En prison depuis plus de deux ans pour certains, neuf mois pour d’autres ; des détenus attendent le moment de grâce. Le président de la République, chef de d’Etat plusieurs sollicité à ce propos, devrait continuer à manifester de la clémence pour ces personnes.
LES FAITS QUI MILITENT POUR UNE LIBÉRATION
Alassane Ouattara voulait à tout prix son troisième mandat. Il se l’est donné par tous les moyens. Toute opposition à la volonté du président du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) a été traitée avec une telle rigueur que celle-ci a été contre et contenue.
Ainsi Pulcherie Gbalet, présidente de l’organisation de la société civile, Alternative citoyenne ivoirienne (ACI), qui avait invité le peuple à manifester contre la violation de la constitution, a été arrêtée et écrouée à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).
La présidente de ACI sera même licenciée de son travail du BNEDT. Comme elle, plusieurs personnes arrêtées pendant les manifestations populaires contre la troisième candidature d’Alassane Ouattara croupissent encore dans les prisons ivoiriennes.
DES DÉTENUS SANS JUGEMENT
Avant eux, des personnes proches de l’ancien régime de Laurent Gbagbo attendent d’être jugées. Alors qu’elles ne le sont pas encore, plusieurs proches de Guillaume Kigbafori Soro dont Alain Lobognon, Koné Kamaraté Souleymane dit Soul to Soul, Sekongo Félicien et Simon et Rigobert Soro, les cadets du président de Générations et peuples solidaires (GPS) ont été ajoutés à ce lot.
Ces derniers ont été arrêtés le 23 décembre 2019 et accusé de déstabilisation et atteinte à la sûreté de l’Etat alors qu’ils s’organisaient à accueillir leur leader de retour d’une longue tournée africaine puis européenne.
Pourtant un grand nombre de leurs partisans, arrêtés pour le même motif, ont été, eux, libérés. Dernièrement, d’autres personnes se réclamant de Guillaume Soro ont été mis aux arrêts. Il s’agit de Zeinab Ayoub, Miezan Kouatrin alias DJ Volcano, Pkan Gueu Fulbert, Lath Épiphane…
UN GESTE POUR APAISER LES CŒURS
Aujourd’hui plus que jamais, le moment est venu pour Alassane Ouattara de poser d’autres actes forts visant à décrisper le climat social. Il en avait donné le signal en nommant Konan Kouadio Bertin à la tête du ministère de la Réconciliation le 15 décembre 2020. Le faisant, le chef de l’Etat reconnaissait implicitement qu’il y a nécessité de colmater les brèches entre les couches sociales et politiques.
En tout état de cause, nombre d’observateurs ont perçu le retour du ministère de la Réconciliation nationale comme la conscience d’une problématique à résoudre. L’idée si elle avait été quelque peu raillée à fait poindre une lueur dans l’esprit de nombreux Ivoiriens. Enfin, Ouattara va passer à la réconciliation proprement dite, avaient même soupiré ceux des nationaux, qui ont selon eux vu dans le dialogue politique du « folklore ».
DES ACTES ATTENDUS PAR LES IVOIRIENS
En la matière, quels actes forts peuvent-ils attendrir les populations par ces temps de crispations continuelles de l’atmosphère politique et sociale ? Personne ne rejettera la libération des prisonniers comme levier de la réconciliation attendue. Les Ivoiriens d’opinion n’attendent que ça.
Comment peut-on prétendre réconcilier les Ivoiriens quand certains voient toujours leurs proches privés de liberté et sans jugement ? Une autre raison existe pour le Président Ouattara d’apaiser les populations. Il s’agit sans nul doute des décès successifs de cadres politiques et militaires.
Des disparitions qui sont interprétées de façon tendancieuse empoisonnent l’atmosphère sociale. Quelles ne sont par exemple les rumeurs qui circulent autour de la mort brutale du Premier ministre Hamed Bakayoko ? Et quelles ne sont les « on dit » qui n’ont enflé autour des décès antérieurs en cascade d’autres personnalités ? Toutes ont en commun la politique…
LE CAS HAMED BAKAYOKO DONNE UN SIGNAL
Dans un premier temps, le rappel à Dieu du Premier ministre Hamed Bakayoko, collaborateur de longue date du chef de l’Etat, a perturbé la sérénité des Ivoiriens dans leur ensemble. Toute barrière politique, ethnique, religieuse et régionale mise de côté, les Ivoiriens portent dans leur majorité le deuil de l’illustre disparu.
Dans le même temps, ce décès du maire d’Abobo a révélé qu’il existe une forte haine entre enfants du même pays. Pendant que certains pleurent le défunt Premier ministre, d’autres ne se sentent pas concernés par ce qui devait être un deuil national. Ces derniers justifient leur indifférence par les torts et souffrances qu’ils auraient connus de la part du pouvoir Rhdp.
Parmi les griefs de ceux-ci formulent, l’on a pu lire sur les réseaux sociaux les propos du genre « pleurez vos morts, nous pleurons nos parents morts depuis ou emprisonnés ». Ou encore, ils disent:
« si nos morts n’ont pas été vos morts, pourquoi voulez-vous que vos morts soient nos morts. » Tout ceci montre qu’il faut poser un acte réconciliateur afin que les cœurs meurtris soient apaisés. Comme le dirait l’homme de la rue abidjanaise, « Ouattara doit mettre balle à terre » et continuer à incarner ce père de la nation attendu de lui.
Générations Nouvelles