Dans l’attente des conclusions des audits initiés par le président de la République dans le cadre de l’opération mains propres, les Ivoiriens ne manquent pas d’exprimer leur impatience et comme réponse à ces préoccupations du peuple ivoirien, Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement demande au peuple de passer son chemin.
Alors que les Ivoiriens attendent de lui qu’il donne une suite aux allégations présumées de détournements de deniers publics qui ont entraîné le débarquement de plusieurs directeurs généraux d’entreprises publics, le gouvernement, par la voix de son porte-parole, Amadou Coulibaly, a cru bon de répondre par le mépris.
Un audit est un instrument de gouvernance. Ce n’est pas fait pour alimenter les débats dans les ménages »
Interrogé sur le résultant des audits enclenchés dans le cadre de l’opération mains propres qui semble avancer à pas de torture, le porte-parole du gouvernement a réduit le droit du peuple à réclamer de la transparence et la clarté dans la gestion publique de simples « débats de ménages », en affirmant, qu’un « audit est un instrument de gouvernance. Ce n’est pas fait pour alimenter les débats dans les ménages ».
Non seulement cela est méprisant, venant du porte-parole du gouvernement censé être celui du peuple par le peuple et pour le peuple, mais pis, il relève la méconnaissance des obligations des gouvernants vis-à-vis des gouvernés. Le ministre de la Communication qui, certainement se voyait dans sa tenue de cadre du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), a croyait sans doute répondre à l’opposition. Et pourtant, il s’est bien trompé. La lucarne du moment commandait qu’il dissipe les inquiétudes des Ivoiriens qui commencent à voir l’opération mains propres comme de la poudre aux yeux.
En tant que membre et porte-parole du gouvernement, il était dans une tribune républicaine, à la sortie de conseil des ministres. Ce fait lui impose d’apporter des réponses aux préoccupations du contribuable sur les questions de bonne gouvernance non pas pour lancer des flèches à l’opposition qui en plus a le droit de réclamer que la lumière soit faite sur ces présomptions de détournements. En outre, la boutade du cadre du parti présidentiel montre sa méconnaissance de la gestion des affaires publiques et des fondements de la République.
Les inquiétudes des Ivoiriens qui commencent à voir l’opération mains propres comme de la poudre aux yeux
L’audit comme il le dit, est un instrument de gouvernance et cette gouvernance est orientée vers le peuple qui donne sa caution à une personne physique pour incarner la personne morale qu’est l’Etat. L’on ne saurait donc mettre les ménages sur la touche concernant les questions qui concernent la gestion publique. A entendre le porte-parole du gouvernement, il y aurait dans un monde les ménages et les gouvernants dans un autre. Ainsi, les premiers ne devraient avoir aucun regard sur la gestion des gouvernants.
Ils devraient plutôt se contenter d’élire les dirigeants, payer les impôts et laisser faire sans broncher. Non, le gouvernement n’est pas une bulle fermée et recluse sur elle-même qui agit pour son propre compte. Le gouvernement, dans un Etat normal, est l’émanation du peuple vis-à-vis de qui il a un devoir de redevabilité au niveau de la transparence dans sa gestion des affaires publiques et de l’information.
Surtout quand il s’agit de soupçon de détournement de deniers publics. Ce que le ministre de la Communication d’Alassane Ouattara semble ignorer, c’est certainement que le pays fonctionne avec l’argent de ces ménages qu’il méprise, collecté sous forme d’impôt et autres contributions.
Ces derniers sont bel et bien en droit de demander que l’on leur dise la vérité sur cette opération de moralisation de la vie publique initiée par le président Ouattara. Encore que cette opération supposée assainir la vie publique a été annoncé à ces mêmes ménages à coups de fanfare et de trompettes. Alors, pourquoi vouloir gérer la suite en fond sonore voire en catimini ?
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