Chers lecteurs,
Dans cette seconde partie, nous vous dévoilerons les préparatifs de l’attaque de Kafolo, son exécution minute après minute et nous en tirerons toutes les conséquences.
La préparation de l’attaque
L’attaque du 11 juin 2020 contre nos Forces de Défense et de Sécurité n’aurait jamais dû avoir lieu, parce que nos forces armées avaient tous les moyens de tendre une embuscade aux assaillants et neutraliser définitivement la cellule djihadiste Hamza en Côte d’Ivoire. Mais que non !
Malgré les appareils d’interception téléphoniques sophistiqués et performants, nos militaires n’ont pas été alertés et n’ont pas vu venir, pour ainsi dire, ce massacre planifié sous les yeux de nos espions.
Pourtant à Kong, tout le monde savait l’histoire de ce dozo qui, en mai dernier, a surpris les terroristes dans leur repaire en pleine nuit et a réussi à s’enfuir pour prévenir la Gendarmerie de Kong. Malheureusement, rien n’a été fait. Et cette histoire est hélas confirmée par les écoutes téléphoniques effectuées sur le téléphone du djihadiste Saïdou Sékou.
Dans un mémo classé confidentiel, le Conseil National du Renseignement (CNR) a retranscrit la conversation entre la cible et l’un de ses chefs au Burkina Faso, du nom de Massahoudou : « Saïdou Sékou a rapporté à l’homme que deux (2) combattants, dont Habanou, armés de Kalachnikov et de calibre 12mm ont surpris un dozo, lui aussi armé de calibre 12mm qui voulait entrer dans la touffe d’arbres située non loin de leur base. Ils l’ont pourchassé, mais ce dernier a pu s’échapper. Il a demandé à l’homme de rester joignable, car Migdade (SAP) voudrait lui parler. Il lui a instruit de rendre compte de leur échange à Tanimou tout en ajoutant que Abdoul Barry est reparti à Kong. Le combattant a confié à Massahoudou que les combattants n’ont pas eu le temps d’identifier le dozo, mais ce dernier est venu du sud de la base et a fui par la même direction.
Cependant, ils sont prêts à exécuter toute instruction de la hiérarchie. Le combattant a ensuite dit à Massahoudou qu’il va délocaliser sa base, même s’il pense que le dozo n’a pas le courage d’aller les dénoncer ».
Sauf que le dozo les a dénoncés et aucune opération n’a été menée contre eux par les autorités ivoiriennes. Les renseignements nous indiquent que les combattants ont commencé à se regrouper le 6 juin 2020, en vue de l’attaque du 11 juin : « un élément d’un groupe de combattants a confirmé à un second combattant appartenant à un autre groupe, qu’ils rejoindront sa position aux environs de la prière de 14h afin que les deux (2) groupes voyagent (SAP) ensemble. Le combattant du second groupe a promis de croiser le premier groupe à pieds dans la brousse et devra les aider à trouver à manger. Il a rassuré le premier combattant que les groupes bougeront après 14h, car c’est l’heure à laquelle il y a moins d’obstacles avant d’ajouter qu’un guide chargé de leur montrer les voies de contournement les attend dans le village de Korobadougou ».
Des combattants sont arrivés du Burkina Faso pour se joindre au groupe de Saïdou Sékou et ceux-là, c’étaient de vrais tueurs. Ils avaient déjà tué des militaires burkinabè ainsi que des membres de groupes d’auto-défense de ce pays. Ainsi, dans le compte-rendu quotidien qu’il fait à son chef avant le lancement de l’opération, une écoute téléphonique a permis de savoir que ces gens étaient maintenant rentrés en Côte d’Ivoire : « Saïdou Sékou a informé Massahoudou que le groupe de Tanimou, au Nord du Burkina, a abattu neuf personnes composées de FDS et de Kogleweogos et a emporté soixante (60) motocyclettes et neuf (9) véhicules. Il a précisé qu’il s’agit des combattants qui étaient à la poursuite des éléments de l’EIGS ».
Quand ils ont rejoint la position de Saïdou Sékou en Côte d’Ivoire, ils ont commencé à observer les mouvements des FDS et à étudier leurs positions. Ils n’avaient aucun mal à se fondre dans la population, car ils avaient des complices locaux. Un rapport d’écoutes téléphoniques laisse apparaitre cette information : « deux (2) combattants non identifiés ont rendu compte à un homme qu’ils n’ont pas pu terminer leur mission d’observation des FDS en ville à cause de la pluie. Ils ont néanmoins fait ressortir que le camp principal des FDS, non clôturé, se trouve à proximité d’un centre de santé, mais qu’ils n’ont pas eu le temps d’observer le poste de contrôle situé vers le pont. Les combattants ont précisé qu’ils ont un hôte dans la ville chez qui ils ont passé la nuit avant d’aller observer le matin ».
Une autre fiche de renseignement datant du 6 juin 2020 à 6h49 indique ceci : « un combattant non identifié a rapporté à un homme que les FDS ne campent plus au village voisin de leur localité, mais elles patrouillent fréquemment ».
Les djihadistes ont donc pu observer patiemment les mouvements de nos soldats, leur nombre, le nombre de leurs véhicules, leur armement, leurs heures de patrouille, les heures de relève des sentinelles etc. Quand ils ont eu les informations dont ils avaient besoin avant de lancer leur attaque, Saïdou Sékou, dont le téléphone avait été mis sur écoute, a appelé son patron au Burkina Faso pour lui rendre compte et demander l’autorisation de déclencher l’opération.
Les fiches de renseignement du 7 juin 2020 rapportent ceci : « 14h53 : Saïdou Sékou a instruit à des hommes, qui étaient allés en observation d’une position, de vite replier à la base. Il a laissé entendre aux hommes qu’il va joindre Massahoudou. Selon ses propos, le numéro masqué qui avait tenté de joindre les hommes était celui de Massahoudou.
15h28 : Saïdou Sékou a rapporté à Massahoudou que ses combattants qui étaient en mission d’observation de la voie ont fini leur mission et sont même rentrés à la base. Selon ses propos, son GAT (ou cellule) est désormais prêt pour attaquer les FDS qui empruntent cette voie. Saïdou Sékou a recommandé à Massahoudou de faire l’effort pour abattre au moins un FDS, car elles patrouillent permanemment vers sa base. Il a même proposé à Massahoudou d’organiser une attaque avec Aymane en attaquant des côtés Ouest, Nord et Est, car le Sud c’est la mare », c’est-à-dire le cours d’eau.
Et, comme planifié par les djihadistes, l’attaque du camp de Kafolo a eu lieu selon trois axes croisés, qui n’ont laissé aucune chance de survie aux pauvres soldats endormis.
La négligence criminelle ou l’incompétence des autorités ivoiriennes
Les angoissantes questions qui viennent à l’esprit quand on voit le luxe de détails dont disposaient les services de renseignement ivoiriens sont :
– Pourquoi le Gouvernement n’a-t-il pas anticipé cette attaque qui a coûté la vie à 11 soldats du bataillon d’artillerie sol-air, 01 soldat du 4ème bataillon d’infanterie et 01 gendarme de l’escadron 6/4 de Kong ? Incompétence ou négligence coupable ?
– Pourquoi a-t-on laissé mourir ces jeunes gens, alors qu’on savait parfaitement qu’ils allaient être attaqués de façon imminente ? Dans ces circonstances, à quoi servaient les écoutes téléphoniques ?
– Pourquoi n’a-t-on pas détruit le nid des djihadistes, le jour où le chasseur dozo les a débusqués et a réussi à alerter les gendarmes de Kong en donnant leur position exacte ?
– Et surtout, pourquoi les renseignements obtenus n’ont pas été exploités pour neutraliser ces terroristes avant qu’ils ne tuent nos forces armées ?
Dès lors, on est en droit de s’interroger sur les raisons de la défaillance du dispositif de la Défense nationale et sur la capacité du gouvernement d’Alassane Ouattara à protéger et garantir l’intégrité du territoire national. La Côte d’Ivoire n’est-elle pas en train de courir le même risque de désintégration que le Mali ?
Est-ce que ce fonctionnaire du Fonds Monétaire International (FMI) qui avait promis la prospérité aux Ivoiriens, à moins de 5 mois de son départ de la Présidence, abandonnera la Côte d’Ivoire aux mains des djihadistes ? Un péril que les Ivoiriens dans leur pire cauchemar n’ont jamais envisagé !
L’inculture et la méconnaissance du Président Ouattara du phénomène terroriste, notamment djihadiste, l’ont conduit à engager la Côte d’ivoire dans un engrenage effroyable pour notre pays. La spécificité de l’État Islamique dans le Grand Sahel (EIGS) est que ce sont surtout des combattants de l’ethnie Peulh. Cette ethnie nomade, composée essentiellement d’éleveurs, qui sillonne le Sénégal, le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire est connue de tous les Ivoiriens
On est en droit de s’interroger sur les raisons qui pourraient pousser cette ethnie à se radicaliser et à commettre des attentats terroristes en Côte d’ivoire.
En réalité, c’est la bravade, la mauvaise communication et la médiatisation d’un rôle surfait de la Cote d’Ivoire dans la lutte contre le djihadisme, qui allumeront les projecteurs de tous les groupes djihadistes sur notre pays.
Cette ethnie a été prise dans la nasse de la guerre que livrait l’armée malienne aux Touaregs, au nord de ce pays. Une guerre qui a engendré des dérapages qui ont fait craindre aux Peulhs un risque génocidaire. C’est ce que révèle le très sérieux quotidien français Le Monde, le 13 juin 2020. Il rappelle le massacre de la communauté Peulh du Mali avec la complicité bienveillante de l’armée malienne.
Les opérations visibles de l’armée ivoirienne auprès des armées burkinabè et malienne, n’ont pas échappé à la vigilance de ces groupes djihadistes. On remarquera qu’une approche différente de la question par le Sénégal et la Guinée-Conakry ont prémuni ces pays d’attaques terroristes jusqu’à ce jour.
Le moral de notre outil de défense et de sécurité, qui est notre armée nationale, est au plus bas. Entre les milices qu’on finance grassement et parallèlement (alors que nos soldats sont dans le dénuement le plus total), la corruption exponentielle qui règne en son sein, il est impossible de passer sous silence les plaintes et même la grogne des soldats qui sont au front dans les pires conditions à Kafolo et ailleurs.
Appréciez vous-mêmes ! Ces soldats sont choqués qu’on les envoie au front, en position avancée, c’est-à-dire pratiquement nez à nez avec l’ennemi, avec pour seule protection des abris de fortune : des dortoirs préfabriqués faisant d’eux des proies faciles. Ces abris en préfabriqué sont tellement fragiles qu’un assaillant n’a pas besoin d’entrer dans les chambres pour engager le combat. Il lui suffit de rester à distance et de faire feu à travers les contreplaqués pour fusiller tous ceux qui s’y trouvent. Et c’est malheureusement ce qui s’est passé à Kafolo.
Tous les soldats qui se sont confiés à nous, sans exception, se sont plaints de la mauvaise qualité de leurs équipements. Ils nous rappellent avec insistance et tristesse que lors du premier attentat terroriste que notre pays a connu, celui de mars 2016 à Grand-Bassam, les Forces Spéciales qui ont été engagées dans le combat ont perdu trois (03) des leurs. Tout simplement parce que les gilets pare-balles sur lesquels ils comptaient, se sont avérés être de véritables passoires face aux balles des djihadistes.
Nous le savons tous, depuis près d’une décennie, le Mali et le Burkina Faso sont l’objet d’attaques djihadistes qui deviennent récurrentes et menacent la stabilité sous-régionale. La Côte d’Ivoire étant considérée comme un pays pivot dans l’équilibre de cette sous-région, la communauté internationale, notamment la France, a estimé qu’il fallait mettre tous les moyens à sa disposition afin qu’elle puisse être une citadelle contre le djihadisme et éviter ainsi que l’Afrique de l’Ouest ne s’effondre.
Et la France n’a pas fait dans la dentelle. Pour booster les capacités de son allié ivoirien dans le combat contre le djihadisme après l’attentat de Grand-Bassam de 2016, elle a engagé un ambitieux programme de formation des soldats ivoiriens pour les préparer à cette guerre asymétrique contre le terrorisme. Elle dota la Côte d’Ivoire, à titre gracieux, de matériels d’écoute ultra perfectionnés et de logiciels les plus performants pour casser les codes de cryptage des communications afin d’intercepter les échanges des cellules djihadistes et ainsi pouvoir devancer leurs projets criminels. Les agents ont été formés à la filature, aux écoutes, aux infiltrations, etc. Bref, ils ont été formés au renseignement humain, en plus des moyens de renseignement électroniques déjà fournis.
Alors les questions qui se posent sont celles-ci : comment la Côte d’Ivoire, ce pays entrainé, équipé et doté de moyens colossaux, qui a été informé de la menace terroriste par les plus grands services secrets burkinabè, français et américain, qui a été informé de la période de l’attaque, a-t-il pu faire un tel fiasco ? Qui a mis de côté les précieux renseignements recueillis ? Qui les a négligés ?
Les réponses à ces questions constitueront un pas dans la recherche de solutions.
Nous savons tous que l’investissement massif consenti en faveur de la Côte d’Ivoire par la France pour combattre le djihadisme avait été dévoyé de son objet originel au détriment de la sécurité nationale, pour mettre sur écoute et traquer l’opposition politique, notamment MM. Henri Konan Bédié et Guillaume Soro. À eux seuls, ils mobilisaient 80% des moyens d’espionnage électroniques de la Côte d’Ivoire au détriment de la lutte antiterroriste.
N’est-ce pas irresponsable de la part du gouvernement ivoirien? Au lieu de surveiller les terroristes, il s’est attelé à traquer des opposants politiques, laissant libre cours aux djihadistes d’agir impunément.
Tous les spécialistes vous diront que le terreau fertile pour faire le nid aux extrémismes est entre autres la pauvreté, l’instabilité politique, la désunion et la division religieuse et communautaire.
Dans le cas de la Côte d’Ivoire, les ingrédients se sont progressivement compilés. Outre la grave crise politique qui a sévi dans le pays depuis plusieurs décennies, dont des coups d’État, rébellions et autres crises postélectorales, s’ajoutent dangereusement le phénomène de l’orpaillage clandestin et surtout l’installation, sous le régime du Président Ouattara, de cartels de la drogue.
Or, qui dit drogue dit terrorisme. Le lien est indissociable et l’histoire nous le démontre. Comme du miel qui attire les mouches, la drogue attire le terrorisme, l’un et l’autre se nourrissant de leur propre sève.
Il se trouve que selon les journalistes d’investigation du réputée magazine Vice, les autorités politiques de Côte d’Ivoire, notamment le Ministre d’État, Ministre de la Défense, est justement accusé d’être le parrain de la drogue en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’ouest.
Alors, ce n’est pas lui qui contestera ce constat, lui qui déclarait récemment à l’issue de l’attaque djihadistes de Kafolo que non seulement l’État ivoirien était informé, mieux le Ministre Bakayoko a confirmé le lien entre les djihadistes et les narco trafiquants, lui qui pourtant est accusé d’en être le parrain. Faut-il en rire ?
Ne nous perdons pas en conjectures citons le Ministre lui-même : « (..) On avait des informations sur cette menace de narco trafiquants alliés au terrorisme pour avoir un accès à une zone portuaire et la Côte d’Ivoire était effectivement dans la zone de mire (..) ». Qu’en penser ? A-t-on laissé faire pour se soustraire de la pression des accusations des grands médias de ce monde tels que Le Figaro ou Le Monde ? Est-ce la mise en œuvre de la théorie qui consiste à laisser le buzz tuer le buzz ? Si les événements n’étaient pas aussi tragiques pour les populations ivoiriennes, on aurait pu conclure que c’est bien joué !
Que penser du silence du Président Alassane Ouattara qui d’ordinaire est si prompt à déclarer que personne n’est au-dessus de la Loi ? Comment peut-il encore garder au gouvernement, un ministre qui fait l’objet de si graves accusations ? Et dire que dans une moindre mesure, l’ex-Ministre Adama Bictogo qui était accusé dans le scandale des déchets toxiques, a été éjecté du gouvernement comme nous l’a révélé le journal Jeune Afrique du 22 mai 2012.
Le Président de la République craint-il d’être éclaboussé s’il venait à appliquer au Ministre Hamed Bakayoko la rigueur de la Loi ? Se reprocherait-il quelque chose ? Ne serait-il pas approprié de suspendre ce ministre pour qu’il aille laver son honneur devant la justice ? Quelle crédibilité accorder alors à la lutte contre le terrorisme quand on a son propre Ministre de la Défense qui est accusé d’être le plus grand trafiquant de drogue dans la sous-région Ouest Africaine, par ricochet le plus grand nourricier du terrorisme sous-régional ?
Les Ivoiriens veulent être rassurés de ce que le Gouvernement est capable de combattre efficacement le terrorisme, car tout ceci joue et de façon déplorable sur le moral des troupes.
Effectivement, selon certains soldats, meurtris de voir leurs frères d’armes se faire canarder, il n’y a pas de doute, c’est l’incompétence, voire la complicité du gouvernement ivoirien qui est en cause. Ils accusent directement leur hiérarchie qui prospèrent dans la nébuleuse du terrorisme. Ils préfèrent garder leur progéniture loin du front, quand eux sont livrés à la merci des djihadistes.
Pire, confient-ils, les moyens que l’Europe a donné au gouvernement ivoirien pour combattre le terrorisme ont été détournés. Le matériel de combat qui leur est fourni est inadapté. Même l’argent pour leur nourriture quotidienne est insuffisant.
En plus, pour détourner les fonds donnés par la communauté internationale dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, Birahima Téné Ouattara, dont la pingrerie est connue de tous, exceptées ses jeunes maîtresses, a donné des marchés de gré à gré à des Turques pour construire à la va vite des dortoirs préfabriqués incapables de résister aux tirs de lance-pierres, a fortiori d’armes létales.
Ils sont d’autant plus révoltés qu’après l’attaque meurtrière des djihadistes, le Président de la République, Chef suprême des Armées n’a même pas daigné monter au créneau. Point de discours de compassion. Tout simplement rien. Comme si la vie de ces soldats ne comptait pas.
On a pourtant vu le Président Ouattara présent à Grand-Bassam lors des attentats de 2016. Comment comprendre ce deux poids deux mesures, quand on sait que Kong, la préfecture où l’attentat a eu lieu, est supposé être son village de rattachement ! Dans le monde, lorsqu’il y a de telles attaques terroristes qui endeuillent des pays, les chefs d’État déclenchent un mécanisme de mobilisation !
Par exemple, quand neuf (09) soldats français ont été tués sur le sol ivoirien de Bouaké en novembre 2004, le Président français Jacques Chirac a promptement réagi. Le Président Ouattara lui-même, lors de la visite du Président Macron en décembre 2019, s’est rendu à Bouaké pour s’incliner devant la mémoire des soldats français ! Les soldats ivoiriens ne méritent-ils pas une telle reconnaissance ? Tout près de nous, au Niger, au Burkina et au Mali, il en va de même. Plus qu’une simple négligence, c’est une vraie FAUTE POLITIQUE et elle aura immanquablement des conséquences profondes.
Au-delà des soldats, ce sont les populations de Kong qui sont choquées et déçues de ce mépris présidentiel. L’armée se sent de plus en plus délaissée au profit des milices qui pullulent et qui sont financées par les sbires du Président Ouattara. Nos soldats sont en colère et c’est peu dire. Ils projettent de se réunir à l’occasion des obsèques de leurs camarades afin de prendre de graves décisions. Ils entendent exiger des moyens conséquents avant de se rendre de nouveau au front :
– Ils ne veulent plus de dortoirs préfabriqués, mais des abris dignes de ce nom. Ils veulent de vraies forteresses comme bases ;
– Ils veulent des armes de combat de précision et de longues portées ;
– Ils veulent des Véhicules Avant Blindés (VAB) ;
– Enfin, ils veulent des primes de combat anti-djihadistes de 20 000 FCFA par jour qu’ils laisseront à leurs épouses avant d’embarquer pour le front.
Selon eux, leurs revendications se justifient d’autant plus qu’ils ont réalisé que les miliciens, notamment les Encagoulés, gagnaient mieux leur vie à tuer tranquillement des civils à Abidjan. On a même vu des Encagoulés s’offrir des villas à 60 millions de FCFA, alors qu’eux, qui sont au front, crèvent de faim et se font trucider.
En conclusion de cette enquête, l’on doit reconnaître quatre vérités graves sur l’incompétence notoire des autorités ivoiriennes ayant conduit au fiasco de Kafolo :
1) La corruption dans le système de défense a permis ce massacre anti-ivoirien de Kafolo. La mauvaise qualité du matériel due à des rétro-commissions perçues par la hiérarchie, a favorisé l’ennemi : dortoirs de pacotille, casques de pacotille, etc. ont offert en Holocauste la vie de nos soldats à ces djihadistes. Et ce sont les détourneurs d’argent qui en sont responsables, notamment le Ministre de la Défense Hamed Bakayoko et Téné Birahima Ouattara !
2) La politisation des services de renseignement ivoiriens : au lieu de concentrer la vigilance du renseignement sur la sécurité et la défense nationale, plus précisément sur les terroristes, les narcotrafiquants, les orpailleurs clandestins et tous les voyous de métier qui sèment la terreur en Côte d’Ivoire, le régime du Président Ouattara a passé son temps à éplucher les écoutes des opposants politiques.
3) L’absence d’un vrai dispositif de lutte anti-terroriste en Côte d’Ivoire : des services qui reçoivent des informations sur la position de l’ennemi pendant des mois, des semaines, des jours, sans anticiper est simplement absurde et incompréhensible !
4) La manipulation et la division ont atteint des sommets dans l’armée ivoirienne : le train de vie des Encagoulés, membres des milices personnelles du Ministre Hamed Bakayoko et de Téné Birahima Ouattara, est tout simplement scandaleux, tandis que tout le reste de l’armée est littéralement laissé pour compte et utilisé comme chair à canon de temps à autre.
En tout cas, l’heure est grave au sein des Forces Armées de Côte d’Ivoire. Les soldats ne sont plus prêts à aller au front sans logistique, sans moyens adéquats et sans leur prime de 20 000 FCFA par jour anti-djihadiste. No money, no lutte anti-djihadistes !
Enfin, le Président Ouattara dans sa volonté aveugle d’hégémonie expose gravement la Côte d’Ivoire au péril le plus grave de son histoire depuis 1960 : le risque de désintégration.
CHRIS YAPI NE MENT PAS.
Retrouvez Chris Yapi sur son blog Mediapart :
https://blogs.mediapart.fr/…/attentat-de-kafolo-2eme-partie…