Chris Yapi fait sur la répression contre les leaders de l’Opposition ivoirienne et comment Affi N’Guessan a échappé à son assassinat.

Le régime Ouattara est dans la panique, suite au refus de l’opposition de s’associer à sa mascarade électorale. Longtemps, Alassane Ouattara avait pensé qu’il aurait réussi à diviser l’opposition et aurait pu aller à l’élection présidentielle face à Pascal Affi N’Guessan.

Il aurait ainsi eu un adversaire consistant face à lui et aurait pu se réjouir de sa victoire déjà préparée face à un poids lourd de l’opposition. Grande fut sa déception, lorsque ce dernier déclinant toutes les propositions et promesses alléchantes, a décidé d’occuper pleinement et définitivement sa place dans les rangs de l’opposition. Rejoint dans cette dynamique par Mabri Toikeusse et Marcel Amon-Tanoh, ils sont devenus des cibles privilégiées pour les services de renseignement de la Côte d’Ivoire.

Ils étaient suivis à la trace et leurs moindres faits et gestes étaient répertoriés, notés et enregistrés. Le lundi 02 novembre 2020, Affi N’Guessan annonçait la naissance du Conseil National de Transition (CNT) présidé par le Président Henri Konan Bédié. Quelques heures plus tard, les résidences des principaux leaders du CNT étaient les cibles de tirs nourris au fusil d’assaut par des éléments qui prendront la fuite.

Ces tirs étaient un avertissement en direction de ces leaders pour leur dire que désormais, leurs vies étaient en jeu. Ils auraient dû prendre la mesure de cette menace et se convaincre plus que jamais qu’Alassane Ouattara ne reculerait devant rien, pour obtenir son troisième mandat. Même le Président français, Emmanuel Macron, avait échoué à le raisonner.

Habité par une rage folle, l’ancien président ivoirien avait déclaré dans les colonnes de la presse française, qu’il arrêterait tous ses opposants le lendemain de l’élection. Et cela n’a pas manqué. La justice a été activée pour trouver des raisons de les arrêter tous. Et les arrestations sont en cours avec près de 21 personnes déjà en détention.

Après les tirs contre sa résidence et la déclaration du procureur annonçant que tous les dirigeants de l’opposition sont poursuivis pour terrorisme et atteinte à la sûreté de l’État, Affi N’Guessan a entrepris de se mettre en sûreté. Son objectif : continuer la lutte et assumer pleinement son rôle de porte-parole du CNT. Entretemps, le clan Ouattara va déclencher une des plus grandes chasses à l’homme de notre pays.

Hamed Bakayoko, qui ne rate aucune occasion de démontrer son zèle et son obséquiosité, va aussitôt prendre les opérations en main. En ces périodes où l’on a de moins en moins confiance aux forces régulières et régaliennes de l’État, Hamed Bakayoko va confier cette mission sensible à sa milice privée : les Encagoulés section Bazié Mathieu dit Nico.

Avec le Ministre Vagondo, Hamed Bakayoko va instruire la Direction de l’Information et des Traces Technologiques (DITT), de géolocaliser Affi N’Guessan, grâce ses numéros téléphones et ceux de ses collaborateurs. Les grands moyens sont mis en jeu. Un drone va survoler les résidences du Président Bédié, d’Affi N’Guessan lui-même, etc. pour s’assurer qu’il n’y était pas

Pendant ce temps, le Premier ministre Affi, se croyant précautionneux, avait pris le soin d’éteindre son téléphone qu’il rallumait occasionnellement. Il s’est donc mis en mouvement et a appliqué les tactiques de brouillage de piste usuels. Mais, son malheur est venu de son chauffeur. En effet, c’est à partir du téléphone de son chauffeur qu’il a pu être géolocalisé.

La plupart des téléphones de dernière génération, même éteints, ont un transpondeur qui permet d’indiquer leur position avec précision. Les services de renseignement ont donc pu facilement suivre ses déplacements en temps réel et ont pu mettre en place une souricière pour l’arrêter. C’est donc le lieu de rappeler aux leaders politiques qu’il ne suffit pas de sécuriser leurs téléphones uniquement, il faut également le faire pour leurs proches collaborateurs et leurs familles.

Affi N’Guessan aurait pu arriver tranquillement à son point de chute, si l’infortune ne s’était pas ajoutée au malheur qui voulait qu’un barrage de gendarmes stoppe son véhicule pour un contrôle de routine. Entretemps, le Lieutenant Goheroha Vallin Blaise dit V qui dirigeait le commando d’Encagoulés cette nuit-là, était sous guidage de la DITT, aux trousses de l’homme. Avec un peu plus de chance, Affi N’Guessan aurait pu leur échapper.

En effet, le commando venait de dépasser le barrage de la gendarmerie, où était retenu pour contrôle de routine, le véhicule du Premier ministre Affi N’Guessan. Quelle ne fut la surprise des gendarmes en poste, de reconnaitre le fugitif que toutes les forces sécuritaires de la Côte d’Ivoire recherchaient. Aiguillonnés avec plus de précisions par la DITT, les Encagoulés, hélas, revinrent sur leurs pas. Aussitôt, débarquant de leurs véhicules, ils réclamèrent Affi N’Guessan comme une proie.

Étonnés, les gendarmes ne comprenaient pas qu’ils veuillent embarquer manu militari ce citoyen. Il s’en suivi une empoignade entre Encagoulés et gendarmes. Brutalisés, Affi N’Guessan et ses compagnons, ont été embarqués par le commando, direction Abidjan. Les gendarmes téméraires n’entendaient pas se laisser conter. Ils coupèrent la route aux Encagoulés avec leurs véhicules et exigèrent de récupérer, le désormais célèbre prisonnier. Mal leur en a pris.

Le Lieutenant Goheroha Vallin Blaise ouvrit le feu sur les gendarmes sans autre forme de procès. Autant dire que la situation devenait des plus périlleuses. Il a fallu une instruction de leur hiérarchie, qu’ils ont eu quelques minutes plus tard, pour plier l’échine et laisser Affi N’Guessan aux mains des Encagoulés. Ce qui fut fait.

La divine fortune voulut qu’il n’y eût aucune victime. C’est donc au niveau du village d’Abié que Pascal Affi N’Guessan a été appréhendé et qu’il a échappé à la mort. En effet, les gendarmes qui ont assisté à ce rocambolesque kidnapping peuvent témoigner, qu’il y avait une hésitation perceptible au sein des membres de ce commando.

Certains affirmaient que les ordres disaient clairement de l’abattre, vu qu’il faisait nuit et qu’ils devaient faire passer cela pour un braquage qui a mal tourné. C’est un soldat, membre de ce commando, qui s’est opposé à cette solution ultime. Selon lui, le coup avait foiré du fait de la présence des gendarmes. En effet, comment exécuter froidement un leader politique dans ces circonstances, où la hiérarchie de la gendarmerie était déjà informée.

Après de longues minutes, ils ont en définitive décidé de le mettre aux arrêts et de le remettre aux mains de leurs supérieurs, qui en feront ce qu’ils voudront. C’est ainsi qu’Affi N’Guessan, qui a suivi toute cette discussion sur sa vie et sa mort, a été épargné et a pu être conduit vivant à Abidjan, où il a été remis aux mains de la DST.

De la DST, il a été transféré à l’École de la gendarmerie et y est actuellement. Il y subit la torture et l’humiliation. Quiconque rencontrera Affi N’Guessan, pourra lui poser la question. Cette personne pourra lui demander si dans la nuit du 6 au 7 novembre 2020, il n’avait pas craint pour sa vie et si les membres du commando n’avaient discuté devant lui de la nécessité ou non de l’exécuter.

Entretemps, sur les réseaux sociaux, une rumeur persistante laissait entendre que Pascal Affi N’Guessan était mort, suite aux sévices qu’il avait subi. Dans une vidéo de propagande mise en scène par le régime d’Alassane Ouattara, l’on a tenté de nous apporter la preuve qu’il était toujours en vie et bien traité.

Mais, Chris Yapi peut vous dire que d’Abié où il a été arrêté, en passant par la DST, jusqu’à l’École de gendarmerie, Affi N’Guessan a subi les pires humiliations, railleries et les taloches des Encagoulés qui menaçaient de l’exécuter s’il n’avouait pas, qu’en complicité avec Guillaume Soro, un coup d’État était prévu pour renverser le régime.

L’homme de 67 ans a été proprement malmené, pistolet sur la tempe, avant qu’on lui permette une posture décente pour les besoins de la propagande que vous avez pu voir sur Internet. Qui connait Affi N’Guessan peut déceler le stress, la frayeur et l’humiliation dont il est victime. Tel est le récit exact de son exécution manquée.

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