En annonçant en exclusivité l’évacuation sanitaire de Amadou Gon Coulibaly début mai, LSI AFRICA avait précisé que le Premier ministre ivoirien avait été victime d’un malaise cardiaque. Une version contestée par le gouvernement ivoirien, qui dans un communiqué laconique lu à la télévision publique ivoirienne avait évoqué « une convalescence » du dauphin d’Alassane Ouattara. Plus de six semaines plus tard, celui qui est surnommé « Lion » par ses sympathisants n’a toujours pas quitté Paris.
Amadou Gon Coulibaly, un cheval non partant?
La question alimente les rumeurs les plus folles dans les maquis à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Mais la vérité, c’est que l’état de santé de Amadou Gon Coulibaly est incompatible avec la fonction et les exigences d’un Chef d’État dans un pays comme la Côte d’Ivoire. Partout dans le monde, la visite médicale est un élément-clé pour tout candidat à la magistrature suprême. Selon des informations exclusives de LSI AFRICA, AGC aurait subi une seconde transplantation cardiaque après son évacuation sanitaire le 2 mai dernier.
LSI AFRICA s’est rapproché de John Bernie Grown, un cardiologue qui intervient au centre hospitalier et universitaire vaudois en Suisse. Son avis sur la question a valeur d’un cours de cardiologie : « je n’ai pas des éléments précis des examens du Premier ministre ivoirien, mais je vais essayer de vous expliquer en quelques mots ce qui se fait dans le cas des greffes de cœur. Tout d’abord, une hospitalisation de trois semaines à un mois est nécessaire, suivie d’un séjour dans un centre de convalescence, afin de mettre en place une réadaptation progressive à l’effort.
Le cœur greffé n’est plus innervé. Il bat plus vite au repos et réagit plus lentement en cas d’exercice physique. Après la transplantation, les personnes greffées sont plus vulnérables aux infections. Pendant les deux à trois premiers mois, il leur est conseillé d’éviter les lieux publics surpeuplés (cinémas, théâtres, restaurants, etc.).
Dans un contexte de crise sanitaire mondiale, le Premier ministre ivoirien doit être « ultra protégé », et en principe, en accord avec son médecin, la reprise de l’activité professionnelle est possible dans les trois à six mois après la transplantation », a-t-il indiqué. En Côte d’Ivoire, l’élection présidentielle est prévue pour se tenir le 31 Octobre 2020. Une élection qui sera précédée d’une éprouvante période de pré-campagne et de campagne, où les candidats sont appelés à parcourir les quatre coins du pays. AGC pourra-t-il suivre cette cadence marathonienne ? Question.
AGC, ADO, et Macron
Au sein du RHDP, la tendance serait de plus en plus à une implosion quasiment inévitable. Entre pros-Hamback (Hamed Bakayoko) en grande difficulté depuis les révélations sur son implication dans le trafic de drogue dans le pays par Vice, pros-AGC (Amadou Gon Coulibaly, fortement contesté en off ) et ceux qui verraient bien le président Alassane Ouattara rempiler pour un troisième mandat, c’est une lutte sans merci.
La succession du président ivoirien pose clairement problème. Au sein de la cellule diplomatique de l’Elysée, le forcing ou l’entêtement de Alassane Ouattara pour son Premier ministre suscite des réserves. Le président Emmanuel Macron qui suit de très près l’actualité politique en Côte d’Ivoire, pays hautement stratégique, se garde bien de ne pas froisser son homologue ivoirien, même si en off, le bulletin de santé de AGC suscite de fortes interrogations.
Âgé de 61 ans, M. Gon Coulibaly a été désigné candidat du parti du président Alassane Ouattara, qui a annoncé début mars sa décision de ne pas briguer un troisième mandat. Selon nos informations, un réaménagement de l’équipe gouvernementale devrait intervenir dans les prochaines semaines. Amadou Gon Coulibaly, qui a barré au stylo rouge le nom de Hamed Bakayoko pour lui succéder, insiste auprès du Chef de l’État ivoirien pour que Patrick Atchi le remplace à la primature. Wait and see.