L’année 2020 s’annonçait comme une année de grands défis pour la Côte d’Ivoire. Au plan du développement, elle marquait le point culminant de l’émergence après de nombreux investissements.
Mais c’est surtout au niveau politique qu’elle crispait les attentions. Entre reconfiguration politique et défi d’organiser une élection présidentielle ouverte, paisible et sans heurts, les attentes étaient grandes. Puisque l’année est à son terme, c’est l’heure du bilan, mais aussi des perspectives. Que retenir de 2020 ? Que nous réserve 2021 ? La prochaine année sera-t-elle autant charnière que l’actuelle ? Déjà pointent à l’horizon des élections législatives, le retour probable de Laurent Gbagbo et de certains exilés, une menace terroriste toujours présente etc. Le calendrier s’annonce chargé.
Après la crise postélectorale de 2010, les observateurs de la scène politique ivoirienne tablaient sur la fin d’une période houleuse après l’élection présidentielle de 2020. Celle-ci devait permettre de tourner définitivement les pages sombres de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Une lecture fondée sur un passage de flambeau à une nouvelle classe politique et la retraite du trio Bédié, Ouattara, Gbagbo. Dès le premier trimestre 2020, Alassane Ouattara ouvrait la porte à une grande espérance en décidant de ne pas briguer un autre mandat.
La suite, on la connaît. Après avoir longtemps caché sa volonté de revenir aux affaires, Henri Konan Bédié a fini par déposer sa candidature et Laurent Gbagbo, depuis son acquittement, tente de reprendre la main dans son parti. Résultats au pas de course, les mêmes problématiques demeurent depuis 1993. Mais à un moindre degré. Les trois grandes figures de la politique ivoirienne devraient jouer de moins en moins les premiers rôles. 2021 s’annonce comme une année relativement calme, qui devrait permettre de profondes mutations dans la classe politique et mettre en lumière de nouveaux protagonistes. L’émergence de plus en plus de personnalités aux premiers rangs dans tous les partis devrait imposer un nouveau dynamisme.
Un parlement à reconfigurer
Le premier rendez-vous politique majeur de 2021, ce sont les élections législatives. Prévues courant fin février, elles vont bousculer le Parlement actuel. L’on file droit vers un record de candidatures, tant les volontés et les ambitions sont nombreuses. Au sein de chaque parti politique, les lignes bougent déjà. Pas question d’être absent de la ligne de départ cette fois. Les arbitres étudient les dossiers et les choses s’annoncent assez difficiles.
Notamment au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), au pouvoir depuis dix ans. Des appétits ont été aiguisés et le casting ne fera pas le bonheur de tous. L’on pourrait s’attendre à plusieurs candidatures indépendantes, comme ce fut le cas en 2016. Mais avant, même si Henri Konan Bédié a prononcé la mort du Conseil national de transition (CNT), qui n’a jamais fonctionné en réalité, plusieurs cadres de l’opposition sont encore en prison ou en exil pour des raisons liées à la création de cette instance. Il n’est donc pas question d’entamer un débat sans la libération de ces derniers, alors que le gouvernement exprime sa volonté de « mettre fin à l’impunité » et souhaite qu’un procès s’ouvre.
L’année 2021 annonce les couleurs
« Une loi d’amnistie pourra être prise à la fin du dialogue politique» dit-on du côté du palais d’Abidjan. Autre évènement attendu pour le premier trimestre 2020, le retour de Laurent Gbagbo. Ce dernier, après avoir obtenu deux passeports, l’un diplomatique et l’autre ordinaire, avait émis le vœu de rentrer avant fin 2020. Mais les choses ne sont pas simples. Condamné à vingt ans de prison dans l’affaire « casse de la BCEAO » il a un volet judiciaire à prendre en compte. Officiellement, le gouvernement, par la voix de son porte-parole Sidi Tiémoko Touré, affirme que la suite dépend de la justice.
Mais le Président de la République étudie en parallèle plusieurs options pour faire table rase du passé sans porter préjudice aux victimes. « Il n’y a pas que le dossier Gbagbo. Ce dernier a été condamné avec d’autres personnes. Certains dossiers liés à la crise post électorale sont également à l’étude, tout comme ceux nés autour de l’élection de 2020 », confie une source proche du palais présidentiel.
Source : Extrait JDA