L’arrestation de Sess Soukou Mohamed dit Ben Souck au Mali montre qu’Alassane Ouattara n’est pas encore décidé à fumer le calumet de la paix avec son « fils rebelle » et ses compagnons. Cela montre également que l’ancien Premier ministre perturbe le sommeil de celui dont il a contribué fortement à installer au palais présidentiel.

Dans la nuit de mardi 10 au mercredi 11 août, un communiqué de Touré Moussa, directeur de la communication du président de Générations et peuples solidaires (GPS) informait l’opinion de l’enlèvement de Sess Soukou Mohamed, ancien député-maire de Dabou et cadre du mouvement de Guillaume Soro par des individus armés et cagoulés en pleine rue de Bamako.

Le lendemain, mercredi, autour de 21 heures, un communiqué du procureur de la République près le tribunal de grande instance de la commune IV du district de Bamako, Idrissa Hamidou Touré, annonce que ce proche de l’ancien président de l’Assemblée nationale a été arrêté par la gendarmerie malienne, en exécution d’un mandat d’arrêt international émis contre l’ancien élu ivoirien, le 16 novembre 2020 par les autorités ivoiriennes.

UNE AFFAIRE ROCAMBOLESQUE

Raisons évoquées, il serait auteur d’actes subversifs pouvant admettre une qualification pénale. La manière et le procédé du magistrat malien attire la curiosité sur tous les angles et laisse entrevoir que les nouvelles autorités maliennes sont dans une opération de séduction du pouvoir d’Abidjan. Comment comprendre que c’est finalement maintenant que le Mali se décide à exécuter un mandat d’arrêt international émis depuis décembre 2020 ?

Quel est l’élément qui est intervenu dans l’affaire et qui aurait convaincu le Mali de la justesse de l’exécution dudit mandat en ce mois d’août 2021 ? En outre, dans son communiqué, le procureur bamakois annonce la mise en place d’une commission spéciale d’enquête préliminaires, relativement aux actes subversifs incriminés, identifier les différentes implications et déterminer leur volonté criminelle en vue d’une saine application de la loi.

Ce passage du communiqué montre clairement que le magistrat malien est dans un flou total. Là où l’exécution du mandat d’arrêt nécessite que le pays demandeur prouve la pertinence de sa requête et qu’en foi de quoi, le mis en cause, une fois arrêté, soit conduit devant le procureur pour être présenté devant la juridiction qui va autoriser son extradition ou non, l’homme parle de l’ouverture d’une enquête.

SUSPICIONS SUR LE MAGISTRAT MALIEN

Cela dénote clairement qu’il a ordonné l’arrestation de l’ancien député ivoirien sans maîtriser totalement les contours de l’affaire. Sinon, il n’aurait pas évoqué la mise en place d’une commission d’enquête. Mieux encore, la forme du communiqué du procureur malien donne à réfléchir. Selon lui, le proche de Guillaume Soro aurait été arrêté par des gendarmes maliens sur instruction de sa juridiction.

L’étonnement dans l’affaire est qu’il ne soit résolu à communiquer sur l’affaire seulement après un communiqué de GPS prenant l’opinion nationale et internationale à témoin du kidnapping de son cadre, en pleine capitale malienne et évoquant la responsabilité des autorités quant à la mise en péril de l’intégrité physique et la vie de cet ancien parlementaire.

C’est après coup, que le magistrat a produit un communiqué courant 21 heures. Tout ceci a l’air suspect. La suspicion grandit encore plus quand, un certain média en ligne, tenu par Méité Sindou, un ancien collaborateur de Guillaume Soro, aujourd’hui au Rhdp, avait dans les premières heures de l’annonce de l’enlèvement de Sess Soukou Mohamed, fait écho de prétendues actions subversives qu’il mènerait en relation avec le très célèbre imam Mahmoud Dicko.

UN BARBOUZE POUR JUSTIFIER L’ACHARNEMENT

Evoquant des « sources concordantes au niveau des renseignements généraux », l’article en question accuse l’ancien député-maire de Dabou d’avoir entrepris des manœuvres visant des recrutements de combattants aux frontières ivoiro-maliennes. L’auteur de l’article affirme qu’il était surveillé par les deux armées, ivoirienne et malienne, en raison de contacts présumés avec les mouvements djihadistes. Il a fini en portant une accusation grave sur Guillaume Soro sans un soupçon de preuve.

« Depuis son retour manqué à Abidjan le 23 décembre 2019, Guillaume Soro, en exil, recherche une base arrière pour préparer et y adosser des actions subversives contre la Côte d’Ivoire et le régime en place », peut-on lire dans ledit article. L’affaire prend ici la tournure d’un complot, comme Abidjan en a monté un nombre incalculable de fois, dans sa course effrénée en vue de casser Guillaume Soro et son mouvement.

En un comme en mille mots, tout ce qui se trame dans la capitale malienne en ce moment n’est rien d’autre que la poursuite de l’acharnement d’Alassane Ouattara contre l’ancien chef du Parlement ivoirien et ses proches.

Comme quelqu’un qui s’est donné le pari de ne se reposer que lorsqu’il aura réussi à réduire à néant ce « fils rebelle », le président de la République poursuit la persécution contre Guillaume Soro et ses compagnons.

Ce règlement de compte politique, qui a rythmé par moment une musique judiciaire, s’est déplacé depuis mardi en terre malienne. Cela, en parfaite contradiction du discours d’apaisement et de réconciliation tant chanté par le chef de l’exécutif ivoirien.

Générations Nouvelles  

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