Le ministre d’État, ministre de l’Agriculture et du Développement rural n’a pas fait le déplacement de Korhogo où se tenait, ce samedi 13 novembre 2021, la grande messe des cadres et élus du « grand nord ». Du coup, l’éléphant du Gontougo risque fort de se mettre à dos beaucoup de gens. Et les conséquences personnelles pourraient être terribles ! Kobénan Adjoumani, le regard perdu vers un ailleurs fait d’incertitudes et de menaces (Photo Web)
Une audio a circulé sur les réseaux sociaux. On y entendait clairement le ministre d’État Kobénan Kouassi Adjoumani jurer sur tous ses dieux qu’il ne se mêlerait jamais dans les histoires de l’Union des élus et cadres du grand nord (Ugn). Il indiquait que le Gontougo n’a jamais fait partie du « grand nord » et qu’il a sa propre histoire et ses intérêts propres. Si cette région devait faire partie d’un grand bloc régional, de son point de vue, ce serait plutôt celui du « grand est ».
L’audio n’a jamais été dénoncé par l’intéressé lui-même. En fait de réactions, seuls un ou deux cyberactivistes du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) ont défendu mollement le ministre. Gilbert Koné Kafana, le maître d’œuvre de cette union qui suscite la suspicion, jusque que chez certains cadres du nord, a répondu à Adjoumani au cours de l’assemblée générale, en affirmant que le Gontougo est bel et bien, une partie du « grand nord ».
Cette sortie du ministre auprès du Président de la République chargé des Relations avec les institutions de la République et maire de la commune de Yopougon donne non seulement du crédit à l’audio, mais surtout montre que cette affaire est prise très au sérieux au niveau du régime d’Abidjan. Abou Gbagbé, le fils de l’est qui vient diriger le nord !
Adjoumani ne s’est pas rendu à Korhogo, au cri de ralliement des élus et cadres du « grand nord ». Il a choisi le boycott et a donc joint l’acte à la parole. Le vin est à présent tiré et il faut le boire sans grimaces. Le fils d’Amanvi va-t-il rendre démission comme il le menaçait et comme avant lui, l’ancien vice-président de la République, Daniel Kablan Duncan et le ministre Amon Tanoh ?
Cette question est d’autant plus importante que c’est un fils du Gontougo, en l’occurrence Abou Gbané, administrateur financier qui a été choisi pour diriger cette association régionaliste. Le Gontougo vient ainsi et de fait introduit dans le « grand nord », au grand dam du ministre d’État !
De deux choses, l’une. Soit Kobénan Kouassi Adjoumani rend immédiatement démission, sans autre forme de procédure, soit il se replie sur lui-même, attendant que l’orage passe.
Dans le premier cas, il sauve son honneur, mais reste à la merci des représailles du régime d’Alassane Ouattara qu’il a pourtant servi avec zèle. Un audit de sa gestion de ses longues années passées à la tête des départements ministériels pourrait très vite sortir du chapeau. Et c’est l’angoisse et les tourments assurés .Envers et contre tous, l’Ugn a été créée (Photo web)
Si le président du Conseil régional du Gontougo ne prend pas l’initiative de « rendre le tabouret », il prendrait le risque d’une révocation humiliante, et la réclusion dans l’antichambre de la République.
Disparaître des radars, comme Daniel Kablan Duncan ou Amon Tanoh. Surtout que dans son entrain de servir le régime Rhdp, Adjoumani ne s’est pas fait que des amis. Il s’en prenait régulièrement à son parti d’origine, le Pdci et à son président Henri Konan Bédié.
Qui ne se souvient de l’affront fait par Adjoumani et des ministres transfuges du Pdci, à l’église catholique en s’introduisant sans autorisation à la cathédrale Saint Paul du Plateau pour y tenir une conférence publique dans le but d’invectiver le clergé de cette église et sur la pelouse-même de ce lieu sacré de culte ? La mémoire collective ne s’efface pas en un tour de main ! Au-delà des conjectures, ce qui est acquis, c’est que la petite rébellion de l’ancien protégé de Bédié ne sera pas sans suite. Attendons donc de voir !
Théodore Sinzé