« Bédié m’a certes aidé, mais moi aussi je l’ai aidé », une révelation qu’a faite le porte-parole principal du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). C’était lors d’une interview dans l’émission « Instant vérité », sur la Radio télévision ivoirienne (RTI).

Initialement composé de quatre grands partis politiques, en l’occurrence le RDR, le PDCI, l’UDPCI, le MFA, le RHDP transformé en parti politique en juillet 2018, compte aujourd’hui seulement le RDR, des factions du MFA, du PIT, de l’UDPCI et des personnalités issues du PDCI. Qu’est-ce qui est à l’origine de l’effritement, ou de la dislocation de la formation politique RHDP ?

Je voudrais faire un bref rappel de l’histoire. Le RHDP, sa mise en place a obéi à trois principales étapes. La première étape, de 2005 à 2010, où il a été question de faire une alliance tactique afin d’accéder au pouvoir. C’est ce qui a été fait. Nous avons pu conquérir le pouvoir en 2011. De 2011 à 2015, nous avons parlé de rassemblement des partis politiques sous forme de groupement. Nous sommes allés aux élections, nous avons conservé le pouvoir. Et nous avons compris que pour toujours conserver le pouvoir, il y a lieu de passer à la dernière étape qui est la mise en place du RHDP. C’est ce que nous avons fait, et grâce également à la mise en place du RHDP, nous venons à nouveau d’être élus.

Mais le RHDP du départ et le RHDP d’aujourd’hui, ce n’est plus le même RHDP. Qu’est-ce qui a fait que les partis ont volé en éclat ?

Dire que les partis ont volé en éclat, c’est quand même grave. Vous savez très bien que nous avons décidé d’être ensemble, et nous avions une vision. Cette vision, c’est d’abord rassembler tous les Ivoiriens, en particulier les enfants d’Houphouët-Boigny. Nous l’avons fait. Il y a eu le président Bédié qui a été le premier à parler de parti unifié à l’occasion de son discours magistral de 2014, lors de l’appel de Daoukro. A ce niveau, il n’y avait pas de problèmes. Mais ce sont les agendas cachés des uns et des autres, et les ambitions personnelles de certains membres de la coalition qui ont fait qu’il y a eu la dislocation.

Autrement dit, la mutation de la coalition RHDP en parti politique a eu finalement raison de l’esprit de rassembler ceux et celles qui se réclament de Félix Houphouët-Boigny ?

D’abord le nom du parti, quand vous voyez la dénomination, il y a le nom d’Houphouët-Boigny.

Le président Henri Konan Bédié n’est plus dans le RHDP, Mabri Toikeusse n’est plus dans le RHDP ?

Henri Konan Bédié avait signé les textes fondateurs qui créent le RHDP. Nous étions à Daoukro, c’est lui-même qui avait donné la dénomination. A un moment donné, il avait un agenda caché d’être candidat aux élections présidentielles. Et on a compris que les gens voulaient se servir du RHDP comme une sorte de tremplin pour accéder au pouvoir.

Admettez que le RHDP était une coalition de circonstance, une coalition qui était vouée à l’échec parce que c’est coalition créée purement pour des fins électoralistes. C’est cela ?

Non, pas pour des fins électoralistes. J’ai dit que le RHDP avait une vision ? C’est d’abord rassembler les Ivoiriens, mais en particulier les enfants d’Houphouët-Boigny. Nous l’avons fait. Mais aujourd’hui, il y a des gens qui trainent le pas. Mais quand vous prenez le RHDP aujourd’hui, la majorité des militants du PDCI s’y retrouvent. Aujourd’hui Mabri est certes parti mais, il n’est pas parti avec ses hommes.

Qu’en est-il du mouvement « Sur les traces d’Houphouët-Boigny » ?

Le mouvement « Sur les traces d’Houphouët-Boigny » a été créé pour promouvoir justement le RHDP au sein du PDCI-RDA.

Est-ce que vous avez atteint ce objectif ?

On a largement atteint cet objectif. Au début, il y avait de la nonchalance, mais au fur et à mesure, vous avez vu cette ruée de militants du PDCI vers le RHDP.

Pour avoir cette ruée que vous dites, au fort de la scission entre les membres fondateurs du RHDP, vous avez mené une lutte farouche contre vos anciens camarades politiques dissidents de la coalition. Qu’est-ce qui a motivé ce combat contre les frères d’hier ?

Dire c’est une lutte farouche contre des personnes, c’est trop personnaliser le débat. Nous avions une conviction. Notre conviction, c’est de faire en sorte que les enfants d’Houphouët-Boigny se retrouvent au sein du RHDP. Et à un moment donné, la personne même qui a parlé de parti unifié, a décidé de rebrousser chemin. Nous avons décidé nous, de continuer parce que nous savions que c’est la voie salutaire pour atteindre nos objectifs de rassemblement.

On vous a vu à maintes reprises reprendre le président Henri Konan Bédié, aujourd’hui les Ivoiriens veulent savoir l’état de vos relations avec Henri Konan Bédié, qui en somme vous a donné votre place sur la scène politique ivoirienne ?

Une fois j’étais venu à la télévision, j’avais présenté une photo du président Houphouët-Boigny et moi-même j’étais avec lui. J’ai prononcé ce jour-là un discours. Cela veut dire que la première personne qui est à l’origine de mon succès, c’est Houphouët-Boigny. Parce que depuis 1976, j’étais membre du PDCI-RDA à travers le MEECI. En 1995, j’ai été député. Mais bien avant j’étais vice-président du bureau national du MEECI. Alors quand j’ai été député, j’ai marqué la vie de la nation.

Mais on ne vous a pas vu à cette époque ?

De 1995 à 1999, j’étais député.

Reconnaissez au moins que le président Henri Konan Bédié vous a aidé ?

Je reconnais. Je suis en train d’expliquer la genèse. Il m’a certes aidé, mais moi aussi, je l’ai aidé. 

Comment ?

A un moment donné, quand il y avait eu le coup d’état, en tant que député, je partais de ville en ville pour faire d’importants discours et je mettais le président Henri Konan Bédié en contact direct avec les populations. Et on avait dit le système Adjoumani. J’ai failli faire la prison à cause du président Bédié. Je suis allé le défendre en Italie. Quand je suis venu, Laurent Gbagbo m’a traduit devant les tribunaux.

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