Le mercredi 27 janvier 2021, une délégation officielle ivoirienne composée du Grand Médiateur Adama Tounkara et de l’ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, est aux obsèques de Jerry Rawlings (décédé le 12 novembre 2020 à 73 ans), au Ghana. Les images font tout de suite le tour des réseaux sociaux en Côte d’Ivoire, entre ceux qui s’indignent de la présence d’un opposant, dans une délégation officielle et ceux soutiennent qu’il n’y a rien de mal en cela.

« Le Président Ouattara a délégué le président Affi N’Guessan et moi-même à le représenter aux obsèques du Président Jerry Rawlings, nous avons donc présenté nos condoléances à la veuve madame Rawlings au Président Nana Akufo Addo et aux peuples ghanéens. Nous sommes très honorés d’avoir représenté le Président ». Ces propos du Grand Médiateur qui sont passés en boucle sur la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) ont semé le doute dans l’esprit de nombreux sympathisants de l’opposition.

Interrogé avant Adama Toungara, par la même équipe de la RTI, dans le même reportage, Pascal Affi N’Guessan, président du FPI, avait, de son côté affirmé : « Le NDC (National democratic congress de Rawlings, ndlr) est un parti frère au Front populaire ivoirien, un parti avec lequel nous partageons les valeurs communes de gauche, nous sommes, ensemble, membres de l’International socialiste, nous travaillons régulièrement ensemble.

Le NDC nous a beaucoup soutenus pendant les moments difficiles de notre histoire, de l’histoire du Front populaire ivoirien. Le Président Rawlings lui-même en tant que grand panafricaniste avait besoin que le Front populaire ivoirien soit aux côtés de la famille politique, aux côtés de la famille biologique, au moment où il nous quitte ».

On a donc d’un côté, Adama Toungara qui soutient que Pascal Affi N’Guessan était au Ghana, comme émissaire du Président Alassane Ouattara et de l’autre côté, Pascal Affi N’Guessan qui déclare qu’il est dans ce pays, en sa qualité de président d’un parti socialiste qui a tissé avec le parti de Rawlings et avec le défunt, des relations importantes. Mais dans ce cas, pourquoi le président du FPI n’a pas recadré le Grand Médiateur ? « C’est une question d’élégance politique. Il a eu une posture d’homme d’Etat », répond l’un de ses communicants.

Trois jours pour se préparer

De fait, tout commence le dimanche 24 janvier 2021. A Bongouanou où il s’est rendu sur ses terres et où il a reçu un accueil d’enfant prodige, Pascal Affi N’Guessan a reçu l’appel du Premier ministre Hamed Bakayoko. Réputé ouvert, Hambak maintient le dialogue avec de nombreux opposants.

Le Premier ministre d’Alassane Ouattara explique à l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo, sorti récemment de prison suite aux événements postélectoraux, que le Président de la République a souhaité qu’il participe aux obsèques de Jerry Rawlings, en tant que chef du parti socialiste par excellence en Côte d’Ivoire.

Affi estime que ce coup de fil tombe à pic, d’autant que lui-même avait introduit une demande auprès des autorités, en vue d’obtenir un laisser-passer à l’aéroport, étant donné qu’il est sous contrôle judiciaire et qu’il avait souhaité se rendre au Ghana pour le même événement.

Les autorités avaient-elles déjà vu la requête d’Affi et voulaient-elles poser un geste supplémentaire d’ouverture à l’endroit de l’opposition ? Nul ne le sait. Toujours est-il que, sur place au Ghana, la délégation ivoirienne constatera que des socialistes sénégalais, opposants à Macky Sall, faisaient aussi partie de la délégation officielle du Sénégal.

Prudent, Affi rentre sur Abidjan et prend toutefois soin d’introduire, via son avocat, la requête en vue d’obtenir un laisser-passer officiel. Il se rend dans un centre Covid-19, pour son test. La veille du voyage, il obtient effectivement son laisser-passer, ainsi que les résultats négatifs de son test au Coronavirus.

C’est à l’aéroport, au salon d’honneur qu’il rencontre Adama Toungara, avec lequel il n’avait eu aucun contact auparavant. La délégation du pouvoir étant conduite par ce dernier, accompagné de Ephrem Enoh, directeur de cabinet adjoint au Vice-Président et de Mme Odette Ehui, présidente des femmes du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), dont l’époux, Bernard Ehui Koutouan, avait été ambassadeur dans ce pays, jusqu’à sa nomination comme sénateur.

La délégation s’est rendue au Ghana à 7h, sur un vol officiel effectué par un avion de la flotte présidentielle. Elle est retournée en Côte d’Ivoire, aux alentours de 15h.

Ivoir’Hebdo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *