Le professeur Francis Wodié est sorti de son silence après la décision portant liste définitive des candidats à la présidentielle ivoirienne. L’ancien président du Conseil constitutionnel questionne son successeur, Koné Mamadou, sur la légalité du code électoral. Dans son indignation, il dénonce « « un barbarisme juridique médiéval au service d’un groupement politique ». Déclaration.
« Ce lundi, ce fut avec une âme en détresse et une profonde affliction que j’ai assisté à un charcutage du droit constitutionnel sous nos tropiques.
Malgré mes nombreuses interpellations adressées aux membres du conseil constitutionnel sur le caractère foncièrement vicié du code électoral et la forme dolosive de cette Constitution, une grave forfaiture a été commise contre laquelle ma conscience ne peut demeurer pusillanime.
Sans entrer dans les méandres des décisions rendues par cette haute juridiction que j’ai présidée par le passé, j’invite le président Mamadou Koné à publier l’intégralité du texte relatif à la loi d’habilitation qui autoriserait le président de la République à modifier le code électoral par ordonnance. Toutes mes recherches à ce sujet se sont avérées infructueuses.
Cette démarche est essentielle pour statuer sur la légalité du processus électoral en cours ; lequel repose initialement sur cette grave anomalie législative. Si elle n’est pas réparée, nous courons le risque d’embarquer encore notre pays dans les abysses de la violence à cause de l’exclusion d’illustres adversaires politiques qui sont bien connus.
Le conseil constitutionnel doit jouer un rôle de régulateur harmonieux du jeu politique et non s’inscrire dans un barbarisme juridique médiéval au service d’un groupement politique. Une attitude déplorable qui déshonore nos institutions dans cette période hautement explosive. L’histoire risque d’établir certaines responsabilités lourdes de conséquences ».
Professeur Francis Wangah Wodié
Professeur agrégé de droit public et sciences politiques.
Ancien président du Conseil constitutionnel de 2011-2015
Fondateur du Parti Ivoirien du Travail (PIT)