Emmanuel Macron s’est enfin prononcé sur l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Au cours d’une longue interview accordée à Jeune Afrique, paru le vendredi 20 novembre 2020, Emmanuel Macron a enfin brisé le silence sur la crise sociopolitique en Côte, née de la candidature anticonstitutionnelle d’Alassane Ouattara. Et si Macron cherchait à se faire célébrer pour la seconde fois à Abidjan?
« Je pense vraiment qu’il s’est présenté par devoir. Dans l’absolu, j’aurais préféré autre solution. Mais il n’y en avait pas », a déclaré Emmanuel Macron, à propos de la candidature anticonstitutionnelle d’Alassane Ouattara. En clair, le président Français met en veilleuse la Constitution ivoirienne et valide de nouveaux critères d’éligibilité : » le devoir ». Macron a-t-il été briefé par des juristes de
l’Élysée l’Élysée sur la question ? Sa sortie cache-t-elle une volonté d’infantiliser le peuple de Côte d’Ivoire ?
En Europe comme sur le continent africain, cette sortie du président français ne cesse d’alimenter les débats. Entre indignation et colère, plusieurs réponses ont été servies au successeur de François Holland. En Côte d’Ivoire, le PDCI, parti fondé par Félix Houphouët-Boigny a répondu à cette sortie d’Emmanuel Macron.
« Le PDCI-RDA note que, dès l’entame de ses propos sur la situation en Côte d’Ivoire, le Président Emmanuel Macron a mis en exergue la Démocratie comme modèle de gouvernance d’un pays. A cet égard, il a indiqué que « l’Afrique a intérêt à construire les règles, les voies et les moyens pour avoir des rendez-vous démocratiques réguliers et transparents. » »
Tout en rappelant à Macron, les nombreux appels de l’opposition à Alassane Ouattara, en vue d’un dialogue avant l’élection présidentielle du 31 octobre, » le PDCI déplore que le Président de la République française ait cru devoir justifier la candidature anticonstitutionnelle du Président Alassane Ouattara en affirmant : « je pense vraiment qu’il s’est présenté par devoir.
Dans l’absolu, j’aurais préféré qu’il y ait une autre solution, mais il n’y en avait pas. » Par ailleurs, le parti d’Henri Konan Bédié rappelle « qu’en démocratie, le pouvoir ne peut être un patrimoine que l’on transmet à un dauphin. L’alternance démocratique n’est pas une affaire de dauphinat ».
A la recherche d’une d’une seconde célébration ?
Comme le PDCI, des observateurs politiques, des journalistes, des internautes et des leaders de la société civile n’ont pas manqué de servir des réponses au président Français dont ils jugent la sortie, « hasardeuse ». Le journal français Libération a consacré un éditorial intitulé : » Avec Macron, tout change pour que rien ne change ». Pour dénoncer sa politique vis-à-vis de l’Afrique, contrairement à sa volonté affirmée de ne pas s’ingérer dans la gestion des États africains. Pour un militant de Générations et peuples solidaires (GPS), le parti de Guillaume Soro, « la sortie de Macron n’est pas fortuite ».
Pour lui, » Emmanuel Macron a fait cette sortie pour que le pouvoir Ouattara lui accorde une seconde célébration d’anniversaire ». Souvenez-vous, poursuit-il, » en décembre 2019, son anniversaire a été célébré par le pouvoir RHDP. Daniel Kablan Duncan qui était vice-président à cette époque avait même pris le micro pour chanter pour Macron. Une scène semblable à celles qui caractérisaient les rapports entre les colons et les noirs. C’est cette posture de colonisateur que Macron veut revivre à Abidjan qui se cache derrière sa sortie », soutient le militant de GPS. Qui n’a pas manqué de rappeler que la sortie de Macron est intervenue longtemps après l’élection controversée d’Alassane Ouattara, et surtout à un mois de sa date anniversaire, c’est-à-dire le 21 décembre.
Duncan étant sorti du système, Macron va devoir parler fort, pour se trouver un nouveau « lead vocal ». Lui emboitant le pas des internautes Ivoiriens invitent le peuple à se mobiliser « pour défendre sa Constitution qui est violée par Alassane Ouattara, sans attendre l’aide de la France », qu’ils qualifient de puissance déstabilisatrice de ses anciennes colonies.