Alors que le lieutenant-Colonel Paul-Henri Damiba Sandaogo et ses amis s’attelaient à déposer Marc Roch Christian Kaboré du pouvoir, Alassane Ouattara s’était proposé pour lui venir en aide. L’information a filtré de la dernière rencontre par visioconférence des chefs d’Etat de la Cedeao sur la situation du Burkina en est la base.
Dans un élément audio dans laquelle on identifie bien la voix du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara tient un discours sur la situation politique au Burkina Faso. Dans son intervention, il semble expliquer les circonstances du départ du désormais ex-Président du pays des hommes intègres du palais présidentiel.
A Marc Roch Christian Kaboré qui, sous la pression des meneurs du coup d’Etat, avait pris la décision de rendre sa démission, le chef de l’exécutif Ivoirien affirme lui avoir déconseillé de le faire et d’attendre qu’il « mobilise les chefs d’Etats pour voir ce qui peut être fait » pour sauver le soldat Kaboré. En réponse à cette idée de l’occupant du palais présidentiel d’Abidjan-Plateau, son interlocuteur, toujours selon lui même, aurait dit non.
Ce refus, Marc Roch Christian Kaboré qui se savait encerclé par les mutins l’aurait justifié par sa volonté de ne pas voir des « tueries » et un bain de sang suite à l’affrontement entre la faction de la gendarmerie qui le protégeait, et les soldats qui réclamaient son départ du pouvoir. Comme on peut le constater de la lecture de cet enregistrement, Alassane Ouattara a voulu tenter un baroud d’honneur pour sauver un « copain » en difficulté.
La démarche du Président ivoirien s’apparente à tous points à celle du médecin qui vous propose son assistance après que votre parent ait déjà rendu l’âme. Le Burkina Faso, était régulièrement secoué par des manifestations populaires depuis plusieurs mois. Les concitoyens du Président déchu réclamaient de lui plus de transparence, de justice institutionnelle et sociale. Quelques jours avant l’intervention des hommes en tenue pour le déloger de la présidence, des manifestations de rue éclatées contre le régime de Kaboré avait opposé les forces de l’ordre aux manifestants dans plusieurs villes du pays.
Alassane Ouattara et la Cedeao n’avaient pas jugé opportun de regarder ce qui se passe dans ce pays voisin et appeler le président à écouter la voix de son peuple pour y apporter des réponses. Seulement voilà, quand leur « copain » s’est trouvé en difficulté, comme toujours ; ils se sont montrés aptes à lui venir en aide.
C’est surtout cette organisation de « copains » qui n’œuvrent que pour garantir le maintien de leur « camarade » au pouvoir qui est dénoncée par les peuples de la Cedeao. En outre, l’élément permet de constater que l’organisation sous régionale, après le durcissement du ton contre la junte malienne est sur le point de revenir à de meilleurs sentiments. Alassane Ouattara, poursuivant son intervention a déclaré être sensible à la difficile situation du peuple malien.
Aussi, a-t-il annoncé l’ouverture très prochaine des discussions avec les autorités maliennes en vue d’emmener ces derniers à proposer un chronogramme raisonnable qui ouvrira la voie au passage du pouvoir à un régime civil à l’issue d’élection démocratique. Alors qu’il aurait été plus simple pour l’organisation d’engager des discussions sérieuses avec les dirigeants de la transition malienne pour trouver un accord sur la date de la présidentielle qui sonnera la fin de la transition militaire, et cela, en tenant compte des aspirations et des réalités du peuple du Mali, la Cedeao a préféré bander les muscles en imposant un embargo sur ce pays.
Résultat, celui-ci s’est braqué contre elle et a été suivi par de nombreuses populations dans les pays de la sous-région. Afficher aujourd’hui une volonté de discuter avec Assimi Goita et son équipe après avoir montré les muscles n’est rien d’autre qu’un rétropédalage de la part d’Alassane Ouattara et la Cedeao.
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