Il y a un mois, le 10 mars 20t21, la Côte d’Ivoire perdait son Premier ministre. Le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (Rhdp) se relèvera-t-il jamais de la mort subite d’Hamed Bakayoko, l’une de ses valeurs sûres ? La question taraude l’esprit de nombre de militants et personnalités de ce parti depuis l’annonce de son décès.
C’est que l’ex-Premier ministre et ministre de la Défense était une pièce maîtresse du système Ouattara. Proche parmi les proches du couple présidentiel, Hamed Bakayoko entretenait une relation très étroite avec les Ouattara et cela depuis plusieurs décennies. Il aura été de tous les combats qui ont jalonné le parcours politique d’Alassane Ouattara.
Engagé et déterminé, il était là durant les années de braise qu’a vécues le Rassemblement des Républicains (Rdr). Les Ouattara ont su compter sur sa fougue et ses qualités de fin stratège pour affronter l’hostilité politique à laquelle ils ont été confrontés dès leur entrée sur la scène politique nationale. Hamed Bakayoko a, en effet, été d’un précieux apport quand il s’est agi de penser la stratégie pour contrer la machine répressive du régime Bédié d’alors.
RHDP : Qui pour remplacer Hambak Durant les années ayant suivi la rébellion de 2002, il était encore là, aux côtés des Ouattara et du Rdr pour que le parti demeure une force incontournable sur l’échiquier politique national. Il a su donner de lui-même pour que les jeunes du Rdr continuent de garder foi en leur parti. Son style parfois décontracté et son langage accessible aux communs des mortels, lui ont valu d’être le chouchou d’une bonne frange des militants de son parti. Durant la crise post-électorale, il était encore là.
Toujours au cœur du système sécuritaire et de la stratégie politique visant à faire plier le farouche adversaire qu’était l’ex-président Laurent Gbagbo. Ce n’est pas un hasard s’il a été l’un des membres du gouvernement le plus coté dès l’accession d’Alassane Ouattara au pouvoir. Il a été, en effet, ministre d’Etat quand il n’en fallait qu’un seul, a occupé des postes stratégiques comme ceux de ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, puis ministre de la Défense, qu’il cumulait avec le poste de Premier ministre au moment de sa mort. C’est ce pion essentiel du dispositif Ouattara qui s’en est allé le 10 mars 2021, au grand désarroi de ses compagnons de lutte.
Lesquels admettent qu’avec le décès d’Hamed Bakayoko, le parti au pouvoir perd un pilier essentiel. Sa mort laisse, en effet, un vide sidéral, un véritable cratère au sein du Rhdp. Où l’on s’interroge sur la personnalité à même de combler ce vide. Qui pourra remplacer Hamed Bakayoko dans le système Ouattara ? Qui saura être ce trait d’union qu’il a été entre des acteurs politiques de l’opposition et ceux du parti au pouvoir ? Qui saura être cette personnalité à la loyauté éprouvée en qui Alassane Ouattara peut avoir une confiance quasi aveugle comme ce fut le cas avec Hamed Bakayoko ?
Qui saura gagner l’adhésion des citoyens lambda à la cause de Ouattara par son altruisme et son humanisme comme le fit l’ex-Premier ministre ? Qui saura être la synthèse de toutes ces valeurs qui caractérisaient Hamed Bakayoko et aider ainsi le parti au pouvoir à relever les défis énormes qui se dressent devant lui au cours de ce quinquennat ?