Après Henri Konan Bédié et Guillaume Soro, Marcel Amon Tanoh, qui a démissionné le 19 mars, vient compléter la liste déjà longue des anciens alliés d’Alassane Ouattara ayant fait le choix de la rupture.
La démission le 19 mars du ministre des affaires étrangères ivoirien Marcel Amon Tanoh n’a surpris personne, tant ses rela- tions avec le chef de l’Etat ivoirien s’étaient dégradées depuis le mois de décembre ( LC n°818). Transfuge du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Marcel Amon Tanoh avait pourtant été au cœur de la conquête du pouvoir d’Alassane Ouattara depuis 1994 et il est un ami intime du président ivoirien depuis plus de trente ans.
Amon Tanoh n’avait pas participé au conseil politique du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) du 12 mars qui a officiellement désigné Amadou Gon Coulibaly candidat de la formation présidentielle à l’élection d’octobre. L’ancien ministre des affaires étrangères ne cachait plus son mécontentement quant à ce choix et à l’absence de primaires internes au parti.
Le départ de Marcel Amon Tanoh vient com- pléter une liste déjà longue d’anciens alliés politique du président ivoirien ayant fait le choix de la rupture. Soutien décisif d’Alassane Ouattara depuis 2010, Guillaume Soro avait bruyamment quitté le perchoir de l’Assemblée nationale en février 2019 après son refus d’adhérer au RHDP.
Dans une longue lettre publiée le 23 mars sur sa page Facebook et adressée à Marcel Amon Tanoh, dont il est resté très proche, Guillaume Soro a saisi l’occasion pour interpel- ler l’ancien ministre sur la « loyauté » d’Alassane Ouattara. Quelques jours avant la publication de cette missive, l’ancien leader étudiant avait appelé depuis l’Espagne Marcel Amon Tanoh pour le prévenir de son initiative.
A l’été 2018, quelques mois seulement avant Guillaume Soro, Henri Konan Bédié avait rompu avec le président ivoirien suite à la volonté de ce dernier de ne pas se ranger der- rière une candidature commune avec le PDCI à la présidentielle de 2020. Actuel ministre de l’enseignement supérieur, Albert Toikeusse Mabri, qui rêve d’un destin présidentiel avec son parti, l’Union pour la démocratie et la paix (UDPCI) – allié du RHDP -, pourrait lui aussi faire le choix de la rupture alors qu’il est dans le viseur de cadres du parti au pouvoir.