Comme il fallait s’y attendre, l’ancien président Blaise Compaoré a été condamné à la perpétuité par la justice burkinabé, dans l’affaire de l’assassinat de Thomas Sankara.

En exil en Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré pourrait ne plus remettre les pieds dans son Faso natal

Le 15 octobre 1987 au Burkina Faso, le capitaine Thomas Sankara était assassiné avec 12 autres de ses compagnons par un commando lourdement armé. 35 ans après les faits, le tribunal militaire de Ouagadougou a condamné à la perpétuité, l’ex-président Blaise Compaoré. Comme lui, ont également été condamnés à la perpétuité, le commandant de sa garde, Hyacinthe Kafando, et le général Gilbert Diendéré, un des chefs de l’armée lors du putsch de 1987. Les trois hommes sont condamnés pour « attentat à la sûreté de l’État ». Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré sont également reconnus coupables de « complicité d’assassinat » et Hyacinthe Kafando, soupçonné d’avoir mené le commando qui a tué Thomas Sankara, d' »assassinat ».

La condamnation de Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par une insurrection populaire en 2014, après 27 ans passés à la tête du Burkina Faso, intervient alors que ce dernier s’était empressé, peu après avoir trouvé refuge en Côte d’Ivoire, d’acquérir la nationalité ivoirienne. En 2016 en effet, au moment où les autorités burkinabées attendaient l’exécution d’un mandat d’arrêt international émis en décembre 2015 à l’encontre de Blaise Compaoré, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a accordé la nationalité ivoirienne à l’ancien chef de l’Etat burkinabé.

« C’est une décision souveraine qui a été prise. Elle ne va rien induire. Il (Blaise Compaoré) est Ivoirien, un point un trait. Je ne pense pas qu’il y ait lieu de faire un commentaire outre que de constater », lâchera Affoussiata Bamba-Lamine, alors porte-parole du gouvernement, au sortir d’un Conseil des ministres le 24 février de la même année. Si la vraie raison de la naturalisation du « Beau Blaise » (son épouse Chantal est ivoirienne) était de faire échec à son extradition, celle-ci n’a, cependant, pas empêché sa condamnation à la perpétuité.

Considéré comme l’accusé qui détient ou detenait (c’est selon) « la grande clé de ce procès », Blaise Compaoré a certes échappé à une extradition du fait des bonnes grâces dont-il jouit auprès du pouvoir d’Abidjan, mais il n’a pas échappé à une lourde condamnation de la justice de son pays d’origine. Sa naturalisation en qualité d’Ivoirien n’a pas absous les crimes à lui reprochés.

« C’est une incurie politique. Il est impossible que quelqu’un ait officié aux plus hautes fonctions de son pays pendant 27 ans, et soit brusquement absous de ses responsabilités (par le déni de) la nationalité du pays qu’il a présidé », dénonçait naguère Michel Séri Gouagnon, ancien secrétaire national chargé des droits et des libertés au Front populaire ivoirien (FPI), cité par Le Monde Afrique.

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