Alors que les cœurs sont encore meurtris, par le triste bilan de 85 morts (officiels) dus à la crise ante et postélectorale, le pouvoir, lui, passe à autre chose. Cet autre chose n’est que l’élection législative pour laquelle ses cadres piaffent, déjà, d’impatience dans les médias.
C’est dire que manifestement, et résolument, il n’est guère attendri par la requête faite par l’opposition, de voir ces morts commémorés et dûment pris en charge. Dans une déclaration faite la veille de l’investiture d’Alassane Ouattara, le chef de l’opposition, Henri Konan Bédié, lui avait proposé d’engager le dialogue autour, justement, des conséquences des troubles qui ont émaillé le processus électoral, de sorte à ramener outre la tranquillité, la cohésion sociale.
Aussi curieux que cela paraisse, le régime Rhdp en annonçant solennellement la nomination d’un ministre de la Réconciliation nationale, en la personne de l’ancien député Kouadio Konan Bertin, semble bien résolu à reléguer ce département ministériel à des sujets subsidiaires. Sinon, l’on comprend mal pourquoi le promu, qui semble pressé d’entrer véritablement en scène, ne dirigerait pas ces discussions annoncées.
SITUATIONS CRITIQUES OCCULTÉES
Au-delà même de la nécessité d’engager, prestement, un dialogue pour préparer son assise – parce que c’est cela le vrai enjeu – il y a à se demander si ces discussions auront l’audience escomptée. Si elles arrivent à un moment inapproprié, force est de réaliser que les partis d’opposition (ceux qui comptent, bien entendu) ont d’autres préoccupations.
Ces intérêts se résument à la situation de leaders d’opinion détenu (Pascal AFfi N’guessan, ancien premier ministre, président du FPI), exilés Guillaume Kigbafori Soro (ancien président de l’Assemblée nationale et président de GPS), Innocent Anaky Kobenan (ancien ministre, fondateur du MFA), Noël Akossi Benjo (membre du Bureau politique du Pdci-Rda), quasiment contraints à un exil qui ne dit pas son nom (Laurent Gbagbo, ancien chef d’Etat) et Charles Blé Goudé (ancien ministre). Que dire des déboires que connaissent d’autres opposants, et non des moindres, dont le Pr Maurice Kakou Guikahué, qui a été transféré d’urgence de son lieu de détention en France pour cause de maladie ?
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