En Côte d’Ivoire, les discussions annoncées en grandes pompes entre le pouvoir et l’opposition, et ouvertes symboliquement par la très médiatisées rencontre entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, le 11 novembre, à Abidjan, s’apparentent à un marché de dupe.
Faut-il désespérer du jeu politique en Côte d’Ivoire ? Les espoirs suscités par la rencontre de l’hôtel du Golf entre Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara le 11 novembre, à Abidjan, commencent à s’amenuiser ! Et, c’est l’approche du pouvoir Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) qui semble bien porter le coup à ce projet de reprise de langue.
Alassane Ouattara, qui s’estime en position de force après le très controversé scrutin présidentiel du 31 octobre 2020, veut garder la main sur toute la ligne pendant ce dialogue politique, sans vouloir visiblement rien concéder à ses adversaires. Contrairement aux exigences de ceux-ci, conduits par le Président Henri Konan Bédié du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), Alassane Ouattara n’envisage pas de faire appel à un médiateur extérieur pour arbitrer les négociations.
REJET DES REVENDICATIONS
Aussi, le président du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) a-t-il déjà choisi ses interlocuteurs. Le 17 novembre dernier, lors d’un conseil politique de son parti, l’ancien gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a clairement fait savoir qu’il n’entendait discuter qu’avec « Le Pdci et le FPI de Laurent Gbagbo ».
Exit toutes les autres plateformes de l’opposition ! Selon le confrère Africa Intelligence, il a poursuivi le contact avec Henri Konan Bédié au téléphone le week-end passé, alors que l’ancien chef de l’Etat avait, au lendemain du tête-à-tête du 11 novembre, exigé la libération des cadres de l’opposition.
FPI MAIS GBAGBO RESTE BLOQUÉ
Avec le FPI, le président ivoirien ne voit qu’un seul interlocuteur possible : Laurent Gbagbo. Celui-ci est pourtant bloqué en Belgique, après son acquittement par la Cour pénale internationale. Abidjan aurait envoyé des émissaires prendre langue avec lui, en attendant de solder la question de son retour au pays.
Un retour conditionné par la remise à l’ancien chef de l’État de son passeport passeport diplomatique : une démarche administrative ordinaire qui traine encore !? Comment vouloir discuter dans ce cas avec le FPI alors qu’on refuse de faire droit au retour de son leader en Côte d’Ivoire, son pays ?
DEUX PARTIS, PAS PLUS
Quant aux autres adversaires, Alassane Ouattara n’entend guère leur concéder de place autour de la table de négociation. Le chef de l’Etat ivoirien n’entend pas négocier non plus avec Guillaume Soro, le président de Génération et peuples solidaires (GPS), avec lequel ses rapports sont devenus très tendus.
Après avoir lancé des mandats d’arrêts contre son ancien Premier ministre et trois de ses proches, le président du Rhdp ne pense qu’à les voir extradés, comme il l’avait annoncé dans plusieurs journaux de la presse française, quelques semaines avant l’élection présidentielle du 31 octobre. Quid de Pascal Affi N’Guessan, président légal du FPI, arrêté depuis le 7 novembre, et les cadres du Pdci notamment son numéro 2, Maurice Kakou Guikahué ? Quid d’Albert Mabri Albert Mabri Toikeusse, Charles Blé Goudé et autre Akossi Bendjo ?
Leur sort d’exilés reste encore entier. En acceptant d’ouvrir les discussions avec ses adversaires, Alassane Ouattara a planté le décor : il décide avec qui il veut discuter dans la forme. Cela, en attendant d’aborder le fond de son dialogue politique. Histoire pour lui de contenter ses partenaires extérieurs qui continuent d’attacher du prix à la paix.
Générations Nouvelles