Les autorités ivoiriennes sont à fond dans la crise malienne. C’est peu dire. À défaut d’engager officiellement des troupes militaires pour en découdre de façon frontale avec la junte malienne, les tenants du régime ivoirien ont choisi de procéder autrement tout en visant toujours le même objectif qui est de voir disparaître le colonel Assimi Goita et son gouvernement de transition. Pour donc parvenir à cette fin, l’administration Ouattara a autorisé mardi 22 février à Abidjan, précisément au « Jardin des Rails » au Plateau, la tenue d’une conférence de presse.

Celle-ci était animée par un certain Ainea Ibrahim Camara se présentant à la presse comme étant le président du « Mouvement républicain »( MR), un parti politique malien. Comme on pouvait l’imaginer, le conférencier qui se trouvait bien loin des locaux de la représentation diplomatique du Mali en Côte d’Ivoire s’est pourtant laissé aller à ses déclarations, convaincu qu’il avait des soutiens tapis dans l’ombre du palais d’Abidjan.

Dans la foulée, l’opposant malien a annoncé sans fards et sous le regard bienveillant des autorités ivoiriennes, la formation d’un gouvernement civil de transition le 27 février prochain. Du coup, la Côte d’Ivoire, notre pays apparaît clairement désormais aux yeux du monde comme la base arrière désignée des opposants maliens qui ambitionnent de mettre par tous les moyens  » légaux « , un terme au pouvoir militaire en place à Bamako.

Comment peut-on les jours pairs déclarer officiellement être engagé pour un dénouement heureux de la crise et dans le même temps, cautionner les jours impairs et en sous mains, des leaders de partis politiques maliens qui entendent emprunter une autre voie que celle proposée par la Cedeao ? Qu’adviendrait-il si le colonel Assimi Goita et le gouvernement malien venaient à fermer la porte des discussions au médiateur de la Cedeao afin de prendre la pleine mesure des menaces proférées depuis Abidjan ?

Que gagne Abidjan en cautionnant un pays avec à sa tête deux présidents ? Assurément le jeu trouble auquel s’adonnent les autorités ivoiriennes dans la résolution de la crise malienne est tout simplement dangereux. À tout point de vue. Et cela renvoie aux souvenirs du rôle déstabilisateur joué en 2002 par le régime du président burkinabé Blaise Compaoré qui avait à cette époque offert gîte et couverts à un groupe de civils et militaires opposés au régime du président Laurent Gbagbo.

La suite, on la connaît. Il n’est donc pas dans l’intérêt des autorités ivoiriennes de voir la crise malienne s’enliser. Davantage. Les conséquences pourraient être intenables et incalculables pour toute la région Ouest-africaine. Et peut-être même au-delà des frontières sous régionales.

Pierre Lemauvais

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