Kyria Doukouré fait une analyse de l’arrivée sur la scène politique ivoirienne en 1989, du président Ouattara et des alliances.
Depuis son arrivée sur la scène politique ivoirienne en 1989, les hommes politiques ivoiriens se sont tour à tour servis de M. Ouattara tantôt par cupidité, tantôt par naïveté mais aucun d’entre eux ne peut objectivement dire qu’il ne savait pas la nature profondément mauvaise de l’individu.
GBAGBO PEUT-IL DIRE QU’IL NE SAVAIT PAS ? Quand ils sont arrivés à éliminer Djeni Kobinan pour s’emparer de son parti, Laurent Gbagbo et le FPI n’ont pas jugé utile d’arrêter leur collaboration avec ce parti présidé désormais par M. Ouattara. Leur idylle a continué parce qu’il fallait absolument bouter le PDCI du pouvoir. Mais comment pouvaient-ils penser que ce monsieur qui a affirmé en 1992 avoir vu Laurent Gbagbo casser les immeubles au Plateau avec un gourdin était attaché à la démocratie ?
Comment pouvaient-ils croire que cet homme qui a fait battre sauvagement Simone Gbagbo lors de la marche du 18 février 92 était attaché à la liberté d’association ? Comment pouvaient-ils penser qu’un tel individu se battait pour la démocratie après avoir été un premier ministre impitoyable, réfractaire à la discussion et au dialogue politique ?
Laurent Gbagbo savait mais il fallait faire tomber le PDCI qui régnait sur le pays depuis des années. La mission était noble mais un allié qui n’est pas démocrate ne peut pas servir la cause de la démocratie.Plus que tout autre Laurent Gbagbo connaissait la nature de l’homme mais au nom de calculs politiques, on l’a adoubé. Lui, apportant l’argent et les relations internationales et Gbagbo la mobilisation et le crédit nécessaire à la cause.
Aujourd’hui je soutiens fermement Gbagbo quant à son retour en Côte d’Ivoire parce que sa détention est arbitraire et injuste. Mais il savait…Je sais que les pro Gbagbo ne vont pas aimer cette partie du texte.
H.K BEDIE PEUT-IL DIRE QU’IL NE SAVAIT PAS ? Déjà en 1993, M. Ouattara tente de piétiner la constitution de notre pays pour s’accaparer le pouvoir. En vain ! Dès lors, l’homme ne cesse de menacer le pays de représailles. Les paroles prononcées sont encore là. Bédié peut-il dire qu’il ne savait pas que le coup d’état de 1999 est le fait de M. Ouattara ?
Pour avoir pratiqué l’individu au sein du parti, il savait pertinemment que l’homme accorde très peu d’importance à sa parole. Mais au nom de la haine envers Gbagbo que l’on a considéré comme celui qui avait humilié Houphouët, il s’est allié à un tel individu. Bédié aurait pu soutenir la légalité constitutionnelle mais il fallait absolument faire payer à Gbagbo son ‘’insolence’’. En fait, la bourgeoisie du PDCI a toujours considéré que le pouvoir lui est dû.
Par conséquent, voir un enfant de ‘’paysan’’ comme Gbagbo président de la république donnait des démangeaisons. On a combattu un homme dont le seul tort est d’avoir été opposant à Houphouët. On s’est réjoui de son malheur alors qu’il essayait de défendre le pays après l’attaque barbare de la rébellion de M. Ouattara. On savait pourtant que ce dernier s’était appuyé sur des pays limitrophes et que la rébellion était noyautée par des pouvoirs étrangers.
En 2010, on s’est contenté de dire qu’on nous a volé 600.000 voix sans indiquer le voleur. On a regardé faire les graves violations des droits de l’homme dans la partie nord du pays contre les partisans de Gbagbo. Pour nous, il fallait simplement le faire partir du pouvoir. Comment Bédié et le PDCI pouvaient-il penser qu’ils servaient la cause du pays en s’alliant à un tel individu ? L’alliance reposait sur du vide ; disons les choses concrètement.
On paye le prix de nos turpitudes. Aujourd’hui, le soutien que j’apporte au président Bédié est la conséquence de mon rejet de la politique de M. Ouattara qui entend faire disparaitre la nation ivoirienne. Rien d’autre ! Je sais que les militants du PDCI ne vont pas aimer cette partie du texte. Moi-même je n’aime pas !
K.G SORO PEUT-IL DIRE QU’IL NE SAVAIT PAS ?Toutes les fois que j’entends Soro vanter les mérites de la rébellion, j’en ai des boutons. Comment peut-il ne pas comprendre que la prise de pouvoir de M. Ouattara est la conséquence de la rébellion. Comment lui un homme nourrit aux idées de la gauche révolutionnaire a-t-il pu se laisser emballer par un homme de droite sans scrupule comme M. Ouattara ? Soro peut-il dire qu’en prenant les armes, il ne savait pas qu’il ne servait pas la cause de la démocratie et de la Côte d’Ivoire ?
Dès lors qu’il s’entrainait avec ses hommes dans les casernes militaires burkinabés, il aurait dû comprendre que la main qui donne est la main qui ordonne. Mais cet étudiant désargenté a regardé son intérêt personnel pour attaquer froidement ses propres frères ivoiriens afin de porter M. Ouattara au pouvoir. Et même si les parents du nord subissaient certaines injustices, comment a-t-il pu penser que M. Ouattara qui a instauré la carte de séjour et diligenté les premières descentes de police dans les mosquées pouvait être l’homme providentiel ?
On mesure la pertinence d’une rébellion à ses fruits. Quelles sont les retombées de la rébellion ivoirienne ? Si Gbagbo méritait une rébellion, alors M. Ouattara en mérite quatre tous les mois car Gbagbo est plus démocrate que cet individu. Soro Guillaume savait. Le soutien que je lui apporte aujourd’hui est nécessaire parce qu’il faut toujours combattre l’injustice, peu importe celui qui la subit.Je sais que les partisans de Soro ne vont pas aimer cette partie du texte.
ANAKY, MABRI, GNAMIEN KONAN ET LES AUTRES: Qui parmi tous ces gens peut-il prétendre qu’il ne savait pas ? Anaky défendait quelle cause en s’associant dans une prétendue alliance d’Houphouetiste lui qui toujours combattu Houphouët ? Il en voulait juste à son ex camarade Gbagbo.
Toute la classe politique ivoirienne connait la nature profondément mauvaise de M. Ouattara. Qu’est-ce que Gnamien Konan pouvait reprocher à Gbagbo lui qui a été recruté sur appel d’offres sans que Gbagbo ne le connaisse ? Tous ces jeunes comme Hamed Bakayoko qui défendent Ouattara actuellement viendront nous dire demain qu’ils ne savaient pas. C’est valable pour KKB et bien d’autres avant lui. Et pourtant, ils savent.
NOUS TOUS, NOUS SAVIONS Ce texte est une autocritique pour faire comprendre que le combat que nous menons aujourd’hui n’est pas pour ces personnes. Nous voulons voir émerger une nouvelle catégorie d’hommes politiques qui met l’intérêt supérieur de la nation au-dessus de toutes considérations politiques. Nous avons tous aidé Ouattara d’une manière ou d’une autre. D’une manière ou d’un autre, il nous fait payer nos turpitudes.
Jeune de Côte d’Ivoire, tu dois ouvertement combattre le troisième mandat de M. Ouattara mais d’abord pour toi-même parce que tu mérites de vivre dans un pays démocratique ou ton militantisme ne te vaut pas un emprisonnement ou l’exil. Laisser Ouattara encore au pouvoir, c’est prendre le risque de voir le pays disparaitre.
Voici le sens de mon engagement. Je me lève pour une cause et non pour individu. M. Ouattara doit partir et avec lui, le système qui a favorisé son arrivée au pouvoir. Si tu penses qu’un leader actuel ne sait pas, il faut citer son nom et je vais te prouver le contraire.