Le peuple du Sanwi est humilié. Il est humilié par un de ses fils qui a voulu se prendre pour plus gros qu’un bœuf. Ce fils, c’est Marcel Amon-Tanoh. Il a embarqué tout le peuple du Sanwi dans une aventure sans issue, celle de l’opposition frontale au pouvoir. Des chefs, des jeunes et des femmes, l’ont suivi pour ne récolter finalement que la honte. 

En effet, le lundi 25 janvier 2021, Amon-Tanoh a fait une volte-face stupéfiante en venant demander publiquement pardon à Alassane Ouattara pour l’avoir offensé ! 

« J’ai conscience d’avoir profondément heurté le Chef de l’État, à qui je tiens à présenter publiquement mes sincères excuses, et à exprimer mes regrets aux Ivoiriens. Cependant, je tiens à rappeler que dès 1993, il y a de cela 28 ans, quelques mois avant le décès du Président Félix Houphouët-Boigny, j’ai pris fait et cause pour Monsieur Alassane Ouattara, alors qu’il était Premier ministre et que beaucoup considéraient déjà qu’il n’était plus fréquentable » écrivait-il sur sa page Facebook, en guise de mea culpa pour implorer la clémence d’Alassane Ouattara. 

Ce revirement a surpris plus d’un, car le 10 octobre 2020, il bombait la poitrine au Stade Félix Houphouët-Boigny en déclarant ceci : « Aucun Ivoirien ne ferait à ses frères ivoiriens, ce qu’Alassane Ouattara nous fait ! Aucun Ivoirien ne prendrait la Côte d’Ivoire en otage (…). N’ayez pas peur. Nous sommes prêts à mourir pour notre pays. Nous sommes prêts à libérer notre pays de la dictature d’Alassane Ouattara. Nous sommes prêts ! Nous ne reculerons plus devant rien ! Nous sommes debout ! Nous en avons marre ! Dites-lui de libérer notre pays et de nous le rendre ! »

Avec sa démission du gouvernement et cette déclaration musclée, l’ancien collaborateur d’Alassane Ouattara venait, croyait-on, d’intégrer la famille de l’opposition. Mais tout le monde se trompait. On peut aujourd’hui se demander si Amon-Tanoh n’était pas un émissaire du Président Ouattara pour infiltrer l’opposition et la déstabiliser ! Rappelons-nous sa déclaration critique envers le CNT, le lundi 9 novembre 2020, en pleine crise post-électorale : « Je déplore la création du Conseil National de Transition qui n’a aucun fondement légal et qui ravive les tensions et les risques d’affrontements ». Il venait de semer les graines de la zizanie au sein de l’opposition qui, jusque-là, présentait un front uni. 

Le nouvel opposant Marcel Amon-Tanoh, condamnait le CNT, s’en démarquait et appelait au dialogue sans conditions ni préalables avec Alassane Ouattara. Pour être honnête, sa position était aussi celle de l’EDS de Laurent Gbagbo et défendue par Assoa Adou. Déniant toute légitimité au CNT, il a opté pour une posture « aplaventriste » face à Alassane Ouattara. Dire que moins d’un mois auparavant, il pérorait avec véhémence devant une foule de plusieurs milliers de militants de l’opposition rassemblés au stade Houphouët-Boigny ! L’ivresse du micro aidant, il s’était pris pour un lion. Las, sa bravoure n’a fait pas long feu. La bombe Marcel Amon-Tanoh s’est révélée finalement n’être un petit pétard mouillé.  

En fait, sa déclaration de compromission est l’œuvre de plusieurs facteurs combinés.

Le plus récent est qu’il a peur de faire face aux conséquences de ses actions, lorsqu’il avait la gestion du ministère de la Construction. Après sa démission fracassante et les propos durs qu’il a tenus contre Alassane Ouattara, ce dernier est entré dans une colère noire. Il a promis de s’occuper de Marcel Amon-Tanoh après l’élection présidentielle. Il a ordonné que soit constitué un dossier récapitulatif de toutes les malversations dont son ancien compagnon de lutte s’est rendu coupable, notamment lorsque ce dernier avait la gestion du ministère de la Construction sous Laurent Gbagbo. Et également quand il avait en charge la gestion d’une partie des fonds du cabinet présidentiel, quand il était alors directeur de cabinet d’Alassane Ouattara lui-même. Il a promis de poursuivre en justice Marcel Amon-Tanoh et de faire en sorte qu’il soit arrêté et emprisonné. 

Né en 1951, Marcel Amon-Tanoh a 70 ans cette année. L’envoyer en prison serait le condamner à une mort certaine. Ensuite, il faut savoir que le néo-opposant avait des soucis domestiques. Marié à la belle Kady Touré, de 35 ans sa cadette, il doit trouver les moyens de les entretenir, elle et le nouveau-né qu’il lui a donné. La cagnotte qu’il s’était constituée pour vivre tranquillement le reste de ses vieux jours, a commencé à fondre comme neige au soleil, quand il s’est piqué de devenir président de la République.

Effrayé par l’idée d’aller en prison, Amon-Tanoh a commencé à envoyer des mails à Alassane Ouattara pour lui demander pardon pour les différentes offenses à son endroit et solliciter sa clémence. Alassane Ouattara n’a répondu à aucun de ses messages. Il était déterminé à faire payer à son ancien ami, sa trahison. Inquiet, le Ministre Marcel Amon-Tanoh a sollicité Kouadio Adjoumani, Ambassadeur de Côte d’Ivoire en Suisse, qui est son meilleur ami, pour lui demander d’aller supplier Alassane Ouattara.

Mais, l’intervention de l’Ambassadeur Adjoumani n’a fait ni chaud ni froid au Président, qui refusait de lui pardonner sa trahison. 

Alors apeuré, ce dernier s’est tourné vers son père, l’ancien ministre Lambert Amon-Tanoh âgé de 95 ans, pour aller demander pardon au chef de l’État. Le vieil homme presque centenaire a dû se déplacer jusqu’à la résidence d’Alassane Ouattara pour le supplier, les larmes aux yeux, de ne pas emprisonner son fils. Cette intervention a finalement ramolli Alassane Ouattara.

Puisque Marcel Amon-Tanoh lui avait manqué de respect en public, le chef de l’État a exigé que ce dernier vienne lui demander pardon publiquement ! Le traître devait faire une déclaration publique pour dire qu’il ne l’avait jamais traité d’étranger et ainsi solliciter sa clémence et son pardon. L’offre fut rapidement acceptée. C’est piteusement que Marcel Amon-Tanoh, après seulement quatre mois dans l’opposition au cours desquels il n’a connu ni l’exil ni la prison, est venu faire amende honorable la queue entre les jambes.

En français cela s’appelle : « aller à Canossa ». Lui qui prétendait qu’il était un grand connaisseur et admirateur de Félix Houphouët-Boigny, est visiblement loin de suivre l’exemple du père fondateur de la Côte d’Ivoire ! Si Houphouët-Boigny avait été un renégat, l’histoire de la Côte d’Ivoire serait toute autre ! 

D’autres facteurs sont aussi à prendre en compte dans l’affaissement moral de Marcel Amon-Tanoh. L’un des plus notables, c’est que l’individu est un singleton. Il n’a pas de parti politique pour l’épauler, aucune force politique ou sociale qui le soutienne. C’est un individu isolé qui est venu rejoindre les rangs de l’opposition. 

Découvrant l’âpreté de la lutte politique, apeuré par le blocus de la résidence d’Henri Konan Bédié, l’arrestation d’Affi N’Guessan et de Maurice Kacou Guikahué, puis la fuite d’Albert Mabri Toikeusse, il a paniqué et a compris qu’il n’était pas de taille. Il a préféré demander pardon et rentrer sagement dans les rangs, oubliant au passage que sa fausse bravoure au Stade Houphouët-Boigny a conduit des centaines d’Ivoiriens dans les rues, dont certains y ont perdu la vie.

Les Ivoiriens se rendent compte aujourd’hui, qu’il n’a pas la colonne vertébrale pour diriger la Côte d’Ivoire, un pays en crise et au bord de l’explosion. L’indignité ici, c’est d’aller demander pardon au seul Alassane Ouattara, non pas qu’il est convaincu de ses torts, mais parce qu’il veut continuer à mener une vie de rentier ! Et les villageois du Sanwi qu’il a envoyé à l’abattoir ?

Eux aussi méritent que le fils indigne aille demander pardon à ses parents et à toute la Côte d’Ivoire ! Sa seule gloire pendant sa très brève carrière d’opposant, se sera limitée aux quelques minutes, où il a tenu le micro pour faire le faux brave devant la foule des militants de l’opposition mobilisés. 

De la vie de Marcel Amon-Tanoh, l’histoire retiendra les élucubrations fantaisistes ! N’est pas opposants comme Simone Gbagbo ou Guillaume Soro qui veut, mais qui peut.

CHRIS YAPI NE MENT PAS.

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