Alors que le corps sans vie du Premier ministre Hamed Bakayoko est attendu cet après-midi du samedi 13 mars 2021, à Abidjan, le journaliste Fernand Dédeh fait des révélations sur la date de son décès. Dimanche 7 ou mercredi 10 mars 2021 ? Lire ses précisions, publiées sous forme d’épitre à Barthélémy Inabo Zouzoua, sur son mur Facebook. NDLR.

Le corps sans vie du premier ministre ivoirien arrive ce samedi 13 mars à Abidjan. Terrible rendez-vous. Je sais que beaucoup attendent mon hommage à Hamed Bakayoko. Du simple fait que je fais partie des premiers à avoir annoncé « la grosse fatigue du Golden boy » et l’un des premiers à avoir signalé le passage de l’oiseau de malheur dans le ciel ivoirien. Certains  pensent que j’en sais trop et scrutent mes publications.

Quand Hamed Bakayoko s’envolait le 18 février 2021 pour Paris, nous le savions extrêmement fatigué. Mais pas à l’article de la mort. À son arrivée à Paris, mes sources m’ont signalé des examens approfondis pour diagnostiquer avec précision, l’origine de la fatigue du premier ministre ivoirien. Plus les jours passent, plus l’inquiétude grandit. Les nouvelles sont de plus en plus alarmantes.

Quand ton camarade rend visite à son proche collaborateur le 1er mars, je scrute les pages officielles des deux personnalités sur les réseaux sociaux. Elles communiquent beaucoup, toutes les deux. Aucune image disponible.

Cela éveille ma curiosité. Des amis me soufflent que la situation est plutôt compliquée. Ils insistent sur le regroupement familial. « Pour passer les derniers moments ensemble ». Puis la terrible nouvelle. « Les médecins ne lui donnent pas 72 h… ».

Le dimanche 7 mars, un coup de fil, tard dans la nuit m’alerte. « Frère, le pays est en deuil… ». Ma nuit vient d’être colorée en blanc. Impossible de fermer l’œil. La sempiternelle question: « Seigneur, pourquoi »?

Le lundi 8 mars, au petit matin, j’ai l’inspiration de dire les choses sans rien dire.

La conseil présidentiel convoqué par ton camarade ce lundi-là, signifie tout: Hamed Bakayoko est entrain de nous faire un coup. Les intérimaires sont nommés.

Le mercredi 9 mars 2021, dans la matinée, une source généralement bien informée me contacte: « L’état de santé du premier ministre est jugé « stable » ». Je souffle l’information à certains proches. En même temps, l’expérience me commande une attitude prudente. La même source me revient dans l’après-midi: « cette fois, le pays est vraiment en deuil… ». Clap de fin pour un garçon qui a grimpé les marches de l’échelle sociale, le regard moulé dans le marbre de ses convictions. 

« Chacun à la chance. C’est celui qui sait saisir sa chance qui réussit dans la vie. »

Hamed Bakayoko est un produit du printemps de la presse en Côte d’Ivoire. Les sofas qui ont envahi la profession après le retour au multipartisme. Tout le monde faisait tout. Chacun défendait sa chapelle. Les dérives étaient les choses les mieux partagées. La période où les militants encagoulés, animaient les rédactions et grillaient toutes les règles du métier. Les journaux naissaient et disparaissaient comme des libellules.

Hamed Bakayoko, avec le quotidien Le Patriote, était l’épée du parti au pouvoir de l’époque. Mais davantage incliné à défendre l’image du couple Ouattara, Alassane et Dominique. Le Patriote a d’ailleurs été l’un des rares organes de presse à avoir publié en exclusivité, les images de leur mariage en 1991. Il avait une phrase éponyme: « chacun de nous a la chance.. C’est celui qui sait saisir sa chance qui réussit dans la vie… ».

Hamed  Bakayoko a su saisir sa chance à chaque étape de sa vie, depuis 1990. Le loubard qui a été révélé à la face de la Côte d’Ivoire en 1990, s’est bâti une réputation d’homme d’affaires méthodique. En 1994, je suis surpris d’apprendre que l’imprimerie qui tire le journal de l’Opposition La Voie, appartient à Hamed Bakayoko. En 1996, je suis désigné pour couvrir l’inauguration de Radio Nostalgie, franchise d’Abidjan. Hamed Bakayoko diversifie ses activités: il est dans la nuit, dans la restauration, dans l’immobilier. Un homme d’affaires futé est né!

« Fernand, tu nous gènes… »

En janvier 2003, je couvre les négociations inter-ivoiriennes de Marcoussis, à Paris.  Je suis alors rédacteur en chef de la chaîne de télévision sur satellite, TV Côte d’Ivoire international. Je reçois à l’antenne, toutes les sensibilités politiques. À la fin du conclave de Marcoussis-Klebert, je croise au hasard, dans les couloirs du Quai d’Orsay, Soro Guillaume, Hamed Bakayoko et Roger Banchi.

« Aïe, vous là, vous faites quoi ici? C’est ici que pour vous se passe? ». Puis Hamed Bakayoko me dit « Fernand, tu nous gènes… Nous voulons montrer que la liberté est confisquée au pays et tu nous donnes la parole ». Nous en rions, en bons ivoiriens. Aucun des trois n’accepte ce jour-là, de s’exprimer devant ma caméra…

Fernand Dédeh

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