Vincent Toh Bi Irié laisse bien comprendre que le Golden Boy avait senti sa mort proche, et lui seul savait qu’il n’allait pas s’en sortir de cette maladie.
18 février 2021: inquiétude autour d’Hamed Bakayoko.
Hamed Bakayoko descend les marches de l’escalier. Ces derniers jours, il est mal en point. Mais il marche seul, sans appui ni soutien. Il descend les marches de l’escalier une à une. Yolande ne le suit pas comme elle le fait depuis environ 25 ans quand il doit voyager. Elle n’est pas contente qu’il doive aller seul se faire soigner en France.
Ils en parlent depuis quelques jours et ils en parlent encore ce matin. Elle insiste. Mais il lui dit : « Chérie, ne t’inquiète pas. Ca va aller. Ce ne sera pas long. D’ici une semaine, je serai de retour. Mais si mon séjour devait se prolonger, tu me rejoindras. Reste avec les enfants ici. »
Il porte un beau costume. Il se noue lui-même la cravate. Pendant ce temps, Yolande, son épouse, vérifie qu’il n’a rien oublié dans les placards. Quand il a fini de s’habiller, il la serre dans ses bras, l’embrasse et sort de la chambre. Elle entend ses pas s’éloigner dans l’escalier. Elle perle des larmes. Elle sait que son mari n’est pas au mieux de sa forme, mais elle n’imagine pas que c’est si grave.
Au bas de l’escalier, il rencontre le blanchisseur Emmanuel qui le regarde d’un œil inquiet. Il s’arrête un moment devant lui et lui dit : « Merci Emmanuel. Merci ». Il appelle son majordome Antonio. Il lui dit trois (3) fois « Merci». Le blanchisseur et Antonio ne comprennent pas. Merci pour quoi ? Ils sont à son service depuis une vingtaine d’années et il n’a jamais eu une voix aussi grave quand il leur parle.
Dans les témoignages passés, je vous ai dit qu’Hamed Bakayoko appelle son personnel et ses collaborateurs avec une voix énergique qui ressemble même à une agression quand vous n’êtes pas habitués à lui. Mais là, ce matin du 18 Février, Hamed est calme. Il remercie son personnel sans aucune raison apparente et sans aucune transition, au moment où il doit voyager. Il rentre dans son bureau, prend quelques documents personnels avant de se diriger vers la voiture déjà garée devant l’escalier de sa maison, comme toujours quand il doit sortir.
Yérim, son fils, le rejoint dans le vestibule avant la porte principale. Yérim insiste pour accompagner son père à Paris, comme vient de faire sa mère, parce qu’il voit bien qu’il n’est pas très en forme : « Papa, je veux t’accompagner ». Son père le rassure : « Ne t’inquiète pas, Yérim. Ca va aller ».
Pendant ce temps, leur deuxième fils Yohann-Hassan joint son père au téléphone pour lui souhaiter un bon voyage.
Hamed Bakayoko ouvre la porte principale. Toute sa garde est là. Ses éléments lui donnent les honneurs. Des persiennes des fenêtres de la chambre, Yolande regarde son mari descendre les 05 dernières marches qui le mènent à la voiture. Hamed ne rit pas. Il ne sourit pas. C’est inhabituel. Tous les gardes de la résidence sont debout.
Ils sont tous dans une grande émotion. Ils savent que quelque chose ne va pas. Il y a eu beaucoup de bruits autour de la santé d’Hamed Bakayoko ces temps-ci. Et ils constatent que leur patron n’a plus sa même énergie depuis quelque temps. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que les honneurs qu’ils rendent à Hamed Bakayoko ce matin à 11 heures sont les derniers qu’ils lui rendront de sa vie (…)
Cela faisait quelques jours qu’Hamed Bakayoko n’était pas sorti et la maison était devenue étrangement calme. D’ordinaire, il pouvait recevoir des visiteurs jusqu’à 2 heures ou 3 heures du matin. Il y avait toujours du monde et du bruit, dans la partie de sa maison où il avait son bureau et le salon des visiteurs. Mais les fréquentations étaient devenues rares et très filtrées. Hamed avait besoin de solitude familiale.
En 30 ans de vie active, Hamed n’avait jamais été vraiment malade au point de garder le lit. Il avait eu par le passé de petites crises de paludisme et la grippe dont il avait une peur bleue. Mais il n’avait jamais été vraiment malade de façon inquiétante. D’être subitement diminué au point de ne pas poursuivre ses activités le contrariait beaucoup.
Depuis la crise Covid, Hamed Bakayoko tenait beaucoup de réunions à son domicile. Cela pouvait expliquer que vers la mi-Février 2021, il se soit absenté des bureaux de la Primature pendant quelques jours. Cependant, même dans sa résidence privée, les agents de sécurité ne l’apercevaient plus depuis 3 jours qu’il était rentré dans la maison.
Il m’a été rapporté qu’après cette réunion de Février 2021, le Président de la République a multiplié les contacts et pris toutes les mesures nécessaires pour qu’Hamed Bakayoko aille se faire soigner ou trouver des explications à sa méforme apparente.
Il m’a été également rapporté qu’Hamed recevait des tonnes de messages de soutiens auxquels il répondait ou qu’il lisait. Il était conscient de tout le bouillonnement dans la presse et sur les réseaux sociaux et des sarcasmes déversés par certains sur lui et sur son état de santé. Il avait lui-même une attitude vis-à-vis des réseaux chaque fois qu’il y avait de mauvaises informations le concernant : « Pourquoi subir le masochisme d’aller dans des réseaux sociaux où vous êtes braisés tous les jours ? »
Quand après 3 jours, les gardes le voient, ils lui rendent les honneurs.
Hamed s’asseoit dans le véhicule, qui démarre presqu’aussitôt. Il arrive à l’aéroport et s’installe avec son fidèle Tony (Zohoury Ouréga Norbert), son ami, son protocole et son allié depuis plus de 30 ans. Il prend son téléphone et appelle (…).