Le vide temporaire ou prolongé à la tête de certaines institutions de la République, inquiète de plus en plus les Ivoiriens.

La Côte d’Ivoire vit l’une des périodes les plus fragiles de toute son histoire au plan institutionnel. C’est le moins que l’on puisse écrire quand on regarde les vacances de fait ou les indisponibilités des titulaires de la plupart des institutions.

De la vice-présidence de la République au Conseil économique, social, environnemental et culturel, dépourvus de leurs premiers responsables en passant par l’Assemblée nationale, le Sénat et la Primature dont les locataires sont hors du pays pour raison de santé, le constat est inquiétant. La seule institution qui tourne véritablement en ce moment est la présidence de la République.

LES INTERROGATIONS DES IVOIRIENS

Ces vacances et autres indisponibilités plus ou moins prolongées des premiers responsables de ces institutions ne manquent pas de soulever des inquiétudes au sein de la population. Certains vont jusqu’à ironiser en affirmant que « la Côte d’Ivoire est malade de ses institutions », quand d’autres affichent leurs inquiétudes quant à « la grave crise institutionnelle que cette situation pourrait provoquer en cas d’indisponibilité ou d’empêchement du chef de l’Etat à assumer l’exercice du pouvoir ». Pour ces derniers, cette situation de quasi vacance à la tête de ces institutions expose fortement et dangereusement le pays à des troubles et à de l’instabilité.

LE REGARD DES PRATICIENS DU DROIT

Tout comme les populations, les hommes de droit ne sont pas eux non plus rassurés de la situation institutionnelle que traverse notre pays ces derniers temps. Sous le sceau de l’anonymat, un juriste, enseignant à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké nous fait part de ses inquiétudes tout en justifiant celles des populations.

« Je pense qu’il y a effectivement des raisons de s’inquiéter tant au plan juridico-politique qu’au niveau de la stabilité du pays. Le peuple voit ses principaux représentants dans la quasi incapacité d’exercer leurs fonctions. Notre Constitution a mis en place un Exécutif tricéphale dans lequel le président de la République est le maître absolu.

À ses côtés, il y a un vice-président et un premier ministre. Dans la mesure où la vacance de la présidence de la République est réglée par l’accession à la fonction par le vice-président et le cas échéant, le Premier ministre, on est forcément en droit de se demander ce qui se passerait si le président de la République venait à être dans l’incapacité d’assurer la fonction de chef de l’Etat pour une raison ou une autre », a décrypté l’enseignant de l’UAO.

Pour lui, ces inquiétudes ne relèvent pas du fatalisme ou d’un quelconque pessimisme ; bien au contraire, la situation l’exige. Aussi s’inquiète-t-il quant aux répercussions que pourraient avoir une vacance de la présidence de la République dans les circonstances actuelles, c’est-à-dire sans dauphin constitutionnel opérationnel. « En cas d’incapacité du chef de l’Etat à assumer ses fonctions dans le contexte actuel, c’est la porte ouverte au désordre avec un risque élevé de voir le pouvoir passer dans la main des hommes en tenue », poursuit l’universitaire.

EN ATTENDANT LE SUCCESSEUR DE DUNCAN

A contrario quant à Geoffroy-Julien Kouao, juriste et analyste politique, il pense qu’il n’y a pas matière à s’alarmer. A l’entendre, « la Constitution dispose que si le vice-président de la République démissionne, le président de République nomme un nouveau vice-président.

L’ancien vice-président ayant démissionné en juillet 2020, son successeur devrait être connu depuis cette date. Actuellement, il faudrait attendre jusqu’en avril 2021, c’est-à-dire la rentrée parlementaire de la prochaine législature en ce sens que selon la loi fondamentale, le président nomme le vice-président en accord avec le Parlement ».

 En d’autres termes, le remplacement de Daniel Kablan Duncan, l’ancien vice-président de la République, pourrait intervenir en avril prochain, au terme des législatives du 6 mars 2021. Sur la question de l’indisponibilité des présidents des deux chambres du Parlement, le juriste et analyste politique ne s’alarme pas non plus.

« Relativement au Parlement, il n’y a pas de problème juridique. D’abord, l’Assemblée nationale, le président est toujours en fonction. En cas de non présence sur le territoire national, la suppléance est prévue par le règlement de l’institution. Ensuite, le Sénat, l’absence prolongée de son président ne pose pas de problème de fonctionnement aussi puisque la suppléance ici aussi est prévue », éclaire le spécialiste.

Générations Nouvelles

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