Le chef de l’État tend vers la porte de sortie. C’est le moins qu’on puisse dire. Après sa controversée candidature au scrutin présidentiel d’octobre 2020 qui a occasionné officiellement 87 morts et plus d’une centaine de blessés, ainsi que de nombreux dégâts matériels, Alassane Ouattara envisage sérieusement de se retirer de la scène politique ivoirienne. En 2025, il entend passer la main à plus jeune issu de ses rangs et à même de garantir les intérêts du Rhdp, le parti au pouvoir.

Mais les enjeux politiques de la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire sont tels que le chef de l’État est quelque peu hésitant. Il est tourmenté par le retour en force de Laurent Gbagbo sur la scène politique ivoirienne après dix ans passés dans les geôles de la Cour pénale internationale. À côté de ce génie politique sorti de la forêt de Mama, dans la sous-préfecture de Ouragahio, il y a aussi Henri Konan Bédié, le Sphinx de Daoukro, cet autre vieux briscard du marigot politique ivoirien qui ambitionne toujours de reprendre les rênes du pays après le coup d’état dont il a été victime un certain 24 décembre 1999.

Que faire donc face à un tel scénario politique qui ne milite pas forcément en faveur d’Alassane Ouattara qui est depuis lors à la recherche d’un successeur digne de ce nom après le décès des premiers ministres Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko ? Le chef de l’État multiplie des pistes de solutions pouvant lui permettre de venir à bout de ses deux redoutables rivaux.

Mais la piste la plus plausible qui s’offre à Alassane Ouattara est de contraindre par des artifices constitutionnels et judiciaires les présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié à prendre leur retraite politique en même temps que lui.

Et c’est en cela que le brumeux dossier du « casse » de la Bceao intéresse au plus haut niveau les tenants du régime ivoirien.  » M. Laurent Gbagbo demeure poursuivi devant la justice ivoirienne dans l’affaire du braquage de la Bceao « , avait lancé au sortir d’un conseil des ministres, il y a quelques mois, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly.

Silencieux sur la question depuis le retour du président Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, le procureur de la République, Adou Richard Christophe n’entend pas moins réveiller ce dossier « dormant » au moment opportun pour enclencher une procédure judiciaire contre l’ancien chef d’État ivoirien.

Qui, on le sait, a été condamné par contumace à 20 ans de prison par la justice ivoirienne au moment où celui-ci était en détention préventive à la Cour pénale internationale.

Il en va ainsi du dossier relatif à la désobéissance civile que le chef du Parquet ivoirien, Adou Richard Christophe a sorti de son chapeau ce lundi 27 décembre, et mettant gravement en cause la responsabilité du président Henri Konan Bédié dans les tristes événements qui ont secoué, il y a plus d’un an, la Côte d’Ivoire suite à la candidature controversée d’Alassane Ouattara à la présidentielle d’octobre 2020.

Alors que le chef de l’État invitait récemment dans son adresse à la nation du 6 août dernier les Ivoiriens à pardonner ce qui s’est passé et à s’engager résolument dans le processus de paix en cours dans le pays, on comprend difficilement que dans le même temps, des poursuites judiciaires soient engagées contre de nombreux leaders de l’opposition accusés d’avoir de près ou de loin, contribué à la commission de ces douloureux événements. Ce n’est pas ça faire de la politique politicienne, ça y ressemble. Trait pour trait.

En tous les cas, les dés sont jetés. Point n’est forcément besoin de sortir des cuisses de Jupiter pour se rendre à l’évidence que le combat pour la présidentielle de 2025 est ainsi engagé. Ce serait sans doute la dernière bataille de Ouattara contre Gbagbo et Bédié avant sa retraite politique.

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