C’est connu. Et ce n’est un secret pour personne. Le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara n’est pas en odeur de sainteté avec la junte militaire au pouvoir à Bamako. Plus d’une fois, les autorités militaires maliennes et le président ivoirien se sont  » accrochés  » par déclarations interposées. On le sait, à Bamako, la capitale malienne, le tenant du régime ivoirien est considéré à tort ou à raison comme le principal investigateur des sanctions économiques et monétaires de la Cedeao que subissent aujourd’hui l’État malien.

Sur la question, Alassane Ouattara lui-même ne fait aucun effort pour ne pas laisser prospérer cette idée dans l’opinion malienne et africaine de façon générale. Alors qu’il n’est pas le président en exercice de la Cedeao, mais l’époux de Dominique Ouattara trouve toujours une tribune pour se mettre en exergue, ou à tout le moins, dans la posture de celui qui dirige en réalité cette structure sous-régionale. Bien évidemment, cette façon de faire, irrite la junte malienne et rend parfois même extrêmement délicate, la mission du médiateur de la Cedeao, SEM, Olusegun Obasanjo, ancien président de la République Fédérale du Nigeria.

Le président de la Commission de la Cedeao est certes l’ivoirien Jean Claude Brou, mais cette position qu’occupe la Côte d’Ivoire au sein de l’organisation sous régionale, impose-t-elle au locataire du palais présidentiel d’Abidjan-Plateau d’être en première ligne, en l’absence de celui dont le mandat court actuellement, notamment le président ghanéen Nana Akufo Addo ? Cette question est d’autant plus importante que l’entretien accordé récemment par le président ivoirien à RFI et France 24 n’a pas eu le résultat escompté.

Bien au contraire, là où Alassane Ouattara demandait aux autorités maliennes de « mettre de l’eau dans leur gingembre et de rentrer dans les rangs », celles-ci ont vite réagi en campant plutôt sur leur position qui est de mener une transition de cinq (5) ans à la tête du Mali. Le président Olusegun Obasanjo est attendu ce jeudi à Bamako pour tenter de ramener les autorités maliennes à la raison sur le retour à l’ordre constitutionnel.

Mais en même temps, et pour donner une chance aux négociations avec la junte militaire malienne, il importe que le président ivoirien Alassane Ouattara mette beaucoup d’eau dans son jus de gingembre en se gardant des déclarations qui fâchent ou susceptibles d’enflammer la situation de crise au Mali. Le retour de la paix entre la Cedeao et la junte militaire est, me semble-t-il, à ce prix. Chaque partie aura ainsi joué sa partition dans la recherche de solutions à la crise malienne.

P. L

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