Ces temps-ci, il ne faut pas bon d’être à la tête d’une entreprise et autres structures étatiques. En tout cas, pas pour ceux qui n’ont pas une gestion irréprochable de ces structures. La vaste opération d’audit qui a déjà fait tomber des têtes, perturbe fortement le sommeil nombreux DG.
Depuis plusieurs semaines, Alassane Ouattara a lancé une vaste opération d’audit de la gestion des entreprises publiques et parapubliques. Cette opération baptisée « main propre » a déjà fait ses premières victimes. Dans le cadre de ce passage au scanner de la gestion des structures étatiques, trois personnalités, toutes proches du parti présidentiel, ont vu leur tête « coupée ». Ainsi, Coulibaly Lamine, désormais ex-directeur général de l’Agence de gestion foncier (Agef) séjourne à la Maca.
Il lui est reproché une malversation financière portant sur près d’un milliard F CFA. Outre lui, Bilé Diémélou a aussi été suspendu de la tête de l’Autorité de régulation des télécommunications en Côte d’Ivoire (Artci). Même sort pour Yapi Ange Parfait de la Nouvelle pharmacie de la santé publique (Npsp). Dans chute, le désormais ex-DG de la Npsp a entrainé dans sa subtile mise à l’écart de nombreux collaborateurs dont le Daf Cissé Idrissa et le di recteur des logistiques, Coulibaly Teilivique Gbon, un proche de l’ancien Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
Diaby Lancina, à la tête du Fonds d’entre tien routier (FER), autre cadre du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) pourrait connaitre le même sort si l’on en croit les bruits qui circulent au sein de son parti.
D’ailleurs, les proches du directeur général du FER dénoncent une volonté de régler de compte interne à cet autre proche de feu Amadou Gon Coulibaly. Dans le courant de la semaine écoulée, pro et anti Diaby Lancina, tous du parti au pouvoir, s’étaient livrés à une guerre de tranchée sur la toile. Les uns dénonçant la mauvaise gestion du FER, les autres dénonçant un complot contre la personne du DG. Si cette opération qui s’inscrit dans le sens de la moralisation de la vie publique est à saluer, elle suscite toutefois des interrogations chez les Ivoiriens.
Pour certains observateurs de la vie publique ivoirienne, Alassane Ouattara « ne vérifie pas les mains » de ces hauts cadres de son parti selon son propre gré. Pour ces derniers, le président de la République aurait été contraint par la pression des partenaires financiers qui conditionneraient toute aide à des preuves de bonne gestion des ressources de l’Etat. C’est ce qui aurait justifié cette « opération main propre ». A côté de ces derniers, il y a les partisans de la théorie du complot.
A les entendre, le chef de l’exécutif serait dans une opération de contrôle de ces structures en y éjectant les dirigeants nommés par les anciens Premiers ministres Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko pour ensuite nommer des personnalités sur qui il aurait une maitrise totale. A suivre cette thèse, le président de la République serait en train d’effacer de ces structures, la marque de ses anciens Premiers ministres.
Même si elle est défendue par de nombreux Ivoiriens, aucun élément matériel ne démontre qu’il s’agit d’une opération de reprise en main. Une autre des interrogations soulevées par « l’opération main propre » concerne son timing et la légitimité du président de la République à mener une telle opération. Pourquoi maintenant après plus d’une décennie de gestion du pouvoir ? Est-ce à dire que c’est aujourd’hui qu’Alassane Ouattara se rend compte qu’il y a nécessité d’asseoir une politique de bonne gouvernance ?
Pourquoi ne pas auditer la gestion du portefeuille du palais présidentiel et les différents ministères ? Ce sont là des questions que les Ivoiriens se posent. D’ailleurs, bon nombre de nos concitoyens invitent l’Assemblée nationale à saisir cette perche pour réclamer le passage au crible de toute la gestion publique.
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