Patrick Achi ouvrira certainement les discussions avec l’opposition ce 16 décembre 2021. Ces discussions présentées depuis plusieurs mois comme le rendez-vous ultime pour trouver des solutions aux différends entre le pouvoir et l’opposition pourrait faire place à la déception. En tout cas si l’on s’en tient à la composition des animateurs présentés par un confrère.
Sauf changement, le dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition s’ouvrira le 16 décembre prochain. En plus de la date probable de l’ouverture des discussions entre le pouvoir Ouattara et l’opposition, Jeune Afrique nous donne une idée des animateurs dudit dialogue.
Outre ces membres du gouvernement, prendront part à ces échanges au titre des partis politiques, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) d’Alassane Ouattara, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) d’Henri Konan Bédié, le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI) de Pascal Affi N’Guessan et l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (Udpci) d’Albert Toikeusse Mabri. Il faut noter également que des acteurs de la société civile sont invités à se joindre à l’arbre à palabre.
Dialogue politique en Côte d’Ivoire
Au cœur des discussions, il aura la question des élections locales (municipales et régionales) à venir, de la Commission électorale indépendante (CEI) avec l’entrée certaine de représentants du parti de Laurent Gbagbo. Le PPA-CI, de toute évidence, remettra sur la table la fâcheuse question de la libération des prisonniers de la crise post-électorale de 2010-2011 dont le régime Ouattara ne veut pas entendre parler.
Ce dialogue politique qui, selon ses initiateurs, le pouvoir d’Abidjan, vise à faire perdurer le climat de paix que l’on observe après les lendemains tumultueux du passage en force d’Alassane Ouattara pour son troisième mandat inconstitutionnel, part déjà sur de fausses bases. Comme toujours, le chef de l’Etat persiste dans sa volonté d’exclure Guillaume Soro et son mouvement Génération et peuples solidaires (GPS) de cette assise qui, selon lui, a pour finalité de renforcer la paix.
S’il pourrait être tenté de justifier l’absence de GPS en tant qu’entité invitée au débat sur la base de la décision de justice qui a prononcé sa dissolution le 23 juin 2021, rien ne pourra cependant expliquer l’absence du Rassemblement des Générations et peuples solidaires (R-GPS) de Yao Soumaïla sur la liste des partis invités au débat. Comment Alassane Ouattara peut-il prétendre rechercher l’apaisement tout en excluant l’un des acteurs majeurs de la politique ivoirienne de ces vingt dernières années du processus ?
Dialogue politique sans Soro
Visiblement, l’ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international n’est pas pour le rapprochement des filles et fils de la Côte d’Ivoire. Ce dialogue politique, s’il se tient comme présenté par nos confères de Jeune Afrique, sera la preuve de trop que Guillaume Soro hante les nuits du président du Rhdp et qu’il n’aura le sommeil reposant que lorsqu’il aura réussi à anéantir celui qui a pourtant contribué à le remettre dans le jeu politique. Les choses sont claires désormais, c’est une affaire personnelle.
Alassane Ouattara peut discuter avec tout le monde, même avec son plus grand rival Laurent Gbagbo. Mais pas avec Guillaume Soro, « ce fils rebelle » qui a osé afficher ses ambitions de briguer la magistrature suprême et refusé d’adhérer au Rhdp. Cela, Alassane Ouattara l’a pris comme un affront qu’il souhaite faire payer à l’ancien président de l’Assemblée nationale dont l’arbitrage en sa faveur lors de la crise post-électorale de 2010 avait été déterminant dans sa victoire finale sur son vis-à-vis.
Avec cette énième exclusion de l’ancien leader estudiantin du processus de réconciliation nationale, le pouvoir d’Abidjan est en train de conforter dans leur analyse ceux qui jugent que sa démarche n’est pas sincère et qu’elle vise uniquement les objectifs des caméras. Si le pouvoir ne cache pas sa volonté de laisser certains acteurs sur la touche dans la recherche d’un climat social apaisé, il reviendra aux partis d’opposition invités aux échanges de lui imposer un dialogue politique inclusif qui ne laisse aucun acteur sur le côté. Autrement, elle se fera complice d’un dialogue mortné et elle en assumera la responsabilité historique devant le peuple. En terme d’échec, cela sera sans doute de trop aux yeux des populations après celui de la lutte contre le troisième mandat illégal d’Alassane Ouattara.
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