Chris Yapi revient sur la validation de la candidature du président Alassane Ouattara par le Conseil Constitutionnel.

Le dimanche 13 septembre 2020, une session du Conseil Constitutionnel s’est tenue. Ce dernier a reçu de la CEI l’ensemble des dossiers de candidature pour décision. Et lors des travaux de cette juridiction suprême, des tensions sont nettement apparues entre les membres au sujet de la candidature d’Alassane Ouattara.

Sur les sept membres du Conseil Constitutionnel, trois étaient nettement contre la candidature d’Alassane Ouattara qu’ils jugeaient contraire à la Constitution.

Ces trois juges sont :

• Jacqueline Louhoues-Oble ;

• Koné Assata épouse Silué, enseignante chercheur, membre du panel des neuf experts qui ont été chargés de rédiger la nouvelle Constitution de 2016 ;

• Ali Touré, magistrat hors hiérarchie.

Jacqueline Louhoues-Oble est professeur agrégée de droit, doyenne honoraire de la Faculté de droit et réputée n’avoir pas peur d’exprimer ses opinions.

Mme Koné Assata épouse Silué a rappelé l’esprit et la lettre de la nouvelle Constitution dont elle était l’un des rédacteurs. Elle a précisé que celle-ci empêche bel et bien Alassane Ouattara d’être candidat pour un troisième mandat et que c’est l’avis unanime de tous les experts qui ont participé à la rédaction de cette nouvelle Loi fondamentale. Par conséquent, elle ne votera pas pour l’éligibilité du président sortant.

Ali Touré a été présenté comme un magistrat courageux par ses pairs. C’est lui qui a prononcé le non-lieu en faveur de Mme Simone Gbagbo lorsque l’État de Côte d’Ivoire a engagé des poursuites contre elle pour crimes contre l’humanité.

Les trois autres juges des fidèles du Président Ouattara qui estimaient qu’il était éligible contre vents et marées sont :

• Vincent Koua Diéhi,

• Me Mamadou Samassi

• Rosalie Kouamé Kindoh épouse Zalo.

Le président de cette instance, Koné Mamadou, craintif, hésitait, balançait. Lui qui pendant longtemps a été un dévoué collaborateur de Guillaume Soro, d’abord dans la rébellion et ensuite bombardé par le même Guillaume Soro, à divers postes de responsabilité, ne savait pas dans quel camp il devait pencher. Il ne voulait pas se dédire, vu les décisions antérieures prises en 2018, dans lesquelles il estimait que la nouvelle Constitution de 2016 ne faisait pas table rase de toutes les dispositions de la Loi fondamentale précédente, notamment en ce qui concerne les dispositions relatives à l’élection présidentielle. Réputé faiblard, il ne savait à quel saint se vouer. Mais, surtout, il était tétanisé par l’éventuelle réaction d’Alassane Ouattara, si ce dernier n’était pas déclaré éligible.

Soupçonnant que le président Koné Mamadou pourrait pencher du côté de ceux qui estimaient qu’Alassane Ouattara n’était pas éligible, Me Mamadou Samassi, la taupe au sein du Conseil Constitutionnel, envoya un SMS au Ministre Cissé Ibrahim Bacongo afin qu’il alerte le président de la République sur la situation au sein de cette juridiction. Il lui indiqua qu’il y avait péril en la demeure, car en cas d’élection, le Conseil Constitutionnel serait majoritairement favorable à un rejet de la candidature d’Alassane Ouattara.

Le SMS de Me Samassi à Cissé Ibrahim Bacongo a tout déclenché.

Sur ordre du Président Ouattara, un groupe de juristes factieux, composé de Cissé Ibrahim Bacongo, Sansan Kambilé, Mme Cissé Loma épouse Matto, Me Emmanuel Assi, s’est réuni d’urgence pour organiser la parade. Ils ont examiné secrètement l’ensemble des dossiers de candidature que Me Samassi Mamadou avait scanné et leur avait envoyé.

Ainsi, sans aucune légitimité, ils ont retenu ceux qui devaient être autorisés à compétir et ceux qui devaient être écartés, selon les instructions claires dictées par Alassane Ouattara en personne.

Ils ont ensuite rédigé la décision finale qui devrait être lue par le Conseil Constitutionnel au nom du peuple de Côte d’Ivoire, sans aucune modification.

Le lundi 14 septembre 2020 à 8 heures, sur ordre d’Alassane Ouattara, la sécurité présidentielle, le GSPR avec une unité de combat, s’est déportée à l’intérieur des locaux du Conseil Constitutionnel, où les membres devaient délibérer et rendre leur décision dans la matinée.

Dès que les conseillers sont arrivés, ils ont été l’objet, les uns après les autres, d’une séquestration qui ne disait pas son nom. C’est devant les membres médusés que la Présidence a fait rédiger un communiqué annonçant la publication de la liste définitive des candidats retenus pour l’élection présidentielle.

Le lundi 14 septembre 2020 à 8 heures, sur ordre d’Alassane Ouattara, la sécurité présidentielle, le GSPR avec une unité de combat, s’est déportée à l’intérieur des locaux du Conseil Constitutionnel, où les membres devaient délibérer et rendre leur décision dans la matinée.

Dès que les conseillers sont arrivés, ils ont été l’objet, les uns après les autres, d’une séquestration qui ne disait pas son nom. C’est devant les membres médusés que la Présidence a fait rédiger un communiqué annonçant la publication de la liste définitive des candidats retenus pour l’élection présidentielle.

Koné Mamadou a refusé de signer ce communiqué, vu que les délibérations n’avaient pas encore commencé et que le vote n’avait pas eu lieu. Le texte a donc été signé par le chargé de communication de cette institution.

Quand ils sont entrés dans la salle des délibérations, on leur a tendu le document rédigé par les juristes de la Présidence, qu’ils devaient valider. Les quelques membres intègres du Conseil Constitutionnel se sont offusqués de cette manière de les traiter.

Le président Ouattara, informé, a lui-même appelé Koné Mamadou, le président de cette instance, pour le menacer terriblement. Dans la foulée, il a menacé chacun des trois autres juges qui doutaient de la légalité de sa candidature.

Enfin, les membres du Conseil Constitutionnel ont été conduits dans une salle où ils devaient délibérer.

On leur a précisé qu’ils ne sortiraient pas de la salle tant qu’ils n’auraient pas trouvé un accord pour valider le texte que la Présidence leur avait envoyé. Ils ont discuté longuement et à la fin, ont décidé de sauver leurs têtes en se pliant au bon vouloir de la Présidence de la République.

Cependant, ils ont imposé que le document soit lu par Koné Mamadou. Et tous ceux qui ont regardé sa prestation à la télé, pouvaient voir qu’il lisait un texte qui lui avait été dicté, tant il n’arrivait pas à s’en détacher et gardait les yeux rivés obstinément sur son bout de papier.

Il était devenu un pantin entre les mains d’Alassane Ouattara et sa prestigieuse carrière de magistrat venait d’être définitivement enterrée avec sa prestation de ce lundi 14 septembre 2020. 

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