Il y a deux ans, Alassane Ouattara ouvrait la porte de l’histoire en annonçant qu’il ne briguera pas un troisième mandat avant de réaliser, six mois plus tard l’un des revirements les plus spectaculaire de la politique ivoirienne en annonçant sa participation à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020.
Le 5 mars 2022 serait gravé à jamais dans les annales de la jeune démocratie ivoirienne si Alassane Ouattara n’avait pas réalisé la volte-face la plus spectaculaire de l’histoire politique de la Côte d’Ivoire en revenant sur sa décision de ne pas rempiler pour un troisième mandat. Le 5 mars 2020, devant les parlementaires réunis en congrès à la Fondation Félix Houphouet-Boigny pour la paix à Yamoussoukro, le président du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) a annoncé qu’il ne sera pas candidat à sa succession.
« Je voudrais vous annoncer solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération », avait-il déclaré. L’ancien fonctionnaire des institutions de Bretton Woods avait à peine fini de prononcer ces mots qui les félicitations fusant des quatre coins du monde s’étaient suivies.
Des chancelleries occidentales aux institutions continentales et sous-régionales, toutes avaient salué l’acte « fort » que venait de poser un Alassane Ouattara fortement soupçonné de manœuvrer pour rester au pouvoir au-delà du délai de deux mandats de cinq ans, légalement définit par la Constitution ivoirienne dans son article 55 renforcé par l’article 183.
« Je voudrais vous annoncer solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 »
Les partisans d’Alassane Ouattara n’avaient pas manqué de snober l’opposition et tous ceux qui avaient porté un soupçon sur la volonté de leur champion de garder la main sur le fauteuil présidentiel. Contre toute attente, le président de la République, à l’occasion de son adresse à la nation du 6 août 2020, veille de la célébration de la fête de l’indépendance, va revenir sur sa décision du 5 mars en annonçant qu’il sera candidat pour la troisième fois de suite. Le prétexte pour justifier ce revirement, l’ancien Premier ministre de Félix Houphouet-Boigny ne le cherche pas loin.
Le décès le 8 juillet 2020 de son chef de gouvernement, Amadou Gon Coulibaly, désigné comme candidat du parti au pouvoir à la présidentielle d’octobre 2020, est « le cas de force majeure » qui justifiera selon lui cette volte-face. En revenant sur sa décision de ne pas candidater pour un troisième mandat, après les nombreuses félicitations venant du monde entier, Alassane Ouattara a exposé à la fois, la Côte d’Ivoire à une fragilisation institutionnelle et du tissu social déjà mal en point depuis les crises politiques antérieurs.
Il y a 2 ans Alassane Ouattara a annoncé son retrait de la politique ivoirienne
La suite, on la connait, le président du Rhdp s’est taillé un troisième mandat qu’il a baptisé « premier mandat de la troisième République ». Les manifestations contre cette candidature de trop ont été violemment réprimées par le pouvoir, occasionnant des morts, des blessés, des destructions de biens et de nombreuses personnes emprisonnées. Un an après, les Ivoiriens se souviennent qu’Alassane Ouattara a manqué l’occasion de rentrer dans histoire.
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