Arrêtés le 23 décembre 2019, ce lundi 23 novembre 2020 marque le 11e mois de privation de liberté pour plusieurs proches de Guillaume Soro.

11 mois que dure leur calvaire ! Ce lundi marquait en effet le 11e mois de privation pour cinq proches de l’ancien président de l’Assemblée nationale. Ils ont été arrêtés le 23 décembre 2019, après le retour manqué au pays de Guillaume Soro. Selon le procureur de la République, Richard Adou, il leur est reproché les faits de « trouble à l’ordre public, diffusion et publication de nouvelles fausses jetant le discrédit sur les institutions et leur fonctionnement et ayant entrainé une atteinte au moral des populations ».

QUID DU FLAGRANT DÉLIT

Le magistrat avait même évoqué le flagrant flagrant délit pour justifier leur interpellation ce 23 décembre 2019. L’on espérait donc que leur procès se tiendrait très rapidement. En janvier 2020, Amnesty International qui s’était emparé de ce dossier, avait recommandé aux autorités ivoiriennes de garantir un procès équitable à toutes les personnes arrêtées.

« Les autorités de Côte d’Ivoire doivent garantir le droit à un procès équitable aux membres de l’opposition et leurs proches qui ont été arrêtés ces deux dernières semaines et veiller à ce que ces personnes puissent consulter leurs avocats et bénéficier de soins médicaux», avait réagi l’organisation de défense des droits humains le 10 janvier 2020. Mais plusieurs mois, aucun procès n’a pu se tenir pour situer la responsabilité de ces mis en cause dans les faits qui leur sont reprochés.

11 MOIS SANS PROCÈS

« Ces faits prévus et punis par les articles 179, 183 et 190 du code pénal étant de nature délictuelle, leur renvoi devant le Tribunal Correctionnel pour y être jugées conformément à la loi, a été requis », a pourtant indiqué en conférence de presse le 6 octobre 2020 le chef du Parquet du Plateau.

Entre-temps, en fin septembre dernier, soit après 9 mois de détention sans jugement, une dizaine de proches du président de Générations et peuples solidaires (GPS) ont pu bénéficier de remise en liberté provisoire, tout en restant inculpés. Au nombre de ces prisonniers proches de Soro ainsi ainsi libérés, figurent plusieurs députés dont celui de Sirasso, Soro Kanigui Mamadou qui a, depuis lors, viré au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir.

LIBERTÉ PROVISOIRE POUR CERTAINS

Et, contrairement à ses compagnons d’infortune qui ont bénéficié de cette mesure de remise en liberté provisoire, interdits de toute activité politique, Soro Kanigui Mamadou, lui, a repris les siennes sans être inquiété outre mesure. Un deux poids, deux mesures flagrant, qui finit de convaincre, qu’il y a des visées politiques derrière ces procédures judiciaires.

« Guillaume Soro, ancien allié du président Alassane Ouattara, est le dirigeant du parti Générations et peuples solidaires (GPS). Il s’était déclaré candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020 et rentrait à Abidjan lorsque le procureur a annoncé qu’un mandat d’arrêt avait été émis à son encontre le 23 décembre 2019, pour tentative d’atteinte à l’autorité de l’État et à l’intégrité du territoire national. Il est également poursuivi dans le cadre d’une autre affaire pour détournement de deniers publics, recel et blanchiment de capitaux.

Les autorités ivoiriennes ont donné l’autorisation à Guillaume Soro d’atterrir mais, au cours du vol à bord de son jet privé parti le 23 décembre de l’aéroport du Bourget (France), l’avion a été dérouté vers le Ghana au lieu de se rendre comme prévu à Abidjan. Alain Lobognon, membre fondateur du GPS, a indiqué le 24 décembre 2019 à des journalistes que l’avion du candidat à la présidentielle avait été dérouté « contre son gré » vers la capitale ghanéenne, Accra, l’empêchant ainsi de « prendre part au processus électoral ».

« Les forces de sécurité ont effectué une descente au siège du parti peu de temps après l’intervention d’Alain Lobognon. Il a été arrêté avec 16 autres personnes ayant des liens avec l’opposition lors d’une vague d’arrestations qui a eu lieu entre le 23 et le 31 décembre 2019 à Abidjan. Treize personnes ont été inculpées de publication de fausses nouvelles, de trouble à l’ordre public et d’atteinte à l’autorité de l’État. Amnesty International estime que le moment choisi pour lancer une procédure judiciaire contre Guillaume Soro et les arrestations de ses sympathisants et proches sont très suspects.

Les poursuites engagées dans ce contexte sont manifestement motivées par des considérations politiques », avait estimé Amnesty International, en avril dernier. Outre ces civils, des militaires, anciennement affectés à la garde de Guillaume Soro sont également détenus. Et, à la faveur des manifestations de l’opposition ivoirienne contre le 3e mandat d’Alassane Ouattara, d’autres proches de Guillaume Soro ont été encore arrêtés. C’est notamment le cas de 5 femmes interpellées en août dernier.

Générations Nouvelles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *