Yves Thréard, journaliste politique du Figaro, fait une analyse de la crise politique en Côte d’Ivoire et le rôle de la France.
Depuis quinze jours, la Côte d’Ivoire est à feu et à sang. L’armée reste loyale, mais combien de temps encore? Composée de 60 000 hommes pour une population de 25 millions d’individus, elle est traversée par des divisions de tous ordres.
Ouattara parti, rien ne prédit que ses opposants, qui font bloc contre lui pour le chasser, ne se déchirent pas après
L’ARMÉE RESTE LOYALE, MAIS COMBIEN DE TEMPS ENCORE?
Qu’à cela ne tienne, l’Union africaine a reconnu la légalité du vote. Les messages de soutien au président réélu affluent de tout le continent. À Paris, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, questionné à l’Assemblée nationale par un député communiste, a appelé
à «l’apaisement». Formule diplomatiquement correcte qui cache mal la profonde inquiétude de la France après cette parodie électorale. Emmanuel Macron, passé par la Côte d’Ivoire en décembre dernier pour arracher à Alassane Ouattara la promesse de sa mise en retrait, a été pris à contre-pied par son interlocuteur.
Que peut-il faire maintenant? Intervenir, comme Chirac en 2002, au début de la guerre civile, ou Sarkozy en 2010, pour installer… Ouattara au pouvoir ? La France dispose d’une base militaire de 900 hommes à Abidjan.
La carte de la médiation entre tous les acteurs de l’imbroglio ivoirien est pour l’heure privilégiée (Ouattara et Konan-Bédié se sont vus mercredi). Les accusations en ingérence ou en néocolonialisme ne sont jamais loin. L’ordre ou le chaos, aurait dit le général de Gaulle? C’est l’éternel dilemme en Afrique. Ouattara parti, rien ne prédit que ses opposants, qui font bloc contre lui pour le chasser, ne se déchirent pas après. Aucun d’eux n’est en mesure de s’imposer dans l’opinion.
Face à la chronique d’un possible désastre, l’Élysée a, bien sûr, en tête l’équilibre de l’Afrique de l’Ouest, déjà très précaire. Al-Qaida, l’organisation État islamique et leurs affidés respectifs multiplient les assauts au Sahel. Sans les 5 000 soldats français de la force «Barkhane» sur place, Burkina-Faso, Mali et Niger seraient peut-être déjà dans leurs mains.
À côté, le Nigeria est sous le feu des islamistes de Boko Haram: déjà 20.000 morts et 2 millions de personnes déplacées. Livrée à une nouvelle guerre civile, la Côte d’Ivoire deviendrait, ipso facto dans ce contexte, un terrain de conquête à la portée des djihadistes. La formation d’un grand califat, de Tripoli à Abidjan, n’est pas qu’une vue de l’esprit. On peut malheureusement en imaginer les conséquences tragiques pour les populations autochtones, mais aussi pour l’Occident, la France en tête…… LIRE LA SUITE SUR Figaro