Tidjane Thiam, ancien patron du crédit Suisse, est l’un des candidats potentiels à l’élection présidentielle prévue le 31 octobre 2020 en Côte d’Ivoire. Sur les réseaux sociaux, les partisans du banquier ivoiro-francais ont déjà lancé la bataille de communication autour de ce projet.
Mais, ce qu’ils ignorent certainement, c’est qu’un détail dans sa vie le rend inéligible vis-à-vis de la Constitution ivoirienne. Il s’agit de sa double nationalité. En Côte d’Ivoire, la Constitution de 2016 a assoupli les conditions d’éligibilité. Notamment, en ce qui concerne les origines des candidats. Plus besoin d’être ivoirien de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine, comme l’indiquait l’alinéa 6 de l’article 35 de la Constitution de 2000. Mais, la nouvelle Constitution de 2016, en son article 55, exige que le candidat soit exclusivement ivoirien. « Le candidat à l’élection présidentielle doit jouir de ses droits civils et politiques et doit être âgé de trente-cinq ans au moins. Il doit être exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirien d’origine », stipule cet article à son alinéa 3.
En d’autres termes, le candidat à l’élection présidentielle ne doit avoir que la nationalité ivoirienne. Ce qui n’est pas le cas de Tidjane Thiam qui est à la fois Ivoirien et Français. « La loi ivoirienne ne reconnaît pas la double nationalité. C’est la raison pour laquelle la Constitution qui est la loi fondamentale, fait cette précision pour dire que, pour être candidat, il faut être exclusivement ivoirien. C’est-à-dire, ne disposer que de la nationalité ivoirienne. En tout état de cause, le dernier mot revient au juge des élections. C’est lui qui apprécie en dernier recours pour valider ou non les candidatures », a commenté le Dr Géoffroy Kouao, juriste politologue.
Kouakou Kra, vice-président chargé des questions électorales du FPI pro-Affi, a reconnu cet état de fait. « On ne peut pas être candidat à la présidentielle, si on dispose d’une autre nationalité. C’est pourquoi la Constitution demande d’être exclusivement ivoirien », a-t-il indiqué.
Cela dit, en l’état des choses, Tidjane Thiam ne peut être éligible pour l’élection présidentielle de 2020.
Toutefois, une solution s’offre au banquier, selon le responsable du FPI : « Abandonner la nationalité étrangère si la personne veut être candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020 ».
Ainsi donc, Tidjane Thiam pourrait se remettre dans la course à la présidentielle 2020, s’il accepte simplement d’abandonner sa nationalité française. Avant 2016, l’abandon de la nationalité française n’aurait pas suffi à le remettre dans la course. L’article 35 de la Constitution de 2000, en son alinéa 5 qui stipule : « Il ne doit s’être jamais prévalu d’une autre nationalité », l’aurait définitivement exclu.
Il faut rappeler que Jean-Louis Billon et Thierry Tanoh encore tout récemment potentiels candidats du PDCI se trouvent dans la même situation que Tidjane Thiam avec leur double nationalité franco-ivoirienne.
La seule solution qui s’impose donc à eux s’ils veulent être dans la course à la présidentielle de 2020, est la renonciation à la nationalité française qui semble aisée.