Selon toute vraisemblance, quelqu’un aurait pris le malin plaisir de se servir dans l’argent sur les comptes gelés des collaborateurs de Laurent Gbagbo en application des sanctions économiques prononcées par la communauté internationale dans le cadre de la crise post-électorale de 2010-2011. En tout cas, c’est l’information qu’a révélée Lida Kouassi Moïse ce week-end. Des comptes dégelés mais vides, voilà ce qu’auraient découvert certains collaborateurs de l’ancien président de la République.

Dans le cadre de la crise née de la présidentielle de 2010-2011, matérialisée par le bicéphalisme à la tête de la Côte d’Ivoire, tiraillée entre Alassane Ouattara candidat du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) et Laurent Gbagbo, président sortant et candidat de La majorité présidentielle (LMP), qui revendiquaient chacun la victoire, les Nations unies ont dû prendre des sanctions pour contraindre le dernier cité à céder le fauteuil à son chalenger qui avait été déclaré vainqueur de ladite élection par la Commission électorale indépendante (CEI) et certifié par le représentant des Nations unies.

Entre interdiction de voyage et gel des avoirs, Laurent Gbagbo, son épouse Simone, ainsi que plusieurs cadres de son parti, considérés comme l’aille dure de La majorité présidentielle faisant obstacle au processus démocratique, avaient été visés par de lourdes sanctions.

Après la capture de l’ancien président le 11 avril 2011, tous les cadres de son parti, visés pour la plupart par des sanctions, ont trouvé refuge dans les pays du continent. Quant à Laurent Gbagbo lui-même, il est transféré à la Cour pénale internationale (CPI) après un bref séjour à Korhogo où il était en résidence surveillée.

A la CPI, l’ex-chef de l’Etat a passé une dizaine d’années avant de regagner Abidjan le 17 juin 2021 suite à son acquittement par la Cour. Au paravent, de l’eau avait coulé sous le pont et les nerfs s’étaient un peu détendus. Ainsi, dans un élan d’apaisement de l’environnement socio-politique, le président de la République, Alassane Ouattara, courant 2018, avait entrepris des actions en faveur des partisans de l’ancien chef de l’Etat. Entre autres, l’amnistie pour certains proches de l’ancien président, le retour sécurisé d’exil et le dégel des comptes bancaires bloqués dans le cadre de l’application des sanctions internationales.

Heureux de retrouver la terre qui les a vu naître, certains collaborateurs de Laurent Gbagbo avaient exprimé leur désillusion en découvrant que leurs comptes avaient été visités et la quasi-totalité du contenu vidé. Le week-end dernier, Moïse Lida Kouassi, ancien ministre de la Défense sous Laurent Gbagbo est revenu sur cette gravissime affaire que l’on fait passer sous éteignoir.

« J’ai été libéré par voie d’amnistie le 8 août 2018. Mais mon compte n’a pas été dégelé. Le 22 janvier dernier, j’ai appris que ce compte a été enfin dégelé et savez-vous ce qu’il s’y trouve ? Zéro franc. N’est-ce pas la sorcellerie ? », s’est-il exprimé.

Comme bon nombre de ses camarades l’avait fait avant lui, l’ancien ministre exprime son amertume devant ce qu’il considère comme une injustice et interroge. « Mais si c’est vide, pourquoi l’avez-vous gelé pendant plus de 10 ans ? », a-t-il questionné. Même si le cadre du Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI) affirme ne pas « s’appesantir » sur son sort et « pleurnicher », force est de reconnaitre qu’il peine à masquer son amertume devant cette situation qu’il partage avec bon nombre de ses camarades qui, pour certains, ont quitté ce monde.

Malades, vivant dans des conditions précaires et incapables de se payer des soins adéquats, certains pro-Gbagbo ont rendu l’âme au grand désarroi de leurs proches. Aujourd’hui, alors que le président de la République ne manque aucune occasion d’affirmer et afficher sa volonté d’apaiser l’environnement socio-politique, il serait temps que la lumière soit faite sur cette présumée affaire de « compte gelé, vidé » des pro-Gbagbo. L’on doit savoir l’identité, les motivations et les chaînes de ramifications de ceux qui se sont servi dans l’argent des pro-Gbagbo.

Il y va à la fois de la crédibilité, de l’honneur et du sérieux de l’Etat de Côte d’Ivoire et des banques qui abritent ces comptes. Est-ce normal que l’on se serve dans des comptes gelés ? Voilà toutes les questions auxquelles l’on devra apporter des réponses transparentes.

Générations Nouvelles

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