L’arrivée du président Laurent Gbagbo à Daoukro, samedi, s’est passée dans un cafouillage sans nom. Les forces de l’ordre sur le terrain ont perdu le contrôle de la situation au point où l’hôte du jour n’a pu descendre au carrefour de Baoulékro pour prendre le bain de foule, tel que prévu par les organisateurs. Des individus sans foi ni loi ont dû commettre des actes de vol.
D’autres, comme commandités, ont saccagé la guérite des forces de l’ordre. « On a frôlé le drame. Tout ce que Dieu fait est bon. Vous avez vu les jets de sachets d’eau. On a pris celui qui a commencé. Je ne dis pas d’où il vient. On peut commencer par l’eau mais des gens peuvent utiliser des cailloux ou autres objets.
J’ai préféré rester en dehors de la résidence pour gérer la situation. Ce sont mes observations. Je ne maîtrise pas le haut niveau. Ce que j’ai observé, c’est qu’il y avait insuffisance des éléments des forces de l’ordre. De qui venait cette insuffisance ? Je ne sais pas. Peut-être qu’ils ont minimisé les choses. Ce n’est pas faute d’avoir pris contact avec eux. Ce n’est pas nous qui leur donnons des ordres. Le petit nombre qui est arrivé a fait son travail.
Je leur tire le chapeau. Il n’y a pas eu de grabuges, c’est l’essentiel. Je n’accuse personne mais ce que j’ai constaté, c’est qu’il n’y a pas eu suffisamment de forces de l’ordre. Est-ce parce qu’il n’y en avait pas ? Je n’en sais rien. Le petit nombre a travaillé jusqu’à ce qu’on soit débordé » a expliqué le colonel Kouadio Etienne, un agent de la CRS à la retraite, président de la Commission Sécurité de l’accueil de Gbagbo.
Il poursuit pour dire qu’en matière de service d’ordre, « c’est le nombre. Si vous n’avez pas le nombre, ce n’est pas la peine de vous engager. On ne peut pas frapper quelqu’un. On ne peut pas jeter de grenade. Comme nous étions là, des sachants que nous étions et par expérience, nous avons déconseillé que le président Gbagbo descende. S’il descendait, la situation serait difficile à maîtriser. On a frôlé vraiment le pire. La foule est anonyme. C’est l’euphorie. Disons merci à Dieu de nous avoir évité le pire » a-t-il apprécié la situation.
Est-ce aussi par défaut de coordination entre la Commission sécurité et les services de maintien d’ordre à Daoukro ? La réponse du colonel : « Les éléments de Daoukro ne peuvent pas gérer cette situation. Ce n’est pas possible. A là-haut, on le sait.
Si Gbagbo descendait au carrefour de Baoulékro, il allait avoir un drame. S’il descendait, on était mort. On ne pourrait pas maîtriser la situation. Les gens étaient déjà autour du véhicule. Le commandant de brigade m’a dit : “Vous nous avez sauvé’’. On était débordé. Les moyens qu’on doit utiliser en service d’ordre, c’est le nombre.
Ce n’est pas la force. Quand on est en maintien de l’ordre, on utilise la force. L’Etat nous donne les moyens, légalement, pour utiliser la force qu’il faut pour y arriver. Ce n’est pas le cas en service d’ordre qui est le nombre pour dissuader. Je ne peux pas aller dans les services de Daoukro pour demander des éléments mais je leur ai fait le tableau. Je ne sais pas quels sont les ordres qui ont été donnés. Même 300 éléments civils ne pourraient rien faire. Ils ne sont pas outillés pour ça. »
Le colonel Kouadio Etienne a aussi expliqué pourquoi la rencontre avec le président Gbagbo n’a pu avoir lieu à l’espace HKB où les bâches dressées ont été démontées à la veille. Un changement qui a suscité quelques commentaires.
« Le changement du lieu de la cérémonie était dû à des questions sécuritaires. Les sachants ont déconseillé la tenue de la cérémonie à l’espace HKB. Ce serait difficile à gérer, compte tenu de la situation sociopolitique. En matière de sécurité, il faut tenir compte de la situation sociopolitique pour donner les instructions. Je dis qu’on s’en est sorti grâce à Dieu. En tout rassemblement, il faut compter avec les infiltrés. L’idée m’est venue tout d’un coup de refuser qu’il descende.
Quelqu’un peut venir avec un couteau pour le poignarder. A partir du moment où on ne peut pas maîtriser la foule, ce n’est pas la peine que le VIP descende. On sait ce qui s’est passé à Daoukro, durant les crises politiques. J’avais des éléments civils en ma possession qui ont été noyés » a conclu le colonel.
Nouveau Réveil