Arrivé au pouvoir en avril 2011 au terme d’une crise postélectorale qui aura fait plus de 3 000 morts, le chef de l’Etat actuel, Alassane Ouattara a fait des réalisations, qu’on doit avoir l’honnêteté de lui reconnaître.

Il a fait des routes, des ponts, il a fait des écoles, des hôpitaux… Ce qui fait dire à ses partisans qu’il est le champion qui « a mieux fait en dix ans » que les autres présidents en 50 ans.

Mais avec le recul, force est aussi de reconnaître que l’homme a fait des promesses des plus faramineuses qu’il n’a jamais tenues, du moins jusque-là. La non tenue de ces promesses a une répercussion désastreuse sur la vie des Ivoiriens qui croupissent aujourd’hui sous la misère, là où l’on brandit une croissance parmi les plus forte du monde. Voici quelques-unes des promesses non tenues.

LA SÉCURITÉ :

« Ne donne pas ta voix à l’insécurité », clamait une affiche de campagne du candidat Ouattara. Et l’homme en campagne de dire qu’il fera régner la sécurité partout. Mais sous son règne, l’insécurité a eu un visage : les microbes, ces enfants qui agressent en pleine journée au nez et à la barbe des tous et qui ont rarement été inquiétés.

Ils ont été rebaptisés « enfants en conflit avec la loi ». La seule évocation des « microbes » sème la panique parmi les populations. Outre ces « microbes », des cas d’enlèvements se signalent de plus en plus. Ce qui n’est pas sans augmenter la psychose dans les populations. Les coupeurs de route avec des armes de guerre….

LA RÉCONCILIATION :

En créant la Commission Dialogue, vérité et réconciliation qu’il avait confiée à Charles Konan Banny, le président Ouattara disait qu’il avait à cœur de faire en sorte que toutes les causes et les conséquences des crises politico-militaires qui ont secoué le pays soient passées au crible et qu’autour des valeurs de fraternité, les Ivoiriens se retrouvent et soient réconciliés.

Mais le premier couac fut « le rattrapage » qui se traduisait par la nomination des ressortissants d’une seule et même région aux postes clés de la République. Pis, le rapport fait par la Commission Dialogue, vérité et réconciliation n’a jamais fait l’objet d’une publication devant permettre au peuple de se l’approprier et de taire toutes les rancœurs. Quand adviendra la réconciliation ? On attend toujours.

LA DÉMOCRATIE :

« Je serai un président non seulement démocratiquement élu, mais qui exercera son mandat dans un cadre démocratique, qui s’occupera du peuple ivoirien et qui contribuera à ouvrir la Côte d’Ivoire sur le monde entier. J’ai beaucoup d’ambition pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique. J’ai toujours souhaité apporter une contribution à mon pays, et je suis heureux de pouvoir le faire… », avait-il dit lors de sa prestation de serment le 20 mai 2011 à Yamoussoukro.

Les élections législatives de 2011 de 2016 et de 2021, les élections locales (Municipales et Régionales) de 2018 ont laissé un goût amer d’un forcing de certains candidats proches du parti au pouvoir dans des zones dites stratégiques à ne pas perdre. L’élection présidentielle de 2020 était si démocratique ? Une Commission électorale décriée mais maintenue, un découpage électoral que beaucoup disent faire la part belle au parti au pouvoir, un Conseil constitutionnel taxé d’impartial par l’opposition… que dire de tout cela ? A chacun ses conclusions.

LA CHERTÉ DE LA VIE :

« Ne donne pas ta voix à la pauvreté », pouvait-on aussi lire sur les affiches de campagne du candidat Ouattara qui promettait un toit pour chaque Ivoirien, la fin de la vie chère, la fin de la hausse des prix des denrées et des produits de première nécessité. Le président Alassane Ouattara, chef de l’Etat est au Palais depuis 2011.

Et depuis 2011 aussi les prix du riz, du sucre, du lait, du savon, de l’huile, du carburant, des assurances, du transport, des habits, des matériaux de construction, des loyers, des biens d’équipement, de la scolarité, des médicaments, des soins et de l’hospitalisation… ne font que grimper et grimper. La promesse n’est pas encore tenue et la cherté de la vie met une grande partie de la population dans la précarité.

L’ETAT DE DROIT :

« Depuis la crise de 2011 et celle de 2020 qui ont fait des morts, on attend que tous ceux qui ont commis des atrocités soient jugés pour leurs crimes. » Comme l’avait promis le président Ouattara en 2011, en ces termes : « Tous les responsables de ces crimes, sans distinction, quels qu’ils soient, où qu’ils soient, qu’ils soient de mon bord ou de celui de Laurent Gbagbo, nul ne sera au-dessus de la loi…

La Côte d’Ivoire va devenir un exemple en matière de démocratie et des droits de l’Homme. » Combien sont les chefs de guerre à qui des choses sont reprochées ont été appelés devant le tribunal ? Combien de supplétifs des combattants ayant commis des atrocités ont-ils été jugés ? On attend toujours que le chef de l’Etat tienne cette promesse de la justice pour tous.

LA BONNE GOUVERNANCE :

« Ne donne pas ta voix à la corruption », était aussi un des slogans de campagne. Elu en 2010 et installé en 2011, le président Ouattara répétait : « Nous ferons en sorte que la Côte d’Ivoire soit un pays modèle en matière de gouvernance… » Où en est-on ? En tout cas, la création en 2021 du ministère de la Lutte contre la corruption démontre que la mal gouvernance était si ancrée que le chef a dû créer un ministère pour la combattre.

Mais pour quel résultat ? Jusque-là, des directeurs généraux soupçonnés de détournements de deniers publics ont juste été relevés de leurs fonctions, sans poursuites judiciaires. Quid de l’argent public détourné ? On attend que le président tienne sa promesse de rigueur et de bonne gouvernance.

LE TRANSFERT DE LA CAPITALE :

C’était l’une des promesses d’Alassane Ouattara lors de la campagne présidentielle ivoirienne de 2010. Le président avait en effet assuré qu’il irait s’installer à Yamoussoukro et qu’il procèderait ainsi « au transfert effectif de la Capitale ». Dix ans plus tard, le même Ouattara s’excusait : « Malheureusement, l’état de délabrement dans lequel nous avons trouvé le pays ne nous a pas permis d’honorer cet engagement ».

Le transfert de la Capitale par Ouattara fut un échec. Mais, pour son troisième mandat, il assura à nouveau être « Fermement engagé à faire de Yamoussoukro, notre capitale politique, une ville moderne et modèle ». Depuis, plus rien dans ce sens. On attend toujours.

Nouveau Réveil

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *