Monsieur le Ministre,
Je me permets d’attirer votre attention sur la situation en Côte d’Ivoire.
En 2016 rentre en vigueur une constitution qui rend impossible un troisième mandat présidentiel. En 2020 le président sortant, Alassane Ouattara, s’arroge le droit de se présenter à un troisième mandat contraire à cette constitution et à ses propres engagements de ne pas se présenter à un troisième mandat qu’Emmanuel Macron avait salué.
S’ensuit une mascarade électorale dont la Mission internationale d’observation électorale (MIOE) dira qu’il s’agit « d’un scrutin « non inclusif et boycotté qui laisse un pays fracturé ». Malgré des appels au dialogue émanant notamment d’institutions internationales ainsi que de l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo, le pouvoir effectue une fuite en avant, mettant en place une répression de ceux qui s’y sont opposés.
Cette répression se traduit par des arrestations, des séquestrations et des tirs à balles réelles qui se sont soldés par de nombreux morts dont au moins six le lundi 9 novembre 2020. La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a exprimé de vives préoccupations à ce sujet. Tout comme mon collègue parlementaire Jean-Paul Lecoq je m’inquiète de la situation dans ce pays qui est induit par le vide démocratique qui y règne.
La France doit agir sans tarder en faveur de la levée des mesures arbitraires qui touchent des Ivoiriens dont Assoa Adou, secrétaire général du Front Populaire Ivoirien, Pascal Affi N’Guessan, ancien candidat à l’élection présidentielle et Henri Konan Bédié également ancien candidat à la présidentielle et président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA). Ces mesures seraient indispensables en vue d’engager un dialogue que notamment l’ONU appelle de ses vœux et dans l’esprit de la célèbre maxime ivoirienne « asseyons-nous et discutons ».
Ce dialogue viserait à ce que le peuple retrouve les instruments démocratiques de sa souveraineté qui passe in fine en Côte d’Ivoire par la tenue d’une élection inclusive, libre ainsi que pluraliste pour sortir de l’impasse actuelle. Cette dernière si elle devait perdurer aura comme résultat une détérioration d’une situation déjà dangereuse. Cette élection, qui respecterait les dispositions légales, constituerait la seule issue durable pour ce pays et ce peuple. Je vous serais reconnaissant, Monsieur le Ministre, de bien vouloir m’indiquer ce que notre pays compte faire en ce sens.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes salutations les plus distinguées.
Pierre Laurent
Sénateur de Paris
Vice-président du Sénat