Le 29 novembre, Laurent Gbagbo est emmené à l’aéroport de Korhogo, où l’attend un Grumman de l’État ivoirien. Après avoir été arrêté le 11 avril 2011, et après des mois de détention passés à Korhogo. Il est déporté à la prison de  Scheveningen à La Haye, au Pays-Bas. Retour sur un événement de la crise post-électorale de 2011 

À 7 heures du matin, le tribunal d’instance est bouclé par les hommes du commandant Fofié Kouakou, à la tête de la Compagnie territoriale de Korhogo (CTK). Le personnel est mis en congé jusqu’au lendemain. Les avocats de Gbagbo se rendent au palais de justice pour la poursuite de l’audience. Accompagné de magistrats ivoiriens et des greffiers de la Cour pénale internationale (CPI) arrivés d’Abidjan, le procureur de la République, Simplice Koffi Kouadio, entre alors en scène. Il notifie à Gbagbo son mandat d’arrêt à 13 h 35, avant de procéder à la vérification de son identité et de transmettre aussitôt le dossier à la chambre d’accusation, qui doit statuer sur l’extradition.

Les avocats veulent s’y opposer en déposant un recours pour « arrestation, détention et transfèrement illégaux ». Refus catégorique. Après des discussions animées, Gbagbo met fin aux débats. Pour lui, c’est une décision politique et il ne sert à rien de la retarder. « Il était préparé psychologiquement. Depuis le mois de mai, il explique que Ouattara ne peut gouverner tant qu’il réside sur le territoire national, explique Me Gbougnon. Cette nouvelle épreuve n’est pas la fin de sa carrière politique. Il nous répète souvent que la prison est un chemin pour aller à la présidence. »

Vêtu d’un pantalon de couleur kaki et d’une chemise blanche, l’ex-président quitte alors le tribunal vers 18 heures au milieu d’un cortège de voitures aux vitres teintées escortées par les militaires ivoiriens et les Casques bleus. Direction : l’aéroport de Korhogo, où l’attend un Grumman de l’État de Côte d’Ivoire. Le site est entièrement quadrillé et impossible d’accès.  À 18 h 21, l’avion décolle pour un vol à destination d’Abid­jan. Durant une brève escale, le temps de faire le plein de carburant, certains prétendent avoir vu Gbagbo menotté au salon d’honneur de l’aéroport. Une version démentie par les autorités ivoiriennes, qui assurent l’avoir traité « avec dignité ». Accompagné des greffiers et du personnel de sécurité de la CPI, et des représentants de l’État ivoirien, il remonte à bord du même Grumman. Sa prochaine destination : La Haye, aux Pays-Bas.

Arrivé un peu après 4 heures du matin à l’aéroport de Rotterdam, Gbagbo est ensuite conduit à bord d’un van gris métallisé, escorté par une voiture de la police néerlandaise, au centre de détention de Scheveningen, dans la banlieue de La Haye. Le nouveau pensionnaire y prend ses quartiers. Dans la matinée, il subit un examen médical, se voit signifier le règlement intérieur et se prête aux formalités administratives. Son avocat français, Me Emmanuel Altit, saute alors dans le premier avion pour Rotterdam.

Lui aussi passe sa journée à la CPI afin de régler les détails liés à la procédure judiciaire et aux visites. « La comparution initiale de Laurent Gbagbo est programmée pour le lundi 5 décembre à 14 heures », annonce la CPI dans un communiqué. À cette date, c’est la première intervention de Gbagbo devant les juges de la Cpi. Ce qui marque le début d’un procès de de 8 ans qui va aboutir à un acquittement le 15 janvier 2019. 

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