L’acte 5 du procès du massacre de Duekoué carrefour dans l’ouest de la Côte d’Ivoire a eu lieu aujourd’hui au Tribunal criminel du Plateau présidé par le juge Charles Biny, avec la poursuite des dépositions des témoins.

Jeanne Tienhoulou a à la barre affirmé qu’elle connaissait Amadé Ouérémi avant les évènements du 29 mars 2011, parce qu’ils ont vécu dans la même habitation. Elle a rappelé qu’il était un réparateur de vélo qui à la fin est devenu un grand producteur de cacao.

« Je le connais bien. Quand il est venu nouvellement, il était chez mon beau-frère à Bagouho. Il était un réparateur de vélo. C’est plus tard qu’il a commencé à payer terrain. Amadé a fait fortune en un temps record après sa conversion en planteur, il voulait déposséder mon oncle d’une parcelle qui s’est opposé. Il n’a pas apprécié son refus. Quelques jours plus tard, le village de mon oncle a été attaqué, sa maison a été la cible et deux de ses enfants ont perdu la vie. Mon mari eu la vie sauve puisqu’il était absent du village, le jour de l’attaque », a expliqué, le témoin.

À propos des événements malheureux survenus le 29 mars 2011 à Duekoué carrefour, Jeanne Tienhoulou a annoncé à la barre que c’est Amadé Ouérémi qui a abattu son époux et son aîné au moment où ils se rendaient à la mission catholique pour se réfugier.

« Ce monsieur, Amadé Ouérém, assis à côté de moi à lui-même, en personne, tué mon mari devant moi. On fuyait et nous nous sommes retrouvés nez à nez avec les hommes de Amadé. Ils ont arrêté mon mari et lui on dit qu’il était un militaire de Gbagbo au moment où j’étais en train de demander pardon et dire que mon mari était planteur, Amadé a pris sa Kalachnikov et a tiré dans la poitrine de mon mari qui est mort sur le champ. Il a aussi tiré sur mon grand frère et l’a tué devant moi », a-t-elle expliqué.

Selon Jeanne Tienhoulou, le seigneur de guerre lui a également tiré une balle dans le bras gauche dont elle porte encore les séquelles et l’a abandonné croyant qu’elle était morte.

« Moi même il a tiré sur mon bras gauche. Il m’a laissé parce que je me suis fait passer pour morte. C’est la nuit que je me suis levée, je suis descendu dans la brousse, j’ai passé dans les bas-fonds pour rejoindre la mission catholique. Il y avait beaucoup de personne, mais je n’ai pas oublié Amadé parce que c’est lui-même qui a tiré sur mon mari. Je ne peux pas oublier son acte », a insisté, le témoin.

Tout comme Jeanne Tienhoulou, Alexandre Nahi à la barre a déclaré que l’accusé est le principal responsable des tueries survenus pendant la crise post-électorale de 2010-2011 à Duekoué carrefour. Il a indiqué que, Amadé Ouérémi avait pour surnom, le Général et il commandait des hommes en armes.

« Ce monsieur que vous voyez on l’appelait le général. Il avait ses hommes. Une fois, il y a de nouveaux corps habillés qu’on est venu présenter dans le village, il est rentré dans tous ses états. Il disait que lui le général ne peut pas être là et puis d’autres personnes vont venir. Il a attaqué tous les gendarmes qui venaient d’arriver et les a tué sauf deux avec lesquels j’ai fui. On a fait une semaine dans la brousse. Je l’ai vu à Duekoué carrefour dans un 4×4 surmonté d’une arme. Il était bien sur les lieux et il disait on va prendre Duekoué pour faire champ de Maïs. C’est son garde du corps Rougeo qui a pris machette pour gâter ma main », a-t-il révélé.

Un témoin a affirmé que Amadé Ouérémi profanait même les lieux de culte. Selon lui dans sa fuite, il s’est réfugié dans une église, mais cela n’a pas empêché, le seigneur de guerre d’ouvrir le feu sur lui et les personnes qui s’y étaient réfugiées.

« Je fuyais pour aller en brousse et une femme m’a dit de me cacher dans l’église et que comme ça j’aurai la vie sauve. Voilà comment je suis rentré dans l’église, mais quand ils sont arrivés, ils nous ont laissé dans l’église et on fait sortir toutes les femmes. Ensuite nous les hommes ils ont commencé à nous arroser de balles. Moi j’ai reçu une balle et j’ai fait le mort. Tous ceux qui bougeaient encore on tirait sur eux jusqu’à ce qu’ils meurent », a relevé, ce témoin encore sous le choc.

Un autre témoin a soutenu qu’il a été agressé avec une machette par les hommes de Ouérémi qui lui ont tiré deux balles pendant qu’il essayait de s’échapper. « Ma maman a été violée avant d’être tuée. Mon papa aussi est mort », a-t-il soutenu.

Comme à son habitude, l’accusé a nié tous les témoignages qui l’accablent, avouant au passage que tous les témoins ont menti.

« Ce qu’ils disent est faux. Moi comme c’est mon nom qui est devant donc tout le monde dit Amadé sinon en 2011, je n’ai pas pris fusil. Je n’ai pas tué quelqu’un. Moi j’étais malade », s’est-il défendu.

En même temps, il a souhaité néanmoins la comparution de ses patrons parce qu’il n’a pas agi seul d’autant plus qu’il recevait les ordres du commandant Coulibaly de Kouibly. 

« Il a toujours insisté et dit qu’il est élément. En disant élément il veut dire qu’il faisait partir d’une équipe, d’un groupe armé et il a nommément cité ses supérieurs hiérarchiques que sont Losseni Fofana et Coulibaly qu’il appelle Coul. Mêmes les témoins meurtris dans leurs chairs, on cite la présence des dozos et disaient que ce n’était pas Ouérémi seul (…). Pour la manifestation de la vérité nous avons demandé que les personnes surtout les deux personnes clés sur lesquelles l’accusé a insisté comparaissent afin que dans la confrontation avec l’accusé et sous le poids de nos questions nous éclairer si effectivement l’accusé n’est pas leur élément », a déclaré, l’avocate Roseline Aka Serikpa, conseil de l’accusé.

Malheureusement, elle ne sera pas suivie par le tribunal qui à la fin de l’audience du jour a annoncé que la procédure reprendra le mercredi 14 avril 2021 avec les plaidoiries et réquisitions.

Enfin, à l’entame de l’audience du jour, on a assisté à trois suspensions dues à des malaises exprimés par Amadé Ouérémi.

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